Valie Export et Robert Mapplethorpe : faire « œuvre » de son corps

Dédiées à Valie Export et Robert Mapplethorpe, deux expositions présentent chacune le travail d’un photographe dont l’anatomie sert le propos : point d’exhibitionnisme, mais l’envie de donner de sa personne pour être accepté tel que l’on est.

Comme Robert Mapplethorpe, Valie Export (alias Waltraud Lehner, née en Autriche en 1940) a utilisé son corps comme médium artistique. Sa dernière exposition parisienne, en janvier 2018, portait d’ailleurs un titre « mapplethorpien » : « Body Configurations ». Résultat : elle a hérité de la même réputation sulfureuse que le photographe américain. Son image la plus emblématique, Genitalpanik, la montre regardant fixement l’objectif, l’air revêche.

Ce n’est ni la mitraillette qu’elle tient dans les mains, ni ses pieds nus, ni ses cheveux ébouriffés qui choquent le spectateur, mais son jean découpé à l’entrejambe laissant apparaître son sexe nu. Le tout estampillé d’un « Valie Export » en lettres majuscules, tel un logo. Si la performance et le body art définissent sa pratique, Valie Export crée aussi quantité de films, de vidéos et d’installations. Accompagnés de textes et de documents d’archives inédits, ils complètent cette rétrospective montée par la commissaire Brigitte Huck au Pavillon populaire, à Montpellier, et témoignent de l’indéfectible engagement féministe de leur créatrice.

Aktionshose: Genitalpanik, 1968, de Valie Export.
Aktionshose: Genitalpanik, 1968, de Valie Export. DR

Iconique

Quant à mesurer l’impact du travail de Robert Mapplethorpe (1946-1989) sur l’évolution du portrait et de l’autoportrait, il suffit de traverser l’Atlantique. « Implicit Tensions: Now » est le deuxième volet de l’exposition que le musée Guggenheim lui a consacrée de janvier à juillet, où l’on pouvait admirer les plus iconiques tirages du photographe, telle Louise Bourgeois souriant malicieusement en tenant sa Fillette (une sculpture en forme de pénis), à côté de ses premiers Polaroid, nus, natures mortes florales et représentations de la scène SM.

Self Portrait, 1980, de Robert Mapplethorpe.
Self Portrait, 1980, de Robert Mapplethorpe. © Solomon R. Guggenheim Museum

Cette deuxième partie expose ses clichés les plus novateurs, puisés parmi les 194 images offertes en 1993 par la Robert Mapplethorpe Foundation au musée new-yorkais. Ils seront confrontés à ceux de Paul Mpagi Sepuya, de Catherine Opie, de Zanele Muholi et de Lyle Ashton Harris. Une génération d’artistes dont l’œuvre se différencie autant sur la forme que sur le fond de celle de leur illustre aîné, mais qui n’en revendique pas moins son héritage.

Grace Jones, immortalisée par Robert Mapplethorpe en 1984.
Grace Jones, immortalisée par Robert Mapplethorpe en 1984. © Solomon R. Guggenheim Museum

> « Valie Export. Expanded Arts ». Au Pavillon populaire, esplanade Charles-de-Gaulle, 34000 Montpellier, jusqu’au 12 janvier 2020. Tél. : 04 67 66 13 46.

> « Implicit Tensions: Mapplethorpe Now ». Au musée Guggenheim, à New York, jusqu’au 5 janvier 2020.