Zoom sur le quartier Mission à San Francisco

Le plus ancien quartier de The City by the Bay est resté fidèle à ses origines espagnoles. Pittoresque sans être touristique, animé sans être encore branché, il jouit même d’un microclimat qui le préserve des fameux brouillards de la ville.

Y aller

  • XL Airways propose 2 vols par semaine au départ de Paris-CDG à partir de 548 € A/R. Xl.com
  • Par Air France départ de Paris tous les jours à partir de 689 € A/R. Pour ce vol long, la classe Premium Economy est un bon compromis. Airfrance.fr
  • Une fois sur place, pour vous rendre à Mission, le plus simple est de prendre le bus SFMTA qui traverse toute la ville du Nord au Sud. Sfmta.com

Si la gentrification de San Francisco semble depuis quelques mois atteindre son apogée, parcourir les rues de Mission donne une idée du passé mythique, tolérant et créatif de la cité californienne. Bien sûr, barbiers et épiceries biologiques fleurissent entre les taxiphones et les supérettes, et certaines allées couvertes de street-art sont démolies au profit de maisons cossues… Et c’est justement pour cela qu’il est urgent d’aller prendre le pouls de ce quartier qui fait le grand écart entre rues décaties, repaires de SDF armés de leurs éternels chariots et embourgeoisement accéléré, entre passé et futur. Le plus ancien quartier de « Frisco » doit son nom à la première mission espagnole de Californie, fondée à la fin du XVIIIe siècle. Un passé auquel se réfèrent les peintures murales visibles dans des rues comme Cypress, Balmy et Clarion Alley : d’immenses fresques colorées qui rendent hommage aux luttes d’Amérique du Sud, aux communautés expulsées de la ville ou aux transgenres. Ici, les activistes s’épanchent dans des œuvres tantôt émouvantes tantôt joyeuses, mais toujours colorées. Grâce à elles, l’art a contaminé le quartier à travers des galeries aux propos très divers, comme la Galería de la Raza développée par et pour la communauté latino, Creativity Explored qui soutient les artistes porteurs de handicap ou Ratio 3 qui offre de belles possibilités d’exposition aux artistes émergents en participant à des foires internationales.

« Nous pouvons toujours nous aimer même si nous sommes en désaccord, à moins que votre désaccord soit fondé sur mon oppression et sur le refus de respecter mon humanité et mon droit d’exister » : l’engagement de la Galería de la Raza s’affiche dès sa façade extérieure, sur Bryant Street, avec une œuvre digitale signée Robert Jones.
« Nous pouvons toujours nous aimer même si nous sommes en désaccord, à moins que votre désaccord soit fondé sur mon oppression et sur le refus de respecter mon humanité et mon droit d’exister » : l’engagement de la Galería de la Raza s’affiche dès sa façade extérieure, sur Bryant Street, avec une œuvre digitale signée Robert Jones. Antoine Lorgnier

Entre histoire agitée et paix retrouvée
Le quartier est resté hispanique dans son ensemble avec ses taquerías et la langue espagnole dont on entend des bribes en débouchant de la station de métro 16th St. Mission et en arpentant Van Ness Avenue, Dolores ou Valencia Street. Mais, pour retrouver le Mission originel et s’imprégner en douceur de l’âme de la ville, il faut emprunter Dolores Street jusqu’à la 17e. C’est alors un visage cossu, fleuri et plus calme qui s’offre au visiteur. Chaque maison victorienne attire l’œil, délicatement protégée par des arbres en fleur. Quant à la curiosité la plus emblématique du coin, il s’agit de la mission Dolores, une mission franciscaine fondée en 1776 et le plus vieux bâtiment de la ville. Il fut en effet l’un des seuls à résister au tremblement de terre de 1906.

Bi-Rite Creamery, dans le quartier de Mission, à San Francisco.
Bi-Rite Creamery, dans le quartier de Mission, à San Francisco. Antoine Lorgnier

Après une génuflexion à l’église, on peut poursuivre jusqu’à Mission Dolores Park, un vaste espace vert ombragé sur les pentes duquel il fait bon pique-niquer, se livrer à quelques étirement de yoga, lire les feuilletonesques Chroniques de San Francisco, d’Armistead Maupin, ou Visions de Cody, que Jack Kerouac écrivit ici entre 1951 et 1952. Mais on y vient aussi pour contempler la ville, la skyline au loin et, toutes proches, les maisons colorées typiques qui encadrent le parc. Puis retour vers la civilisation par la 18e Rue en s’arrêtant chez Bi-Rite Creamery, le meilleur glacier de la ville pour certains – et devant lequel la queue peut se prolonger sur un ou deux blocs le week-end ! –, et pousser jusqu’à Dearborn Street, une charmante ruelle bordée de fleurs sauvages. Ici, un jardin communautaire a remplacé un parking de l’ancienne usine Pepsi, les Chevrolet ont avantageusement cédé leur place aux rosiers grimpants et aux fruits et légumes plantés par les 40 familles qui gèrent ce bout de nature au cœur de la ville.

Needles and Pens, San Francisco.
Needles and Pens, San Francisco. Antoine Lorgnier

Le carrefour de toutes les Amériques
Une ville qui vit aussi au rythme des hispters ayant investi le quartier, qui vont se faire tailler la barbe chez Fellow Barber, un vieux barbier avec d’immenses miroirs et des meubles en bois sur Valencia Street, parallèle à Mission Street. Avec cette dernière, Valencia est l’artère la plus commerçante et aligne les concept-stores (comme Needles and Pens, à la fois papeterie et galerie d’art), les innombrables boutiques de vêtements (dont Le Point, une très chic boutique qui distribue notamment Opening Ceremony) et les bars. Deux larges rues dans l’esprit de celles de Las Vegas, très longues, hérissées de néons clignotants, où le too much côtoie la misère. Elles alternent cantines mexicaines, où les tacos dégoulinant de sauce pimentée font le miel de la communauté latino, et bars branchés où se pressent les yuppies du quartier qui rentrent chaque soir de Union Square, le quartier des affaires. Leur meilleure adresse, c’est El Techo, un incroyable rooftop de Mission Street où les cocktails coulent à flots à la tombée du jour, lorsque le soleil glisse entre les buildings du centre. Sans doute le meilleur moyen de clore une journée dans ce quartier cosmopolite, l’un des derniers endroits où toutes les Amériques se rencontrent encore : l’activiste, la prospère, la laborieuse, la latino, la noire, la ­misérable et la WASP… Toutes celles qui ont fait la richesse de ce pays.

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