Space Copenhagen renoue avec l'esprit de Børge Mogensen

Avec la collection « Spine », le studio Space Copenhagen renoue avec l’esprit de Børge Mogensen, discret emblème du design danois au sein de la maison Fredericia. Amateurs de sensationnalisme, s’abstenir.

C’est à la fin des années 40 que l’éditeur Fredericia – du nom de la ville du sud du Danemark où il est implanté depuis 1911 – découvre Børge Mogensen (1914-1972). Ancien ébéniste, ce designer a été appelé par le gouvernement, aux côtés d’un certain Hans Wegner, pour concevoir un programme de meubles fonctionnels et accessibles dans le cadre de la reconstruction du pays. L’objectif est de taille : refonder les codes du mobilier danois !

La « Spanish Chair » (1958) marque chez Børge Mogensen le début d’un travail centré sur l’association du chêne et du cuir.
La « Spanish Chair » (1958) marque chez Børge Mogensen le début d’un travail centré sur l’association du chêne et du cuir. Wikimedia

Dix ans plus tard, Børge Mogensen devient le créateur attitré de Fredericia pour qui il signe d’abord le canapé trois places N° 1, avec ses coussins amovibles, une pièce ultra-contemporaine rééditée par la marque depuis deux ans. Préoccupé par l’ergonomie et marqué par l’esthétique sobre des shakers américains, Mogensen enchaîne ensuite les croquis dans le studio de design interne de Fredericia, jusqu’à sa mort en 1972 : Spanish Chair, Dining Series, 2213 Sofa… Grâce à une grande qualité de production et de matériaux, la longévité des créations de Mogensen chez le fabricant danois n’est plus à prouver, un tour dans une galerie de design scandinave suffit.

Issu de la collection « Spine », le design discret du siège « Petit » gagne en générosité grâce à des matériaux chaleureux comme le velours.
Issu de la collection « Spine », le design discret du siège « Petit » gagne en générosité grâce à des matériaux chaleureux comme le velours. Space Copenhaguen

C’est avec cet héritage en poche que l’entreprise a récemment demandé à un duo de designers en vogue, Space Copenhagen, décorateurs notamment du fameux restaurant Noma, de dessiner une nouvelle collection. Résultat : « Spine » (« colonne vertébrale », en anglais), une gamme d’assises en chêne, recouvertes de cuir ou de tissu, dont les mots-clés sont « la robustesse, la pureté et une singulière mélancolie », selon les termes employés par les designers.

La banquette « Daybed » revisite avec modernité le savoir-faire en tapisserie d’ameublement qui a fait la renommée de Fredericia.
La banquette « Daybed » revisite avec modernité le savoir-faire en tapisserie d’ameublement qui a fait la renommée de Fredericia. Space Copenhaguen

Un succès, puisque cet hiver la collection « Spine » s’agrandit avec le lancement du siège Petit et de la banquette Daybed, élégante et décorative, idéale pour structurer l’espace sans en avoir l’air. L’esprit d’un autre maître du fonctionnalisme, Mies van der Rohe, plane. « Nous espérons avoir conçu quelque chose de pérenne qui permette à l’utilisateur de créer un lien avec l’objet », précise Peter, membre du duo. Un investissement sur le long terme qui a un coût, à quatre chiffres bien sûr.