Top décorateurs 2018 : Alexandre Danan, l'esthète discret

Deuxième volet de notre dossier consacré aux décorateurs et architectes d'intérieur qui vont marquer 2018 avec Alexandre Danan. Diplômé de Camondo, il met sa connaissance de l’histoire de l’art et de l’architecture au service de groupes hôteliers prestigieux depuis quinze ans. Son style s’inscrit dans un équilibre des proportions entre couleurs et matériaux. Sollicité par le groupe Barrière pour participer à la rénovation du Normandy (Deauville) et du Gray d’Albion (Cannes), il séduit à Paris avec le Maison Albar Hôtel Paris Céline et son restaurant Odette. Interview.

Une couleur ?
Alexandre Danan : Le bleu Klein. Un révélateur, comme la lumière. Sur L’Esclave mourant de Michel-Ange pigmenté par Klein, on découvre, à l’état d’ébauche, un singe agrippé à la jambe.

« L’esclave mourant d’après Michel Ange (S 20) », Yves Klein (1962).
« L’esclave mourant d’après Michel Ange (S 20) », Yves Klein (1962). pinterest

Un motif ?
La griffe, mélange de graphisme et de hasard. Soulages en a fait quelque chose de profond. J’aime la travailler en lamelles de miroir verticales, pour donner lumière et nervosité.

L’élégance à la française est de mise chez Odette by Maison Rostang, la bien nommée « auberge urbaine ». Un écrin de choix, à deux pas du Pont-Neuf, taillé sur mesure par Alexandre Danan et son agence EDO.
L’élégance à la française est de mise chez Odette by Maison Rostang, la bien nommée « auberge urbaine ». Un écrin de choix, à deux pas du Pont-Neuf, taillé sur mesure par Alexandre Danan et son agence EDO. © JÉRÔME GALLAND

Un matériau ?
L’albâtre blanc d’Égypte, pour sa lumière, son utilisation contemporaine jusque dans les 1930’s par Jacques-Émile Ruhlmann. Un matériau minéral du désert mais aquatique.

Suspension en albâtre de Jacques-Emile Ruhlmann (1879-1933),
Suspension en albâtre de Jacques-Emile Ruhlmann (1879-1933), pinterest

Une pièce de la maison ?
La salle de bains. Chez Le Corbusier, elle jouxte l’espace sommeil. J’aime quand elle évoque des transparences, ou encore, dans la villa Savoye, ce rapport au corps imaginé en bain intelligent…

Cloisonnée par un simple rideau, la salle de bain de la villa Savoye (1928).
Cloisonnée par un simple rideau, la salle de bain de la villa Savoye (1928). Paul kozlowski © FLC/ADAGP

Un meuble ?
Un confident (fauteuil double en forme de S, NDLR), idéal dès l’entrée. Un meuble féminin accueillant et séduisant qui propose une transition délicate entre l’intérieur et l’extérieur. Un clin d’œil aux palais florentins.

Chez Odette by Maison Rostang.
Chez Odette by Maison Rostang. Jérôme Galland

Un designer ?
Jacques Garcia, avec qui j’ai travaillé sur le très Art déco Hôtel du Collectionneur. Cette belle personne reste pour moi le plus grand décorateur français, par son immense culture et sa maîtrise de l’art décoratif. C’est le plus moderne des classiques.

En face du parc Monceau, l’Hôtel du Collectionneur.
En face du parc Monceau, l’Hôtel du Collectionneur. DR

Une ville ?
New York pour son énergie, son arrogance et son cœur vert, Central Park. L’écho transatlantique de mon binôme culturel inséparable : Paris-Londres. « Exitons » le Brexit !

Central Park, poumon vert au cœur de Big Apple.
Central Park, poumon vert au cœur de Big Apple. DR