Expo : Junya Ishigami libère l’architecture à la Fondation Cartier

Jusqu’au 10 juin, la Fondation Cartier consacre Junya Ishigami, surdoué de la scène japonaise qui envisage l’architecture sans contrainte, comme un univers de possibilités infinies. Réjouissant !

 

« J’aime penser l’architecture librement, avoir une vision la plus souple, la plus ouverte, la plus subtile possible, pour dépasser les idées reçues sur l’architecture. Peut-être pourrions-nous mettre de côté les généralités sur la discipline (les pratiques, les catégories et les styles communs) afin de la reconsidérer complètement, comme si nous construisions des bâtiments dans un monde où il n’existait aucun concept architectural. » Voilà en somme la philosophie de Junya Ishigami qui, à 43 ans, milite pour « libérer l’architecture », titre de cette exposition monographique présentée à la Fondation Cartier. Formé à bonne école durant quatre années chez Sanaa, le Japonais s’est fixé pour seule règle de ne pas en avoir.

L’architecte japonais Junya Ishigami.
L’architecte japonais Junya Ishigami. Junya Ishigami

En 2004, il ouvre son agence à Tokyo avec un objectif : faire de ses rêves une réalité. Partant du principe que rien n’est impossible, il réveille une discipline trop souvent engoncée dans ses idées préconçues, ses codes et ses dogmes. La question de la forme ou de l’esthétique est hors sujet, voire obsolète pour Junya Ishigami, qui souhaite « anticiper un futur où se matérialiseront de nouveaux rôles et conditions pour l’architecture, jamais imaginés jusque-là ».

Vue de l’exposition rétrospective à la Fondation Cartier.
Vue de l’exposition rétrospective à la Fondation Cartier. Jean-Baptiste Le Mercier

Parler d’architecture au grand public tout en ravissant les spécialistes est toujours une gageure. « Freeing architecture » y parvient avec une aisance surprenante. Et si parfois les textes frôlent les poncifs, c’est pour mieux réussir là où les expositions d’architecture échouent très souvent : laisser la place à l’imaginaire. L’apparente simplicité des propositions de Junya Ishigami cache une étonnante complexité, notamment en termes de mise en œuvre, qui s’interdit d’être démonstrative. Cette rétrospective dissèque la genèse de ses réalisations, racontant comment un collage d’illustrations d’enfants est devenu le motif d’une toiture à Shandong (Chine) ou comment il a imaginé une maison-restaurant en béton semblable à un rocher pour un chef cuisinier  à Yamaguchi (Japon). 

Au Kanagawa Institute of Technology (Japon), les étudiants peuvent travailler dns un bâtiment conçu pour qu’on s’y sente comme à l’extérieur.
Au Kanagawa Institute of Technology (Japon), les étudiants peuvent travailler dns un bâtiment conçu pour qu’on s’y sente comme à l’extérieur. Junya Ishigami

C’est par des maquettes réalisées pour l’occasion que Junya Ishigami nous transporte dans son univers onirique. Regroupés par affinités, une vingtaine de projets, réalisés ou en cours, témoignent de sa capacité à faire bouger les lignes. La relation avec la nature, si chère à l’architecture japonaise, s’en trouve renouvelée par une approche offensive : les mégalithes deviennent structures (huit villas à Dali, Chine), une faille rocheuse est creusée (chapelle à Shandong, Chine), les arbres sont déplacés (jardin à Tochigi, Japon), un lac est créé (centre culturel à Rizhao, Chine). Grand admirateur de Jean Nouvel, l’architecte japonais ne pouvait rêver mieux qu’exposer son travail à la Fondation Cartier, inauguré par notre star française en 1994 sur le boulevard Raspail à Paris. Un écrin rêvé et une illustration magistrale de ce que peut être une architecture libérée.

Des maquettes spécialement créées par l’architecte pour l’exposition permettent de s’immerger dans ses créations.
Des maquettes spécialement créées par l’architecte pour l’exposition permettent de s’immerger dans ses créations. Jean-Baptiste Le Mercier

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Edit 20/04/18 : le concours est désormais clos.

« Freeing Architecture », Fondation Cartier pour l’art contemporain. 261, boulevard Raspail, 75014 Paris. Jusqu’au 9 septembre.
Du mardi au dimanche, de 11 heures à 20 heures. Nocturne le mardi jusqu’à 22 heures. Visites guidées à 18 heures du mardi au vendredi .

 

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