Expo : Charles Zana réunit le meilleur de l’art et du design italien

L’exposition « Utopia », conçue par l’architecte et designer Charles Zana, nous entraîne à la découverte de la créativité italienne des années 50 aux années 70, illustrée par une quarantaine de pièces d’art et de design rares dialoguant en duos pertinents.

Charles Zana est l’invité de la galerie Tornabuoni Art, qui le reçoit en ses murs du passage de Retz, à Paris (IIIe). L’architecte et designer est désormais repéré comme collectionneur mais aussi commissaire d’exposition (notamment pour son accrochage à Venise durant la Biennale d’art en 2017, où il proposait un dialogue entre les céramiques d’Ettore Sottsass et l’architecture de Carlo Scarpa). Dans cette nouvelle exposition, ses points de vue sur la créativité italienne sont une fois encore présentés en duos : une pièce de design accompagne une œuvre d’art.

Chaise « Scivolavo » (1975), d’Alessandro Mendini, et sérigraphie « Sans titre » de Michelangelo Pistoletto.
Chaise « Scivolavo » (1975), d’Alessandro Mendini, et sérigraphie « Sans titre » de Michelangelo Pistoletto. Matthieu Salvaing

En évoquant ce dialogue possible, le scénographe a souligné le caractère de ces œuvres « exceptionnelles et qui ont changé les choses ». Car si associer art et design n’est pas nouveau, ces combinaisons sont autant d’essais lancés sur le fil du ressenti de chacun. On se prend même quelques gifles esthétiques ! Voyez le cabinet Barbarella (1966), d’Ettore Sottsass, et son vase Aphrodisiac (1964) – conçu pour conserver les pilules contraceptives ! – encadrant deux toiles de Giorgio De Chirico. Miracolo ! La Tour rouge (1915) du peintre fait sens à côté de la colonne de Sottsass. Quant aux disques en aluminium anodisé bleu en façade du cabinet Barbarella, ils rappellent le bassin ovale au premier plan de la seconde toile, figurant L’Addio Dell’Amico Che Parte All’Amico Che Rimane (1950).

A gauche, suspension « 2072 ‘Jo-jo’ » de Gino Sarfatti. A droite, table Sansone de Gaetano Pesce, accompagnée d’une tapisserie d’Alighiero Boetti et du plafonnier « Pavone » de Gio Ponti.
A gauche, suspension « 2072 ‘Jo-jo’ » de Gino Sarfatti. A droite, table Sansone de Gaetano Pesce, accompagnée d’une tapisserie d’Alighiero Boetti et du plafonnier « Pavone » de Gio Ponti. Matthieu Salvaing

Dans l’histoire de l’art italien de l’après-guerre, Boetti, Fontana, Manzoni, De Chirico, Pistoletto, Paladino, Rotella et Pomodoro sont connus, mais les huit autres présents, bien moins. Côté design, parmi 17 altesses de la discipline représentées, seuls Lapo Binazzi et Mario Ceroli sont moins illustres. Finalement, Charles Zana nous démontre que les chaises de bureau (1959) conçues par Carlo Mollino pour la faculté d’architecture de l’École polytechnique de Turin parlaient le même langage que les toiles fendues de la série « Concetto Spaziale, Attese » (1947-1968), de Lucio Fontana. Pointue, cette exposition s’adresse néanmoins à un large public car elle fait appel à notre capacité, à tous, à ressentir et à s’émouvoir…

> « Utopia ». À la galerie Tornabuoni Art, 9, rue Charlot, 75003 Paris, jusqu’au 21 décembre. Tél. : 01 53 53 51 51. Tornabuoniart.com

Charles Zana embrasse le « Large Aphrodisiac Vase » d’Ettore Sottsass.
Charles Zana embrasse le « Large Aphrodisiac Vase » d’Ettore Sottsass. Jacques Pepion