Un chef-d’œuvre de Louis Kahn sauvé de la destruction

On l'a échappé belle !

L’Indian Institute of Management à Ahmedabad, dans l’état du Gujarat, a bien failli commettre l’irréparable en ordonnant la destruction de 16 des 18 dortoirs de son campus signé Louis Kahn. L’héritage de architecte américain, aujourd’hui célébré comme l’un des plus grands constructeurs modernes, a été ardemment défendu par des architectes indiens, les étudiants mais aussi des amateurs du monde entier. On vient de l’apprendre, le projet a été abandonné…

Les ouvertures voûtées de l’université offrent des jeux d’ombres et de lumières uniques dans les espaces intérieurs.
Les ouvertures voûtées de l’université offrent des jeux d’ombres et de lumières uniques dans les espaces intérieurs. DR

C’est un grand ouf de soulagement. Les dortoirs l’Indian Institute of Management à Ahmedabad (IIM-A) signés Louis Kahn ne seront finalement pas rasés, comme initialement annoncé la semaine dernière. Ce chef-d’œuvre de l’architecture moderne est considéré comme le Harvard indien. En 1961, un groupe d’industriels locaux souhaite créer une université sur le modèle américain et en confie la conception à l’architecte new-yorkais Louis Kahn (1901-1974), admirateur de Le Corbusier et aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands bâtisseurs du XXe siècle.

Constitués de façades de briques rouges apposées sur des structures en béton brut, les bâtiments du campus impressionnent par leur gigantisme et leur allure presque monacale. Les puits de lumière percés ici et là offrent d’infinis jeux d’ombre dans les travées de l’université. Sa construction s’est étalée sur plus d’une décennie, au grand malheur de l’architecte américain, décédé brusquement dans une gare new-yorkaise en 1974, alors que son œuvre n’était pas encore achevée.

L’un des dortoirs du campus, dont la destruction a été un temps envisagée.
L’un des dortoirs du campus, dont la destruction a été un temps envisagée. DR

Restaurer plutôt que détruire l’œuvre de Louis Kahn

Il y a quelques jours, l’IMM-A a déclenché un véritable tollé en indiquant souhaiter détruire 16 des 18 dortoirs existants, afin d’en construire de nouveaux et ainsi passer de 500 à 800 lits. En 2017, l’ancienne direction de l’université avait pourtant enclenché un processus de rénovation, contactant même plusieurs agences spécialisées. Le monde de l’architecture s’est indigné de ce revirement de position, estimant que la préservation des édifices patrimoniaux fait partie intégrante de la conservation de l’histoire d’une région. Face à cette fronde menée par des architectes du monde entier, les bâtiments seront finalement conservés. Espérons que le plan de rénovation initial sera rapidement remis sur pied pour redonner une seconde vie à ce projet phare de Louis Kahn.