Photo Gérard Jonca /Sèvres Manufacture et musée

Paris Design Week : Capes sur la Matalifacture de Sèvres

Les vases Capes de la designer Matali Crasset évoquent les silhouettes d’un défilé de mode. A la différence près que ces créations sans concession n’ont pas de date de péremption ! Après Monaco, elles se découvrent lors de la Paris Design Week à la Galerie de Sèvres. Issus de la collaboration entre designer et artisans de la Manufacture, ils procèdent d’une entente totale.

Si les designers et les artistes sont aujourd’hui nombreux à avoir travaillé avec les artisans de la Manufacture, l’image du vase de Sèvres reste du côté de la décoration la plus classique. Peut-être parce que Matali Crasset ne s’est jamais nourri de codes esthétiques préétablis, elle est de ce ces designers dont on attend avec plus d’attention critique le fruit de la collaboration avec les tenants d’univers classiques. Sans forfanterie, elle-même explique : « Longtemps, je me suis refusée à dessiner du mobilier et, plus encore, à dessiner des vases. Ce projet consiste justement à ne rien dessiner mais à opérer des choix. Il s’agit de penser les vases comme une méthode. Cette suite s’articule autour d’un protocole comme une échappée à l’esthétisme, à la manière d’un jeu oulipien. »

Vase Capes de Matali Crasset (2018).
Vase Capes de Matali Crasset (2018). Photo Gérard Jonca /Sèvres Manufacture et musée

Matali Crasset a sillonné les archives de la Manufacture de Sèvres et leur répertoire de formes et de « typologies », un mot qu’elle prononce souvent. La designer s’est ensuite livrée à une sorte de morphing artisanal, superposant et hybridant ces formes mais en les taillant comme un couturier, en direct avec les artisans. Ses douze « Capes », radicales comme on a pu l’être à une époque dans le design italien, ont un air de silhouette entre Balenciaga et Courrèges sixties. Elles ne relient pas seulement le savoir-faire de la Manufacture aux sensibilités contemporaines. Ces vases soulignent au-delà de leurs formes décrassées d’ornements superfétatoires toute la finesse de la palette possible à Sèvres, bien au-delà du seul fameux bleu, du blanc et de l’or.

Matali Crasset a réalisé les Capes en assemblant puis découpant des formes piochées dans les archives de la Manufacture.
Matali Crasset a réalisé les Capes en assemblant puis découpant des formes piochées dans les archives de la Manufacture. sevres-manufacture-et-musee

Ici, plus de 1000 couleurs sont possibles. Ainsi, la designer ne vient pas uniquement présenter un registre personnel mais rend fatalement hommage à tout ce qu’il est possible de faire à La Manufacture. Dans une interview à IDEAT, le designer Ronan Bouroullec décrivait les artisans comme des boxeurs, qui perdent la main s’ils ne se nourrissent pas de nouveaux projets. Les designers et les artistes tombent à pic pour en générer. Ce qui conforte la Manufacture de Sèvres dans un rôle qui va bien au-delà de celui du seul conservatoire des savoir-faire. Ces créations, uniques, ne font pas non plus de l’institution une simple marque. La meilleure stratégie pour durer est apparemment de faire ce en quoi l’on croit…

Le travail chromatique a surtout porté sur le blanc, le bleu et l’or, les couleurs historiques de la Manufacture de Sèvres…
Le travail chromatique a surtout porté sur le blanc, le bleu et l’or, les couleurs historiques de la Manufacture de Sèvres… Photo Gérard Jonca /Sèvres Manufacture et musée

> Les Capes de Matali Crasset à la Galerie de Sèvres à Paris. 4, place André-Malraux, 75001 Paris. Tél. : 01 46 29 38 01. Du lundi au samedi, de 14 heures à 19 heures. Entrée libre. Jusqu’au 27 octobre 2018.

…Même si Matali Crasset a aussi introduit d’autres teintes.
…Même si Matali Crasset a aussi introduit d’autres teintes. sarah Mineraud

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