Japon : 10 créateurs français inspirés par le design nippon

Ces 10 designers ont en commun d’avoir vécu une expérience personnelle au Japon qui a durablement imprégné leur pratique, bien au-delà de leur séjour dans l’archipel. Tous semblent dire que c’est du Japon que nous vient aujourd’hui un rappel aux fondamentaux du design.

José Lévy

Depuis son séjour en 2011 à la Villa Kujoyama, José Lévy ne peut plus se passer du Japon.
Depuis son séjour en 2011 à la Villa Kujoyama, José Lévy ne peut plus se passer du Japon. DR

« Le Japon est arrivé très tôt et très naturellement dans ma vie, par la voie familiale. Mes grands-parents avaient créé une entreprise de matériels d’arts martiaux. Ils fabriquaient et importaient toute cette culture japonaise et notamment des tatamis si performants qu’ils sont devenus fournisseurs officiels des J.O. pendant quarante ans. Ils voyageaient beaucoup et collectionnaient, entre autres, de l’art japonais. Très tôt, j’ai su me servir de baguettes pour manger cette nourriture si exotique à l’époque. Mes souvenirs de cette collection d’art ont d’ailleurs été le point de départ de mon projet pour la Villa Kujoyama, et le samouraï – symbole de la Villa aujourd’hui – est un hommage à l’armure qui me fascinait, enfant, dans le salon de mes grands-parents. Le Japon a donc fait partie de mon intimité et a été une matière à rêver, par le biais notamment des kokeshis, ces poupées traditionnelles dont je prépare une version contemporaine et XXL avec Leblon-Delienne. Mais de mon séjour là-bas, je retiens l’omniprésence de la nature et, depuis, j’en ressens un immense besoin. Je partage mon temps de plus en plus entre Paris et la campagne… »


Isabelle Daëron

Isabelle Daëron est également passée par la case résidence au Japon, au CCA Kitakyushu.
Isabelle Daëron est également passée par la case résidence au Japon, au CCA Kitakyushu. DR

« J’ai découvert le Japon dans le cadre d’une résidence de quatre mois au CCA Kitakyushu, un centre d’art contemporain situé sur l’île de Kyushu, au sud de l’archipel. Tellement de choses m’ont étonnée là-bas. L’une des premières a été l’absence de trottoirs, seules des lignes blanches venaient matérialiser la voie réservée aux piétons. J’ai trouvé cela très juste et beaucoup plus économe de ne pas enterrer les flux. J’ai aussi aimé voir les câbles électriques suspendus qui donnent un côté un peu brouillon à la rue… Lors de mon séjour, j’ai appris à remercier les éléments, le Soleil, la mer… Le Japon est comme une amitié qui m’accompagne et me rappelle de porter une attention à chaque chose… A tel point que je me demande parfois si je ne suis pas devenue animiste. Je retourne régulièrement là-bas, surtout depuis que je réalise des vitrines pour Hermès. Je suis d’ailleurs en train de travailler sur les décors de cet été. »


Marie-Christine Dorner

Son tour du monde 1986 n’est pas allé à son terme, la faute au Japon qu’elle n’a pas su quitter…
Son tour du monde 1986 n’est pas allé à son terme, la faute au Japon qu’elle n’a pas su quitter… Nicolas Millet

« Le Japon a été une étape de mon tour du monde en 1986, et l’a stoppé net ! Je m’y suis arrêtée un an et ai dessiné pour l’éditeur IDÉE ma toute première collection de meubles, à Tokyo. J’y ai été impressionnée par la capacité des Japonais à embrasser la modernité sans jamais oublier les traditions et, au-delà, à trouver un équilibre entre les deux, que j’appelle la sérénité. Là-bas, j’ai appris à remercier mes interlocuteurs pour ce qu’ils font, à savoir la conservation d’un artisanat séculaire. Le Japon m’a définitivement sensibilisée à la qualité de la relation entre matériau, usage et forme ; ce qui définit le Mingei, ce mouvement artistique inspiré de l’Arts & Crafts, qui a marqué le Japon du XXe siècle. »