A Londres, le pavillon de Junya Ishigami invite la nature à la Serpentine Gallery

L’architecte japonais Junya Ishigami a réalisé le 19e pavillon d’été de la Serpentine Gallery, à Londres. Fidèle aux principes qui lui sont chers, il a imaginé une structure mêlant architecture et nature…

L’an dernier, la Fondation Cartier lui a consacré une exposition monographique d’envergure qui a rencontré un vif succès. En cinq mois, « Freeing Architecture » a en effet rassemblé 110 000 visiteurs qui se sont bousculés pour découvrir l’univers de Junya Ishigami. Aussi, quand la Serpentine Gallery de Londres a décidé de faire appel au prodige japonais pour réaliser son prochain pavillon estival, ce ne fut pas une grande surprise. Depuis quelques années se succèdent en effet, dans les jardins de Kensington, à Hyde Park, les étoiles montantes de la discipline – Frida Escobedo, Diébédo Francis Kéré, Smiljan Radic, Sou Fujimoto… – plutôt que ses stars.

Image de synthèse du pavillon estival : une canopée d’ardoises supportée par une forêt de fins poteaux… sous la bruine londonienne !
Image de synthèse du pavillon estival : une canopée d’ardoises supportée par une forêt de fins poteaux… sous la bruine londonienne !  Junya Ishigami + Associates

Si Junya Ishigami a décidément le vent en poupe, il a néanmoins dû affronter une zone de turbulences ces dernières semaines, accusé sur la place publique d’exploiter des stagiaires. En cause, la parution d’une annonce de recrutement sans équivoque : travail non rémunéré, de 11 heures du matin à minuit, du lundi au samedi. Ses détracteurs ont même sommé l’institution britannique de revoir sa copie, jusqu’à le remplacer ! La Serpentine Gallery a dû se fendre d’une déclaration pour assurer qu’elle veillerait scrupuleusement à ce que celles et ceux qui plancheraient sur le projet soient payés. Et quelques jours de d’inauguration du pavillon, c’est la directrice de la Serpentine Gallery qui a dû démissionner suite aux révélations du Guardian : Anna Peel serait en effet la principale actionnaire d’une société israélienne spécialisée dans les outils numériques pour dictatures…

Le pavillon de Junya Ishigami succède à ceux d’Oscar Niemeyer, Jean Nouvel, Rem Koolhaas, Frank Gehry…
Le pavillon de Junya Ishigami succède à ceux d’Oscar Niemeyer, Jean Nouvel, Rem Koolhaas, Frank Gehry…  Junya Ishigami + Associates

Mais la controverse est désormais retombée, et Junya Ishigami a dévoilé sa proposition pour le 19e pavillon estival. Né en 1974, formé chez Sanaa, l’architecte a développé pour l’occasion un thème qui lui est cher, le free space (« espace libre »), qui prendra en l’occurrence la forme d’une forêt de fins poteaux portant une vaste toiture d’ardoises. Quant à l’exposition « Freeing Architecture », elle fait désormais partie dans son intégralité de la collection de la Fondation Cartier. Elle sera présentée à la Power Station of Art, à Shanghai, à partir du 18 juillet et jusqu’au 7 octobre.

La voute de pierre se fond dans le parc londonien…
La voute de pierre se fond dans le parc londonien…  Junya Ishigami + Associates

> Serpentine Pavilion 2019 par Junya Ishigami. Aux Kensington Gardens (Hyde Park), à Londres, du 21 juin au 6 octobre.

> « Freeing Architecture ». À la Power Station of Art, à Shanghai, du 18 juillet au 7 octobre.

L’architecte a voulu « créer un paysage à l’intérieur d’un bâtiment ».
L’architecte a voulu « créer un paysage à l’intérieur d’un bâtiment ».  Junya Ishigami + Associates