Londres, une métropole en pleine mutation

À l’est toute ? Si Londres poursuit son extension du côté du soleil levant, d’autres quartiers renaissent : King's Cross, sur 270 000 m2, Kensington, avec le Design Museum, sans compter l’ancien site des J.O. ou la nouvelle skyline du centre. Swinging London ?

Toujours plus à l’est
Tous les chantiers de Londres ne ressemblent pas à celui-ci. En plein centre, la ville aux tracés médiévaux pousse désormais à la verticale, offrant une skyline digne de Shanghai ou de Hong Kong. Pour se moquer, les Londoniens ont donné des surnoms à ces tours : le « Cornichon » pour celle de Norman Foster, la « Râpe à fromage » pour celle de Richard Rogers, le « Talkie-Walkie » de Rafael Viñoly, ou encore l’« Apogée » commencée par le cabinet Kohn Pedersen Fox et reprise par PLP Architects… À leur pied, la lumière peine à passer. Il y fait sombre un jour de pluie, évoquant des ambiances de Dickens lorsque Londres se drapait de fog et du noir de la pollution. Là, les prix au mètre carré s’envolent. Sans surprise, les voisins en pâtissent. Le quartier branché de Shoreditch s’embourgeoise. Encore underground à la fin des années 90, quand les Young British Artists (YBA) y avaient leurs habitudes, le quartier devient mainstream avec ses enseignes de mode internationales. Ce n’est pas un hasard, d’ailleurs, si Ikea y a lancé un restaurant éphémère en septembre dernier. Rebutés par le prix des logements, les jeunes artistes continuent d’aller toujours plus à l’est, déplaçant les frontières géographiques de la ville. Le récent overground (métro aérien) y est aussi pour beaucoup.

Dans l’est de Londres, Shoreditch, le quartier branché encore underground à la fin des nineties, s’embourgeoise à son tour. Résultat, les artistes qui l’habitaient migrent à leur tour toujours plus vers l’est.
Dans l’est de Londres, Shoreditch, le quartier branché encore underground à la fin des nineties, s’embourgeoise à son tour. Résultat, les artistes qui l’habitaient migrent à leur tour toujours plus vers l’est. Stevens Frémont

Le quartier de Bethnal Green est, lui, en plein boom. Des galeries, dont la célèbre Maureen Paley, y ont posé leurs cimaises. Le Victoria & Albert Museum (V&A) l’avait-il pressenti quand il a rouvert son musée de l’Enfance en 2006 ? « Ce musée compte plus de visiteurs par mètre carré que notre bâtiment de South Kensington qui couvre des kilomètres de galeries ! » s’amuse Catherine Ince, commissaire d’exposition au V&A East. Poussé par le vent de l’est, le musée inaugurera une extension d’ici à 2020 ou 2021 dans l’ancien parc des Jeux olympiques. « C’est une façon pour le V&A de s’inscrire dans ce palimpseste, reprend Catherine Ince. J’ai moi-même grandi à l’est où il n’y avait pas un seul musée mais une très forte densité de population. Le V&A touchera un public qui ne traverse pas Londres pour une exposition parce que c’est trop loin ou trop cher. » Le musée sera rejoint par le Sadler’s Wells, le London College of Fashion et la University College of London qui dessineront ensemble un nouveau hub artistique. En attendant, l’ancien parc olympique offre les frissons d’une descente de tobog­gan de 178 mètres de long. Signé par l’artiste Carsten Höller, il s’enroule autour de la sculpture monumentale d’Anish Kapoor créée pour les Jeux olympiques en 2012. Une sacrée reconversion.

Dans la cour du Victoria & Albert Museum, du printemps à l’automne derniers, le designer et architecte de Stuttgart Achim Menges exposait « Elytra Filament Pavilion », une structure réalisée par un robot imitant la structure d’un aileron de coléoptère.
Dans la cour du Victoria & Albert Museum, du printemps à l’automne derniers, le designer et architecte de Stuttgart Achim Menges exposait « Elytra Filament Pavilion », une structure réalisée par un robot imitant la structure d’un aileron de coléoptère. Stevens Frémont

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