Dunkerque : Gigantisme, la triennale d'art contemporain ancrée dans le Nord

Une nouvelle triennale d’art et de design voit le jour à Dunkerque. En quelque 200 œuvres, elle explore les relations entre art et industrie. Des installations hors échelle à découvrir sur des sites urbains et portuaires y raconteront l’histoire de la modernité européenne depuis 1947.

«C’est l’histoire de certains visionnaires et de leur capacité à se projeter », déclare, à propos de « Gigantisme », la philosophe Géraldine Gourbe, l’une des commissaires de cette nouvelle triennale. Le plus célèbre d’entre eux, l’ingénieur et collectionneur Gilbert Delaine (1934-2013), fondateur du Lieu d’art et action contemporaine de Dunkerque (LAAC), invita Arman en 1980. Inspiré par le paysage portuaire, l’inventeur des accumulations créa alors une sculpture à partir des innombrables grues qui se dressaient sur les quais.

« Desire Lines » (2015) de Tatiana Trouvé. Des bobines de cordes rassemblées sur de grands chevalets de stockage. Une œuvre inaugurée à Central Park, à New York, avant de venir s’installer à Dunkerque.
« Desire Lines » (2015) de Tatiana Trouvé. Des bobines de cordes rassemblées sur de grands chevalets de stockage. Une œuvre inaugurée à Central Park, à New York, avant de venir s’installer à Dunkerque. Emma Cole

Quarante ans plus tard, que reste-t-il de ce pont bâti entre plasticiens et industriels ? Pour répondre à cette question, l’équipe de curateurs propose d’analyser la scène française dans cette Europe de l’après-guerre épargnée par la crise pétrolière et galvanisée par « des artistes aux envies d’échelle à l’américaine ». Pour matérialiser ce parcours, trois étapes principales ont été imaginées.

« Bouche moi ce trou » d’Anita Molinero, 2019, vue de l’installation dans la Halle AP2 à Dunkerque.
« Bouche moi ce trou » d’Anita Molinero, 2019, vue de l’installation dans la Halle AP2 à Dunkerque. DR

Dunkerque, entre art et industrie

La première, intitulée « Paysage mental », inonde le territoire de pièces monumentales, dont celles de Tania Mouraud, qui appose ses lettres noir et blanc étirées jusqu’à la limite du lisible sur les silos gigantesques du Mole 5 ; d’Anita Molinero, qui revisite l’une de ses installations pour se mesurer aux dimensions XXL de la halle AP2 ; ou de Bernar Venet, qui présente l’un de ses « Effondrements » d’arcs en Corten, matériau résonnant particulièrement dans la cité de Jean-Bart où est encore produite une tonne d’acier chaque jour.

« Étagère » de Pierre Paulin (1968), à retrouver au sein de la section design du FRAC.
« Étagère » de Pierre Paulin (1968), à retrouver au sein de la section design du FRAC. Courtesy Galerie de Casson

Deuxième rendez-vous au LAAC avec « À l’américaine », une exposition qui retrace les répercussions du progrès technologique sur la création artistique : les bâches en acrylique de Claude Viallat, les tableaux en résine de polyester de Jean Pierre Raynaud, les cubes en néon de Piotr Kowalski… Le dernier chapitre, « Space Is a House », interroge le gigantisme appliqué à l’espace domestique à travers les collections design du FRAC et ses pièces emblématiques signées Pierre Paulin, Verner Panton ou Joseph-André Motte.

« Intervention boulevard du Palais à Paris » par Jacques Villeglé, juin 1982. Collection Frac Bretagne.
« Intervention boulevard du Palais à Paris » par Jacques Villeglé, juin 1982. Collection Frac Bretagne. Hervé Beurel

« Gigantisme – Art et industrie ». Au FRAC Grand large – Hauts-de-France. 503, avenue des Bancs-de-Flandres, Dunkerque (59), jusqu’au 5 janvier 2020.

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