Architecture : Comment la « French touch » s’exporte dans le monde entier

C’est le rêve de nombreux architectes français : laisser leur empreinte hors de nos frontières. Sans surprise, les signatures renommées y parviennent tandis que l’objectif reste dur à atteindre pour les autres. De Kigali à Pékin, tour d’horizon des réalisations de ceux qui ont su exporter leur savoir-faire.

6/ Patrick Schweitzer à Kigali
Dans la capitale du Rwanda, Patrick Schweitzer vient d’achever une école d’architecture qui vient d’accueillir ses premiers étudiants. L’architecte s’est inspiré des paysages volcaniques, dont il livre une interprétation construite sous la forme de volumes prismatiques distribués par un jeu de rampes et de passerelles. La couleur ocre tutoie la pierre de lave, tandis que le béton se donne à voir dans les espaces intérieurs. Les ressources locales ont été privilégiées afin de réduire l’impact écologique du bâtiment, tout comme le chantier fut l’occasion de faire acte de pédagogie auprès des ouvriers et des étudiants rwandais. Ou comment exporter son savoir-faire en étant utile.

L’Institute of technology à Kigali.
L’Institute of technology à Kigali. Edwin Seda

7/ Jacques Ferrier à Pékin
Conçu par l’agence Jacques Ferrier Architecture avec le Sensual City Studio, le lycée français international Charles-de-Gaulle de Pékin est envisagé comme un bâtiment-paysage. L’équipement scolaire joue volontairement de l’ambiguïté entre espaces ouverts et protégés, laissant toujours la vue filer au loin. Au rez-de-chaussée sont rassemblées les fonctions collectives tandis que les classes se trouvent en partie supérieure. Inspirée de l’architecture traditionnelle chinoise, une résille de bois largement ajourée protège le bâtiment du soleil et des regards, tout en affirmant son identité singulière.

Lycée français Charles-de-Gaulle de Pékin.
Lycée français Charles-de-Gaulle de Pékin. Luc Boegly

8/ Tolila + Gilliland à Miami
Dans le Miami Design District, Gaston Tolila et Nicholas Gilliland ont réalisé un bâtiment de commerces sur la place piétonne Paradise Plaza. Inspirés par la culture locale mais aussi par le climat, les architectes ont réinterprété des références géométriques et colorées pour créer l’unité entre les huit commerces répartis sur deux niveaux. Emblématique de leur proposition, le motif du losange se décline en façade sous la forme de briques de terre cuite émaillée. Objectif revendiqué par le tandem : « Mettre les matériaux au centre des choix architecturaux, convoquer les cinq sens, oser une sensualité de la matière, offrir une perception sensible. » Un regard singulier dans cette ville de plus en plus prisée des passionnés d’architecture.

Le bâtiment de Tolila+Gililand dans le Miami Design District.
Le bâtiment de Tolila+Gililand dans le Miami Design District. Studio Lhooq

9/ Jean Nouvel à Doha
À l’entrée sud de la ville de Doha, Jean Nouvel vient d’inaugurer le musée national du Qatar, qui prend place dans un bâtiment envisagé comme un « caravansérail moderne ». Un lieu qui raconte la géographie physique, humaine et économique ainsi que l’histoire qatarie afin de donner corps à une identité pas toujours simple à appréhender. Un projet paradoxal pour l’architecte, où il s’agit de « montrer ce qui se cache, révéler ce qui s’efface, figer l’éphémère, parler de ce qui se tait et révéler une histoire qui n’a pas eu le temps de s’“engrammer”, qui est simplement un présent qui galope, une énergie en action ». Symbolique, l’architecture est à l’image de ce paradoxe, jouant avec les formes de la rose des sables matérialisées par des pavillons noyés au milieu de jardins signés Michel Desvigne.

Le musée national du Qatar à Doha.
Le musée national du Qatar à Doha. Iwan Baan

10/ Christian de Portzamparc à New York
En 2014, Christian de Portzamparc avait déjà livré la tour One57 face à Central Park. L’architecte français récidive à New York avec Prism. À l’angle de la 28e Rue et de Park Avenue, ce bâtiment de 40 étages accueille désormais 436 logements, dont 269 en location situés dans les 22 étages inférieurs. Les formes prismatiques des volumes permettent à la tour de capter la lumière tout en optimisant les perspectives sur les rues pour aller chercher des vues lointaines. Le projet s’inscrit dans le cadre de la politique locale, qui vise à inciter à la création architecturale par une obtention de droits aériens à négocier avec le quartier, permettant de construire au-delà du règlement en vigueur.

La tour Prism à New York.
La tour Prism à New York. Wade Zimmerman