Hôtel : Le Ballu plonge Paris dans les Balkans

Un nouvel établissement dans le quartier de la Nouvelle-Athènes ? Tout en cochant les cases de l’hôtellerie trendy, Le Ballu prend pour inspiration un pays imaginaire. Mais passer la frontière ne nécessite aucun passeport…

Dans un quartier qui connut son lot d’artistes et de salons littéraires, la discrète rue Ballu (IXe) occupe encore une place à part, presque en apesanteur de la vie parisienne. Alexandre Dumas fils, Émile Zola et Alfred Jarry y vécurent en leur temps. Tous contèrent l’époque et leurs contemporains à l’aune d’une bulle bourgeoise et effervescente, en marge des boulevards. Aujourd’hui, Julia et Thomas Vidalenc, familiers de projets hôteliers prestigieux (l’Hôtel de Sers notamment), entament un nouveau chapitre professionnel en ouvrant le 4-étoiles de leurs rêves.

Une palette de couleurs intenses, profondes, un mobilier qui privilégie le confort au glamour, soutenu par des lignes sobres à tendance slave du XXe siècle, on est dans un hôtel particulier du IXe arrondissement.
Une palette de couleurs intenses, profondes, un mobilier qui privilégie le confort au glamour, soutenu par des lignes sobres à tendance slave du XXe siècle, on est dans un hôtel particulier du IXe arrondissement. Claire Israel

La maîtresse de maison accomplie et l’architecte passionné de BD choisissent pour inspiration de convoquer la Syldavie et la Bordurie, ces pays imaginaires peuplés d’apparatchiks et de monarques d’opérette, tels que rencontrés dans Le Sceptre d’Ottokar ou L’Affaire Tournesol. Derrière l’insolite façade néoflamande de 1891, que n’aurait pas reniée Hergé, et sans toutefois souscrire à la narration trop folklorique d’un club tintinophile, le clin d’œil porte ici sur cette esthétique des Balkans, période Guerre froide, tout en jouant la carte de l’éclectisme et de la couleur.

Le Ballu est tenu par un couple fan de bande dessinée.
Le Ballu est tenu par un couple fan de bande dessinée. Claire Israel
Au cœur de l’hôtel, dans un écrin de bien-être au design évoquant la Russie des années 60 : un bassin couvert et chauffé et un petit sauna.
Au cœur de l’hôtel, dans un écrin de bien-être au design évoquant la Russie des années 60 : un bassin couvert et chauffé et un petit sauna. Claire Israel

Tendance slave

Tapisserie « relais de chasse », plafonnier-planétarium moderniste et rééditions d’assises signées Niko Kralj, Józef Chierowski ou Roman Modzelewski – designers d’un XXe siècle slave, redécouverts bien au-delà de leurs origines slovène et polonaise –, l’agencement du restaurant et du bar, installés dès l’entrée, s’inspire d’une ligne claire bardée de bois, comme des traits dans des cases.

Restaurant, piscine, terrasses donnant sur les toits de Paris… L’occasion d’expérimenter un certain art de vivre intérieur.
Restaurant, piscine, terrasses donnant sur les toits de Paris… L’occasion d’expérimenter un certain art de vivre intérieur. Claire Israel
Le chef Michaël Riss imagine une cuisine créative et de saison, inspirée de mets traditionnels, élaborée à partir de produits régionaux ou locaux.
Le chef Michaël Riss imagine une cuisine créative et de saison, inspirée de mets traditionnels, élaborée à partir de produits régionaux ou locaux. Claire Israel

Au détour des étages, les 37 clés donnent accès à un nuancier profond (lie-de-vin, jaune canari, émeraude, bleu de Prusse), tandis que les bains cèdent à la tendance terrazzo. Deux appartements, six suites junior et cinq terrasses promènent leur regard vers le zinc et l’ardoise des toits. En bas, le couloir de nage et le sauna se privatisent. Les riverains n’ont eu aucun mal à investir la cour-jardin de cet hôtel particulier autrefois occupé par la Sacem et le Studio des Variétés, respectivement société d’auteurs-compositeurs et studio d’enregistrement. Le fantôme de la Castafiore en moins.

> Le Ballu. 30, rue Ballu, 75009 Paris. Tél. : 01 86 54 21 21.

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