Tom Dixon reconvertit les paysages industriels

Ege fabrique des moquettes depuis huit décennies. Essentiellement tournée vers le contract, la marque danoise innove notamment par ses collaborations avec des créateurs. Cette année, avec la collection « Industrial Landscape », Tom Dixon décline au sol sa vision très personnelle de Londres. Rencontre avec le designer.

Londres a-t-il toujours pour vous cette personnalité unique, source d’inspiration ?
Je me suis inspiré du Londres rouillé, pas glamour. Cette collection est pour moi l’occasion d’un retour à l’idée de convertir des matériaux bruts en or. En effet, depuis deux ans et demi, les collections d’Ege sont réalisées en filets de pêche et bouteilles en plastique recyclés.

Ce Londres industrieux existe-t-il encore ?
Non, ce Londres que j’ai découvert à 12 ans, lorsque je suis arrivé de Tunisie, a disparu. C’est celui de ma mémoire, qui se dévoile encore parfois depuis les fenêtres des trains. Mais je voulais aussi revenir à l’époque des années 70, où les gens prenaient des risques avec des motifs extraordinaires, ce que justement Ege m’a offert. ­Aujourd’hui, les gens sont, hélas, plus conservateurs…

Vous avez imaginé une déclinaison en sept thèmes. Quels sont-ils ?
Il s’agit de motifs et de textures issus des processus de construction et d’érosion. Tide reprend les effets de la marée ; Brick offre une vision abstraite des briques londoniennes ; Crack s’inspire des craquelures des pavés et du béton ; Smoke recrée les volutes du célèbre smog ; Blur retranscrit les marques des infrastructures vues du ciel ; Track reproduit les rails des chemins de fer ; enfin, Wash est un jeu d’eau, très présente dans la ville.

Parmi les sept différentes déclinaisons de la nouvelle collection « Industrial Landscape » d’Ege, le modèle « Blur » retranscrit les tracés des infrastructures vues du ciel.
Parmi les sept différentes déclinaisons de la nouvelle collection « Industrial Landscape » d’Ege, le modèle « Blur » retranscrit les tracés des infrastructures vues du ciel. DR

Pourquoi cet intérêt pour la moquette ?
Depuis que je dessine des hôtels, restaurants et autres lieux publics, je me suis rendu compte que la moquette adoucit les intérieurs, apporte de la chaleur et réduit le niveau sonore. C’est cet aspect que j’ai voulu explorer.

Inspirés d’une réalité forte, vos dessins sont néanmoins très abstraits. Pourquoi ?
Ege propose, surtout pour le contract, des moquettes composées de carreaux à assembler. Cela implique de pouvoir s’adapter, de permettre le remplacement d’une partie sans tout arracher. Mes motifs devaient donc être à la lisière de l’abstraction et de la figuration. Ils ont été imaginés pour être combinables dans n’importe quel sens, afin d’offrir aussi plusieurs niveaux de lecture.

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