Le confort moderne par Ilse Crawford

Pour son édition de septembre, le salon Maison & Objet a nommé l’architecte d’intérieur et designer Ilse Crawford créatrice de l’année. Portrait de cette Britannique probablement devenue depuis quelques années l’une des meilleures créatrices de lieux avec supplément d’âme… au monde !

C’est également cette notion de durabilité qui caractérise le stand qu’elle a dessiné pour Maison & Objet. « Ilse Crawford est très sensible au recyclage. Elle a donc conçu le stand du “Designers’ Studio” dans l’optique de réutiliser ses structures. Elle les a dessinées afin qu’elles soient aisément démontables et stockables », décrit Philippe Brocart, directeur du salon. Tout ce qui touche à l’humain et aux usages est au cœur de la philosophie d’Ilse Crawford… Une philosophie qu’elle applique dans son studio créatif de Bermondsey, dans l’ouest londonien, et qui passe par une attention constante aux détails. « J’ai par exemple dessiné des tables ovales, idéales pour favoriser les discussions et les échanges, pour privilégier l’interaction », détaille la créatrice.

L’aménagement intérieur du restaurant Matbaren au Grand Hôtel de Stockholm.
L’aménagement intérieur du restaurant Matbaren au Grand Hôtel de Stockholm. Lisa Cohen

Après les hôtels, restaurants, lounges de compagnies aériennes, boutiques et intérieurs, Ilse Crawford décline l’hospitalité dans le tertiaire. Elle vient de mettre la dernière main à 9 000 m2 de bureaux à Boston. « J’ai choisi une entreprise familiale épargnée par les scandales, car je veux que la philosophie que j’imprime dans les lieux soit conforme à l’ADN de l’entreprise. Dans le lobby, nous avons installé un café, un lieu hospitalier où il est même possible d’organiser des fêtes. Dans les bureaux, j’ai travaillé sur des espaces confortables, chaleureux, mais pas “cool” pour autant : sans aucun doute on y est au travail. J’ai bien conscience que la frontière est subtile, mais je sais exactement où m’arrêter. J’ai horreur de cette mode artificielle du baby-foot dans les bureaux. La plupart du temps, ce n’est que de la poudre aux yeux », dénonce-t-elle. Pour Ilse Crawford, un bureau n’est pas un lieu où l’on est censé passer toute sa vie, mais travailler dans de bonnes conditions. Pour imprimer cet esprit, elle collabore avec des anthropologues et souhaite développer des connexions avec des psychologues et d’autres métiers connexes au design. « Dans le hall 8 du parc des expositions de Villepinte, elle a conçu un lieu qui s’inscrit dans cet esprit transgenre, à la frontière entre le lounge et l’espace de networking pour travailler, recharger son téléphone, se retrouver, boire un verre, se reposer, échanger… Un lieu pensé pour les architectes d’intérieur et designers, les professionnels, qui se veut aussi “inspirationnel”… »,  avance Philippe Brocart.

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