Martin Szekely s'expose au MADD de Bordeaux

Qu'est-ce qui irrigue l’œuvre du designer français Martin Szekely ? L’expérimentation ? Un défi structurel porté à son extrême limite ? Tout cela et bien d’autres choses, comme le dévoile l’exposition que lui consacre, jusqu’au 16 septembre, le MADD de Bordeaux.

Martin Szekely a beau être l’un des designers français les plus influents de ces trente dernières années, il demeure méconnu du grand public. Et pourtant, à l’instar du stylo BIC de Marcel Bich (1950) ou du tabouret Tam Tam d’Henry Massonnet (1968), le verre qu’il a dessiné pour Perrier en 1996 est devenu si populaire qu’il appartient désormais aux icônes du design industriel. En dépit de son caractère emblématique, l’objet n’a pas été retenu dans l’exposition qui consacre le designer en ce moment au musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux. Et pour cause. La quarantaine de pièces choisies se distancie des contraintes de la commande industrielle pour embrasser d’autres territoires où seule compte l’expérimentation et la volonté de faire avancer le design.

Table « Map », édition limitée en aluminium anodisé (2013).
Table « Map », édition limitée en aluminium anodisé (2013). Fabrice Gousset

« Le monde est ainsi fait qu’un résultat scientifique, vu comme une espèce de certitude au moment de son avènement, est relégué quelques années plus tard, et ainsi de suite. Il en va de même dans mon travail ; c’est une quête non pas vaine mais sans fin », concède l’intéressé. Le corpus de réalisations sélectionnées suit cette recherche obstinée et couvre un intervalle temporel de presque quarante ans qui débute avec la Chaise [Cornette] (1981) pour se conclure avec des inédits (The Drawers and I, présenté pour la première fois au public).

Etagères « Construction », en bambou et laiton (2016).
Etagères « Construction », en bambou et laiton (2016). Fabrice Gousset

Dans cette monographie, la thématique de la construction fait office de fil conducteur. Il y a chez le créateur de la chaise longue Pi (1983) le désir de porter cette problématique dans son dénouement le plus ultime, comme le fait paraître Constance Rubini, la directrice du musée. « Éliminer le superflu pour ne garder que ce qui est strictement nécessaire à l’objet et à sa fonction, Martin Szekely le fait, mais jusqu’à son extrême limite, explique-t-elle. Devant l’une de ses étagères, on peut avoir la sensation qu’elle va se briser, mais ce n’est qu’une impression. Il n’y a pas de confort visuel. Chez lui, l’économie vise à l’essentiel, il magnifie l’idée archétypale de ce que seraient une table, une chaise ou une bibliothèque. » Artefacts de la simplicité, simulacres de la vulnérabilité…

Ensemble d’étagères « Manière Noire », édition limitée en fibre de carbone (2013).
Ensemble d’étagères « Manière Noire », édition limitée en fibre de carbone (2013). Fabrice Gousset

« Construction. Une exposition du designer Martin Szekely ». Au musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux, jusqu’au 16 septembre. Madd-bordeaux.fr