Cap sur la « ville liquide » pour la 2e triennale de Bruges

En livrant son centre-ville classé au patrimoine mondial à l’imagination d’artistes et d’architectes contemporains, la ville belge fête son histoire et s’élance vers l’avenir. À travers des œuvres monumentales, cette triennale renouvelle les espaces publics et jette un pont entre hier et demain.

Des 187 architectes internationaux qui ont postulé à la triennale de Bruges, 15 ont été retenus pour transformer la « Venise du Nord » en une « ville liquide » (du nom de cette édition, « Liquid City »). Leurs propositions monumentales créent un parcours (gratuit) qui combine à la fois valeur artistique et intérêt public.

MFS III – Minne Floating School, du collectif Nlé (mené par Kunlé Adeyemi, Nigeria et Pays-Bas), sur Minnewater (le « lac d’amour »).
MFS III – Minne Floating School, du collectif Nlé (mené par Kunlé Adeyemi, Nigeria et Pays-Bas), sur Minnewater (le « lac d’amour »). Iwan Baan

Parmi les œuvres les plus remarquables, BRUG, un pont aux voiles en métal de Jarosław Kozakiewicz, qui enjambe le canal Groenerei et permet d’approcher Niobe, la sculpture expressionniste du Flamand Constant Permeke (1886-1952), reliant ainsi les vivants aux morts. MFS III – Minne Floating School, l’école flottante du collectif Nlé mené par Kunlé Adeyemi, récompensée par un Lion d’argent à la Biennale d’architecture de Venise en 2016, se dresse sur le « lac d’amour » (Minnewater) : cette structure flottante et polyvalente anticipe les besoins futurs en matière d’espaces gagnés sur les eaux.

Selgascano Pavilion, de Selgascano (José Selgas et Lucía Cano, Espagne), sur le canal Coupure.
Selgascano Pavilion, de Selgascano (José Selgas et Lucía Cano, Espagne), sur le canal Coupure. Iwan Baan

Le pavillon écarlate de Selgascano (José Selgas et Lucía Cano) jette des reflets colorés sur le canal Coupure, tandis que Skyscraper, la baleine géante de StudioKCA, élance ses 5 tonnes de déchets plastiques bleus et blancs (évoquant le 7e continent et ses gigantesques soupes de détritus qui flottent au milieu des océans) au-dessus de la statue de l’illustre peintre Jan Van Eyck, qui vécut à Bruges au XVe siècle.

Skyscraper [The Bruges Whale], de StudioKCA (États-Unis), place Jan Van Eyck.
Skyscraper [The Bruges Whale], de StudioKCA (États-Unis), place Jan Van Eyck. VisitBruges / Jan D’Hondt.
D’histoire, il est aussi question avec John Powers, qui s’est emparé du destin tragique de Pieter Lanchals, conseiller de l’archiduc Maximilien d’Autriche décapité lors d’une révolte populaire en 1488. Comme punition, la cité dut protéger 52 cygnes blancs, emblème du conseiller et oiseau au long cou courbé, à l’image de cette tour minimaliste en acier Corten haute de 15 mètres, qui s’élance vers le ciel en écho à la flèche de l’église Sainte-Anne. « Si vous voulez voir le futur, venez à Bruges », déclare paradoxalement Renaat Landuyt, le bourgmestre de cette ville classée. À raison ! Cette triennale est un véritable bain de jouvence.

« Liquid City ».  2e Triennale de Bruges. Dans différents lieux de la ville belge, jusqu’au 16 septembre.

Selgascano Pavilion, de Selgascano (José Selgas et Lucía Cano, Espagne), sur le canal Coupure.
Selgascano Pavilion, de Selgascano (José Selgas et Lucía Cano, Espagne), sur le canal Coupure. Iwan Baan