Notre best-of de la biennale Interieur 2018 de Courtrai

En octobre dernier, la biennale Interieur 2018 de Courtrai, qui fête ses 50 ans cette année, est restée fidèle à l’esprit de ses origines. L’idée d’interdisciplinarité y était sublimée. Et comme cette manifestation, plus culturelle que commerciale, reste à taille humaine, architectes et designers s’y distinguent par leur inspiration mutuelle.

Le transdisciplinaire in

Tabourets « Brutiful » d’Arno Brandlhuber.
Tabourets « Brutiful » d’Arno Brandlhuber. Sam Gilbert

Au fil des allées, l’attention se porte aussi bien sur des stands de marques ou d’artisans que sur des installations ou des expositions. La galerie Maniera de Bruxelles exposait ainsi Brutiful, des poufs en béton conçus par l’architecte et professeur allemand Arno Brandlhuber. Ces cinquante champignons gris suffisaient pour composer une sorte d’agora. Ici, de multiples univers se déploient. Comme celui d’Ateliers Zelij, repérés au dernier Salon du meuble de Milan pour leur collaboration avec Hermès. La maîtrise de la technique du zellige marocain traditionnel, exportable dans le monde entier, permet ainsi à ces créateurs d’investir de nouveaux registres esthétiques. Autour d’un manteau de cheminée ou au mur, ils recouvrent l’espace comme le ferait un tissu. Les éditeurs belges étaient également présents, tel Maison Vervloet et sa collection de poignées « Ballet », qui joue sur les effets visuels pour faire bouger l’habituelle inertie des portes. Le créateur de cette collection, Stijn D’hondt, est également le fondateur du label de tables en bois Pinscher. À défaut de ses cuisines d’architectes, Obumex accueillait la collection du Français Christophe Delcourt. Chez Van Den Weghe, le label spécialisé dans la roche naturelle démontrait que rien n’arrête qui sait quelle belle pierre choisir. Même esprit chez Wever & Ducré, éditeur de luminaires belge. Les deux maisons étaient aussi présentes sur les stands que pour les événements culturels en ville.

Stijn D’hondt, auteur des poignées « Ballet » chez Vervloet.
Stijn D’hondt, auteur des poignées « Ballet » chez Vervloet. Stéphane Derouaux
Canapé « Eko » et table basse « Teo » de Christophe Delcourt chez Obumex.
Canapé « Eko » et table basse « Teo » de Christophe Delcourt chez Obumex. Obumex

Le multidisciplinaire in et off

Installation de Dessuant Bone.
Installation de Dessuant Bone. Jerroen Verrecht

Certains espaces de la foire étaient dignes d’une galerie. L’installation du studio franco-britannique Dessuant Bone, en collaboration avec le groupe d’électro-rock Goose, basé à Courtrai, en témoigne : ensemble, ils ont conçu une magnifique installation sonore, dont certains éléments se trouvaient dans le studio même du groupe Goose, en ville, aménagé par un architecte. L’architecture était aussi omniprésente dans Construction, une installation du jeune designer belge Conrad Willems, qui récupère des blocs de pierres de carrières pour réaliser des maquettes ressemblant à des cathédrales anciennes. Étonnant.

Conrad Willems présentait « Construction »…
Conrad Willems présentait « Construction »… Jerroen Verrecht
… une installation évoquant l’architecture des cathédrales.
… une installation évoquant l’architecture des cathédrales. Jerroen Verrecht

La biennale fait son Festival

Vases de Wouter Hoste.
Vases de Wouter Hoste. ®harveybouterse2018

Le Interieur City Festival prolongeait l’esprit de la biennale en célébrant la création contemporaine dans plusieurs lieux de la ville. Dans l’ancien hôpital St Maarten, les jeunes créateurs étaient rois. L’occasion de voir pour la première fois un skate-board fabriqué à partir… de bactéries. Le label de design italien Kartell mène d’ailleurs des recherches similaires autour du plastique. Plus fédérateurs mais pas consensuels, les vases du designer Wouter Hoste, installé à Anvers, trônaient comme des oeuvres plastiques avec leur allure de gélules. Les grands luminaires tubulaires de Sabine Marcelis, basée à Rotterdam, accueillaient le visiteur dès l’entrée. En ville, à Diksmuidekaai, l’artiste belge Heidi Voet présentait When all the World is a Hopeless Jumble : des barrières de police aux couleurs de l’arc-en-ciel déployées en rayon de soleil comme une métaphore de la répression, de la transgression, mais aussi de la liberté.

Transformé en showroom, l’ancien hôpital St Maarten accueillait notamment les luminaires de Sabine Marcelis.
Transformé en showroom, l’ancien hôpital St Maarten accueillait notamment les luminaires de Sabine Marcelis. Jeroen Verrecht

Le design est dans les détails

Stand cc-tapis et modèle « Asmara » de Federico Pepe.
Stand cc-tapis et modèle « Asmara » de Federico Pepe. Photo de gauche par Thomas De Bruyne

À Courtrai, l’univers culturel des marques émerge, car elles ne sont pas trop nombreuses. Chez cc-tapis, à la question de savoir qui a eu l’idée de mettre en cage les nouveaux tapis-tapisseries, l’éditeur Fabrizio Cantoni répond « Nous » . L’Envolée, de la designer milanaise Cristina Celestino, en camaïeu de rose, était la perle du stand dont l’autre morceau de bravoure, Asmara, un tapis d’inspiration éthiopienne, était signé Federico Pepe. Chez Flos, Giovanna Castiglioni en personne, la petite-fille du maestro Achille, nous a décrypté le lampadaire Toio ressorti en version noire matte… Elle nous a donc révélé les raisons du moindre détail de cette icône de 1962 ! Courtrai était aussi l’occasion de découvrir l’actualité du label allemand Tecta. Non contente de rééditer une trentaine des chefs-d’oeuvre du Bauhaus, la marque propose désormais l’iconique fauteuil F51 de Walter Gropius en de nombreuses couleurs. Pour les 100 ans du Bauhaus, la designer allemande Katrin Greiling va même lui faire de nouveaux habits tricolores. Telle était Courtrai, une profuse source d’émotions, mêlant les disciplines créatives, le tout architecturé intelligemment afin de faciliter l’accès à la qualité pour tous.

Cristina Celestino, auteure de « L’envolée » chez cc-tapis.
Cristina Celestino, auteure de « L’envolée » chez cc-tapis. DR
Fauteuils « F51 » de Walter Gropius, réédités par Tecna.
Fauteuils « F51 » de Walter Gropius, réédités par Tecna. Tecta