Réédition : La deuxième vie de la Mante religieuse de Rispal

Le lampadaire, icône du design français des fifties, renaît de ses cendres grâce au talent d’un jeune passionné. Histoire d’une réédition exemplaire.

Son créateur se nommerait Jean Rispal et sa silhouette organique devrait beaucoup à l’artiste dadaïste Jean Arp. Mais ces deux informations sont au conditionnel… Car des deux Jean, un seul a pu en réalité existé et influé sur le design de la célèbre Mante religieuse, luminaire créé par la société Rispal au début des années 50 et renommé a posteriori à cause de sa forme qui évoque celle de l’insecte cannibale. « Je peux vous assurer que Jean Rispal n’a jamais existé ! En revanche, Jean Arp possédait à Clamart une maison voisine de celle de Georges Léon Rispal, premier éditeur du modèle. On peut supposer qu’il l’a influencé mais ce n’est pas du tout une certitude », précise d’emblée Douglas Mont, qui a repris la société Rispal en 2011.

L’abat-jour plissé en acétate de cellulose, aussi raffiné qu’écologique.
L’abat-jour plissé en acétate de cellulose, aussi raffiné qu’écologique. Rispal

Grand admirateur de la période, ce designer de 44 ans ne se contente pas de faire le tri entre vérité et légende. Durant sept ans, dans le but d’en rééditer certaines, il exhume les créations les plus modernes de la marque, regroupées à l’époque dans un catalogue baptisé « Formes nouvelles ». Sept ans, c’est long, mais de la société, fondée en 1924 et qui possédait à son apogée quelque 1 000 m2 de salles d’exposition près du faubourg Saint-Antoine, aucune archive n’a été conservée après sa fermeture en 1982. Un travail de bénédictin s’engage alors, d’autant que, au regard des normes actuelles, la structure du lampadaire n’apparaît pas assez stable pour permettre une réédition. Il faut donc redessiner. Heureusement, Douglas Mont sait faire…

Avec son design rétro-futuriste, le « Phasme M » est le premier modèle né de la renaissance de la maison.
Avec son design rétro-futuriste, le « Phasme M » est le premier modèle né de la renaissance de la maison. Rispal

Il en profite pour sélectionner des fabricants dans l’Hexagone et des essences de bois provenant de forêts françaises, « pour des raisons écologiques ». L’acétate de cellulose, matériau recyclable, est conservé, bien que l’aspect plissé de l’abat-jour soit particulièrement difficile à reproduire. « Il m’a fallu beaucoup de temps pour rééditer ces pièces historiques. Aussi en ai-je profité pour enrichir cette offre avec de nouvelles créations qui forment une sorte de descendance », explique Douglas Mont. Une famille de luminaires que viendra compléter l’an prochain la réédition de La Girafe à tablette, meuble-lampadaire qui devrait séduire les aficionados.

Rispal. 55, rue de Seine, 75006 Paris. Ouverture de la boutique en avril.

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