INTERVIEW : Les vacances selon Philippe Starck

Venise, le cap Ferret, Formentera… Philippe Starck est un nomade des bords de mer. Sous un regard iconoclaste sur le monde tel qu’il va, le designer star pointe la tendresse pour son île de cœur, Formentera, dont il révèle les secrets cachés…

Une ville dont vous ne vous lasserez jamais…
Venise, car elle est toujours inondée. Et puis, sous l’eau réside cette vase identique à la soupe primordiale dont a été issue la vie et dont sera encore issu l’avenir.

Un pays cher à votre cœur ?
Ma patrie, l’Europe, dont je suis français d’origine.

Où sont vos racines ?
En France, évidemment, mais elles se sont étendues à l’Europe, au monde et, surtout, elles ont fleuri dans les airs. Mais finalement il n’y a que la boue qui m’intéresse.

Le pays que vous rêveriez de faire connaître à vos proches ?
N’importe lequel. Ce n’est pas le pays qui est important, c’est ce que vous allez en faire. L’important est d’y être seul, perdu, sans repère, et de se reconstruire grâce aux éléments nouveaux que l’on va petit à petit découvrir dans ce nouvel univers.

Votre dernière émotion artistique ?
Perfume Genius (nom de scène de l’auteur, compositeur et interprète américain Mike Hadreas, NDLR) exprime la souffrance des gens qui ne vivent pas dans leur genre, souffrance due au regard de la société. La médecine reconnaît aujourd’hui vingt-deux versions des sexes. La société n’en reconnaît que deux. Les vingt autres en souffrent chaque minute.

Votre hôtel préféré au bout du monde ?
Le Post Ranch Inn à Big Sur. C’est la version américaine, et donc lointaine, de La Co(o)rniche du Pyla. Si La Co(o)rniche est sur une dune, le Post Ranch Inn est un trou dans une falaise, battue par les embruns, les vents glacés de la Californie du nord où l’on peut sombrer dans la contemplation des différents gris de la mer et des baleines.

Et au cœur du monde ?
La Co(o)rniche sur la dune du Pyla. Je n’ai dessiné ni la dune, ni les vagues, ni le soleil couchant.

Où partez-vous vous ressourcer ?
Lors d’une sieste de quarante-cinq minutes, tous les jours, avec ma femme.

La ville la plus passionnante du moment ?
On ne la connaît pas, sans cela j’y serais peut-être déjà installé.

Quelles sont vos habitudes de voyage ?
Le plus court possible, dans les meilleures conditions possible, extrêmement organisé, léger, et jamais de tourisme.

Comment investissez-vous vos chambres d’hôtel ?
En mettant de la musique, en enlevant tous les catalogues, journaux, sous-mains, cendriers, amenities inutiles, avant d’y dormir le plus possible. Tout ranger, ne laisser aucune trace et partir.

Qu’emportez-vous systématiquement en voyage ?
Ma femme.

Votre plage fétiche ?
Quelques trous d’eau dans l’île aux Oiseaux (bassin d’Arcachon, NDLR) et quelques autres trous d’eau au fond de la baie de Venise.

À quoi ressemblent vos vacances idéales ?
Un jour de vacances pour moi est strictement le même que tous les autres jours : je dessine toute la journée, mais avec le bonheur de dessiner alors que les autres ne le font pas.

Vos dernières vacances ?
La créativité n’étant pas un travail mais une maladie, je ne prends pas de vacances. J’ai parfois des convalescences.

Quelle destination vous a le plus déçu ?

Suite de l’interview à lire dans le numéro 123  d’IDEAT, actuellement en kiosques…

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