Adorno dresse un état du design dans onze pays

Après Londres, la galerie de design Adorno montre désormais sur son site web son exposition Crossover, soit le meilleur du design de galerie repéré dans onze pays phares.

À Londres, le quartier de Brick Lane/Shoreditch accueillait à l’occasion du London Design Festival 2019 une exposition collective de la galerie en ligne Adorno. Baptisé « Crossovers », ce show pointu et varié présentait onze collections de design arty issues d’autant de pays, chacune curatée par un représentant de la scène locale. Désormais accessibles en ligne, les pièces sélectionnées avaient pour point commun d’explorer de nouveaux territoires pour le design, aux confins de l’art et de l’artisanat.

L’exposition Crossovers organisée par Adorno durant le London Design Festival.
L’exposition Crossovers organisée par Adorno durant le London Design Festival.

Du côté de la sélection française, curatée par François Leblanc Di Cicilia, les designers questionnaient notre rapport à la forme et à l’usage. À commencer par Gaspard Graulich : « J’explore le concept de paréidolie, qui consiste à donner du sens à une forme neutre, que l’on identifie à un objet connu. Pour créer mes objets, je m’inspire des roches, car le minéral n’a pas d’intention dans sa forme. C’est nous qui donnons aux formes un sens et un usage. » À partir d’empreintes prises dans la nature, le designer recrée dans du béton les formes observées en extérieur, et en fait des objets utilisables au quotidien. A chacun d’opter ensuite pour la typologie désirée (table basse, guéridon, tabouret…) en fonction de ses besoins car au fond, « c’est l’usage de l’objet, ce que l’on y projette, qui définit son sens. »

Prelèvement N.8 de Gaspard Graulich.
Prelèvement N.8 de Gaspard Graulich. Photo DR

Toujours dans la sélection française présentée par Adorno, les Rails de Gwendoline Porte encouragent eux aussi la flexibilité de l’usage du mobilier. Le caractère modulable et empilable des Rails leur permettent de servir alternativement de table, de table basse, de tabouret ou de chaise haute, dans un espace ainsi modifiable à l’infini.

Tables Agatha de Draga & Aurel (2019).
Tables Agatha de Draga & Aurel (2019). Photo DR

L’envoûtante sélection italienne dévoile, elle, une réflexion sur l’identité du design contemporain italien.  On y découvre des créations variées : les lampes-tubes « Bastum » de Stories of Italy, le miroir « Dogi » en verre de Murano signé Zanellato/Bortotto Studio, les lampes hypnotiques « Joy » ou les tables « Agatha » par Draga&Aurel. Le banc « Via Fucini 5 » de Vito Nesta pour Tappezzerie Druetta rend pour sa part hommage aux « intérieurs bourgeois milanais » qui, de l’avis du co-curateur Francesco Mainardi, définissent toujours le design italien en 2020…

Banc Via Fucini de Vito Nesta inspiré d’un hall d’immeuble milanais (2019, Tappezzerie Druetta).
Banc Via Fucini de Vito Nesta inspiré d’un hall d’immeuble milanais (2019, Tappezzerie Druetta). Photo DR

Repérée dans la sélection suédoise, la collection de peignes « Afropicks » de Simmon Skinner a le mérite d’endosser un double rôle : celui d’objet design et de manifeste (ici en faveur des cheveux afro, peu présents dans l’univers capillaire suédois !).

Les Afropicks du Suédois Simon Skinner (2018).
Les Afropicks du Suédois Simon Skinner (2018). Photo DR

Autre pièce polémique venue de Stockholm, le « Fuck you all » magistral de Maja Michaelsdotter Eriksson, œuvre à l’humour non-orthodoxe, dont le propos vise à encourager chacun à dire ce qu’il pense, dans une tentative de communication mâtinée de second degré. Cette pièce a notamment gagné le prix Young Swedish design en 2016, et a été exposé au National Museum de Stockholm. Ou quand le design nous pousse hors du conformisme…

> Exposition en ligne des pièces de la collection « Crossovers »

Le message de Maja Michaelsdotter Eriksson a le mérite d’être clair !
Le message de Maja Michaelsdotter Eriksson a le mérite d’être clair ! Photo DR

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