L'île Seguin entre en Seine

Vingt-cinq ans après la fermeture de l'usine Renault qui en occupait la quasi-totalité, le site vient de franchir une étape clé de sa transformation. En avril, les premières notes ont résonné à La Seine musicale, dans un bâtiment monumental signé Shigeru Ban et Jean de Gastines.

Drôle d’ovni que celui qui vient de se poser sur la pointe aval de l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt (92). Inaugurée le 22 avril, La Seine musicale met un point final à l’histoire mouvementée qu’a connue cet ancien fleuron de l’industrie automobile. En 2005, après avoir projeté d’y installer sa fondation dans un bâtiment signé Tadao Ando, François Pinault claquait violemment la porte des Hauts-de-Seine, préférant déménager ses collections à Venise.

Le bâtiment de La Seine Musicale signé Shigeru Ban et Jean de Gastines.
Le bâtiment de La Seine Musicale signé Shigeru Ban et Jean de Gastines. Laurent Blossier

Douze ans plus tard, un autre architecte japonais, Shigeru Ban, et son associé français Jean de Gastines ont relevé le défi. En France, le tandem avait déjà réalisé le Centre Pompidou-Metz en 2010. À Boulogne-Billancourt, il a vu les choses en grand pour ressusciter ce site incroyable, autrefois occupé par une usine Renault, fermée en 1992 avant d’être détruite : une surface de 36 500 m2, 170 millions d’euros de budget…

Le quartier du pont de Sèvres et la Seine, le site de la future gare du Pont de Sèvres du Grand Paris Express GPE ligne 15, l’île Seguin avec la Seine Musicale et les immeubles de bureaux Citylights rénovés par Dominique Perrault en 2015.
Le quartier du pont de Sèvres et la Seine, le site de la future gare du Pont de Sèvres du Grand Paris Express GPE ligne 15, l’île Seguin avec la Seine Musicale et les immeubles de bureaux Citylights rénovés par Dominique Perrault en 2015. Ph.Guignard/air-images.net

Aujourd’hui, l’île Seguin possède enfin l’équipement culturel ambitieux qu’elle attendait. Long de 340 mètres, le paquebot de béton abrite la Grande Seine, salle de concert consacrée à la musique amplifiée (4 000 places assises ou 6 000 debout). Dans un volume ovoïde en bois et en verre échoué sur ce socle, l’Auditorium est réservé à la musique classique (1 150 places organisées en vignoble). Pour protéger cet œuf transparent aux motifs hexagonaux d’une lumière trop vive, une voile métallique glisse sur des rails, suivant la course du soleil.

L’Auditorium de La Seine musicale, d’une capacité de 1 150 places assises, est réservé à la musique classique – la programmation de la Grande Seine, salle de concert amplifiée de 4 000 places assises, est quant à elle plus éclectique.
L’Auditorium de La Seine musicale, d’une capacité de 1 150 places assises, est réservé à la musique classique – la programmation de la Grande Seine, salle de concert amplifiée de 4 000 places assises, est quant à elle plus éclectique. Nicolas Grosmond

La veille de l’inauguration, Bob Dylan, Prix Nobel de littérature 2016, s’y est produit en invité de prestige. Le lendemain, The Avener donnait le ton dans la grande salle. Et dans le programme de rentrée, West Side Story côtoie Alvin Ailey et la Callas… Bref, l’éclectisme est au programme de cette Seine musicale, qui, plus qu’un bâtiment, est pensée comme un véritable morceau de ville avec sa vaste terrasse et sa toiture-jardin en proue sur la Seine. Son architecture un peu lourde à digérer le jour prend, de nuit, une tout autre dimension, glanant dans les reflets du fleuve une légèreté onirique bienvenue.

La Seine musicale. Île Seguin, 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. : 01 74 34 53 54. www.laseinemusicale.com