pierpaolo ferrari & Maurizio Cattelan

Pierpaolo Ferrari, Maurizio Cattelan & Seletti : quand l'art rencontre le design

Photographe de mode, directeur artistique, publicitaire… Pierpaolo Ferrari a créé en 2010, avec l’artiste star Maurizio Cattelan, le magazine « Toiletpaper », sorte de Hara-Kiri tout en images. Excentrique et surréaliste, chaque photo amuse et provoque à la fois. Elles sont en partie reproduites sur les pièces de mobilier de la maison italienne Seletti.

Quelle importance accordez-vous à la photographie dans le domaine du design ?
Pierpaolo Ferrari : Pour le design lui-même, ça n’a probablement pas tant d’importance que ça, mais pour le domaine de la photographie en soi, c’est important. Avec nos photos, nous voulons provoquer des discussions. Le design et la photographie parlent leur propre langage, ils n’ont pas besoin d’être traduits.

Assemblage de visuels signés Pierpaolo Ferrari et Maurizio Cattelan pour la collection « The Seletti Wears Toiletpaper ». À travers leurs images provocantes, ils dénoncent une société pervertie par la consommation, où règne le culte de l’apparence. Minutieusement élaborées, ces représentations empruntent au kitsch et à l’absurde pour mieux détourner les codes de la mode ou de la publicité.
Assemblage de visuels signés Pierpaolo Ferrari et Maurizio Cattelan pour la collection « The Seletti Wears Toiletpaper ». À travers leurs images provocantes, ils dénoncent une société pervertie par la consommation, où règne le culte de l’apparence. Minutieusement élaborées, ces représentations empruntent au kitsch et à l’absurde pour mieux détourner les codes de la mode ou de la publicité. pierpaolo ferrari & Maurizio Cattelan

Comment votre collaboration avec Seletti a-t-elle évolué ?
C’est un peu comme si nous étions passés de la 2D à la 3D. Nous avons grandi ensemble et notre façon de photographier aussi. Chaque image dans Toiletpaper est une histoire d’amour, c’est-à-dire une histoire dans laquelle l’observateur est impliqué. Avec Seletti, nos images s’étendent littéralement hors de la page, puisqu’elles sont imprimées sur des meubles, des coussins, des assiettes… comme pousse l’herbe sauvage ! (Rires.)

Le duo de créateurs italiens pose avec ses éditeurs, Stefano Seletti (Seletti) et Charley Vezza (Gufram), devant un ensemble de miroirs imaginés par Toiletpaper pour Seletti.
Le duo de créateurs italiens pose avec ses éditeurs, Stefano Seletti (Seletti) et Charley Vezza (Gufram), devant un ensemble de miroirs imaginés par Toiletpaper pour Seletti. Chiara Quadri

Vous travaillez davantage sur un environnement décoratif global, fantasque, que sur la conception des objets eux-mêmes. Avez-vous besoin d’en savoir le plus possible sur l’œuvre d’un designer pour réaliser de belles images ?
Ça dépend. J’aime vraiment être inspiré par l’objet lui-même, plus que par celui qui l’a dessiné. Comme je le fais avec un être humain, j’essaie d’exprimer la personnalité des sujets inanimés à travers ma photographie. Ensuite, j’aime observer la réaction du designer. La plupart du temps, ils semblent satisfaits du résultat.

Sélection de cahiers issus de la collection « The Seletti Wears Toiletpaper ».
Sélection de cahiers issus de la collection « The Seletti Wears Toiletpaper ». pierpaolo ferrari & Maurizio Cattelan

Vous avez fait des campagnes pour Kenzo, Berluti, les Galeries Lafayette, des photos de mode pour Vogue US, le magazine T, le New Yorker… Quelle différence existe-t-il entre photographier des objets et des personnes ?
Les objets ne bougent pas, bien que je les envisage la plupart du temps comme des êtres vivants. Quant aux personnes, elles n’aiment pas être considérées comme des objets, n’est-ce pas ?