Paris : Au 9confidentiel, Starck célèbre la femme

Starck surfe sur un style méconnu, celui des années 1940, pour habiller le 9Confidentiel, un hôtel du Marais à taille humaine, conçu pour les femmes.

Quand le groupe 9Collection a acquis cet immeuble historique du Marais en 2014, il sollicite Philippe Starck, qui tombe immédiatement amoureux de sa façade années 30. A l’intérieur en revanche, cette ancienne manufacture de chapeaux était dans un état catastrophique : sur une surface relativement réduite, les piliers s’enchevêtraient sans lisibilité et formaient un labyrinthe de coins et recoins. « Il y avait à peine de quoi en faire un local poubelles ! », plaisante-t-il aujourd’hui.

Starck a commencé par restructurer un rez-de-chaussée plein de recoins et de murs porteurs.
Starck a commencé par restructurer un rez-de-chaussée plein de recoins et de murs porteurs. Photo DR

Starck a donc commencé par réinventer les volumes, une vraie gageure vue la façon ingénieuse dont ils s’imbriquent aujourd’hui. Mais cela a aussi conditionné l’esprit dans lequel il a travaillé, « celui d’un boudoir d’après-guerre, d’un cocon entièrement dédié aux femmes », plaide le designer.

Le bar à cocktails et sa carte exclusive signée Nico de Soto.
Le bar à cocktails et sa carte exclusive signée Nico de Soto. Photo DR

Passé le petit salon de l’entrée, on parvient au desk et au bar, chacun logés dans une pièce-alcove en empruntant le couloir dont le plafond est orné d’une fresque d’Ara Starck. S’il est trop exigu pour accueillir un vrai restaurant, le 9Confidentiel offre une carte de snacking et les pâtisseries haute couture de Yann Couvreur. Quant au bar, il propose une carte de cocktails développés spécialement par le mixologue Nico de Soto pour rendre hommage à une époque où ces breuvages arrivaient tout juste en France.

Dans le salon du rez-de-chaussée, on déguste les pâtisseries de Yann Couvreur devant la  cheminée placée là par Starck en hommage à celle de la garçonnière du designer italien Carlo Mollino (1905-1973).
Dans le salon du rez-de-chaussée, on déguste les pâtisseries de Yann Couvreur devant la  cheminée placée là par Starck en hommage à celle de la garçonnière du designer italien Carlo Mollino (1905-1973). Photo DR

Le mobilier comme les moquettes et tapis ont été dessinés sur mesure, pour s’adapter à la taille des pièces. Ils évoquent le style français des années 30-40 dans la lignée de Jacques Adnet. « J’ai dû concevoir certaines assises car on n’en trouve plus », regrette Starck. Même les « nez de lumière » en laiton qui recouvrent les ampoules dans tout l’établissement ont été pensés spécialement pour le 9Confidentiel.

Dans les chambres, on retrouve des motifs typiques des années 30-40.
Dans les chambres, on retrouve des motifs typiques des années 30-40. Photo DR

Les femmes sont omniprésentes dans les espaces communs comme dans les 19 chambres, dont trois suites. Chacune porte un prénom suranné et affiche une déco rétro, avec miroirs biseautés dans les salle de bains, entourés de photos noir et blanc d’élégantes. Starck a voulu immerger les hôtes dans une ambiance irréelle, « comme la fin d’un monde et le début d’un autre ».

Les tissus plissés, une marotte de Starck…
Les tissus plissés, une marotte de Starck… Photo DR

Il cite Modiano et parle d’un style romantique, littéraire (des bouquins sont disséminés un peu partout), poétique, élégant, « un cocon pour se protéger de la violence du monde, un lieu où commencer une histoire d’amour… » Les broderies déclinent des motifs de l’immédiat après-guerre. Pour autant, le 9Confidentiel ne tombe jamais dans le pastiche ni la nostalgie gratuite. Ce serait mal connaître Starck, qui planche en ce moment sur l’intérieur d’une station spatiale touristique…

Les salles de bains sont habillées de miroirs teintés de rose.
Les salles de bains sont habillées de miroirs teintés de rose. Photo DR

> 9Confidentiel. 58, rue du Roi de Sicile, 75004 Paris. Tél. : 01 86 90 23 33. A partir de 400 €.

Une fresque d’Ara Starck orne le couloir au rez-de-chaussée.
Une fresque d’Ara Starck orne le couloir au rez-de-chaussée. Photo DR

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