Masterclass : Gilles & Boissier, distinction à la française

Ils impriment un style français élégant, empreint de classicisme mais jamais ampoulé. Un univers qu’ils déploient dans des appartements, des boutiques et des hôtels du monde entier. Ils sont actuellement en train de mettre la dernière touche à quatre suites exceptionnelles au Mandarin oriental, à Paris.

Une couleur ?
Dorothée Boissier : Le rose chair, j’adore le rose, je trouve que c’est presque une « non-couleur », tout comme le blanc ou le bleu marine que j’aime aussi beaucoup. Je trouve cette tonalité, proche du beige de Chanel, extrêmement sensuelle, et elle se marie très bien avec les autres teintes. C’est un ton féminin sans être criard ou fatigant.
Patrick Gilles : Moi je ne mets jamais de couleur. C’est toujours Dorothée qui vient en rajouter une fois que le projet me semble terminé.

Une texture ?
Nous n’aimons par les motifs mais sommes très sensibles aux effets de texture. Ils donnent une profondeur, une vibration et agissent finalement comme des motifs presque invisibles… Nous apprécions particulièrement les effets du plâtre, du bois ou du tissu.

Le sublime escalier noir qui mène au premier étage a été entièrement conçu sur mesure pour s’adapter à la maison marque Connolly à Londres, aux murs de guingois.
Le sublime escalier noir qui mène au premier étage a été entièrement conçu sur mesure pour s’adapter à la maison marque Connolly à Londres, aux murs de guingois. © MICHAEL PAUL

Une matière ?
Une sorte de cèdre brossé très fort qui a été comme noirci au cirage. La couleur ne couvre pas entièrement le bois mais elle offre plutôt l’effet d’un bois vieilli, comme si le temps était passé sur la matière. On a aussi la sensation d’une flamme qui aurait léché le bois. Cette finition donne l’impression que le bois est composé de courbes de niveau. Très attentifs aux sens, nous aimons l’idée que l’odorat soit stimulé par l’odeur du cèdre.

Une pièce de la maison ?
D. B. : La chambre, c’est un espace que j’aime concevoir et où je passe du temps. On s’y repose, on y lit, on y travaille… C’est très intime. On ne traite pas une chambre comme un salon, on y utilise des matières plus sourdes, on fait attention aux sons et à la lumière, qui doit être douce, flatteuse tout en permettant d’y voir suffisamment clair. Vous l’avez compris, pour cette pièce, nous menons une réflexion particulière autour des sens.

Verre et bois, tissus drapés et cuir… Le luxe réside dans la matière au Baccarat Hotel de New York.
Verre et bois, tissus drapés et cuir… Le luxe réside dans la matière au Baccarat Hotel de New York. ERIC LAIGNEL

Un éditeur ?
Christian Astuguevieille, qui est à la fois éditeur et designer. Nous sommes totalement fans de la sensibilité de son travail et plaçons souvent ses meubles dans nos projets. Nous aimons son approche très artistique et sensuelle. Les piétements sont tellement ouvragés, que l’on perçoit différemment le meuble.