Courtesy: the artist and GALLERIA CONTINUA Photo by: Sara De Santis

Galleria Continua : le musée dont rêvait Paris ?

C’est la sensation artistique de l'hiver. La Galleria Continua vient d’ouvrir 800 m2 dédiés aux stars de l’art contemporain chez un ancien grossiste en maroquinerie du Marais. Un lieu imaginé comme un chantier permanent par le duo architectes MBL…

Froides, voire intimidantes… Au fil des décennies, les galeries d’art contemporain ont instauré une distance avec le visiteur, excluant de fait le simple amateur. La longueur de la file d’attente devant la Galleria Continua prouve que le white cube n’est plus une fatalité, qu’il est possible de montrer l’art autrement.

Ouverte le 20 janvier 2020 au cœur du Marais, cette galerie italienne représente les plus grands artistes actuels (Ai Weiwei, Kader Attia, JR, Daniel Buren, Anish Kapoor, Leandro Erlich…) dans des cadres hors normes : un ancien cinéma à San Gimignano (Toscane), un espace à la Havane, un complexe sportif à São Paulo ou un hangar en lointaine banlieue parisienne, dans le parc duquel a été construit un skatepark.

Faire le vide autour des œuvres

C’est à l’agence MBL qu’a été confié ce projet fou de skatepark et c’est donc naturellement que la galerie a demandé aux deux architectes Benjamin Lafore et Sebastien Martinez-Barat d’aménager son nouvel espace du Marais. Chez cet ancien maroquinier grossiste, les 800 m2 sont répartis sur deux étages dans un dédale de pièces et couloirs où Galleria Continua a réparti ses œuvres. Le premier accrochage, baptisé « Truc à faire », déroule des pièces sélectionnées par JR. « Nous avons voulu profiter de ce que l’espace nous offrait. Quand les œuvres arrivaient, nous avons fait le vide autour d’elles, tout en nous appuyant sur le contexte. »

Le plafond a été découpé pour permettre d’installer cette sculpture de Pascale Marthine Tayou.
Le plafond a été découpé pour permettre d’installer cette sculpture de Pascale Marthine Tayou. Courtesy: the artist and GALLERIA CONTINUA Photo by: Sara De Santis

C’est ainsi qu’ils ont conservé les étagères en mélaminé blanc et qu’ils ont simplement découpé celles dans lesquelles ils voulaient installer des œuvres. « Nous avons aussi détourné un treillis bleu de chape de béton en élément de scénographie et opéré un carottage dans un mur qui permet de jeter un œil dans l’installation de la pièce d’à côté », énumère Sebastien Martinez-Barat.

« Déconstruire ce que le XXe siècle a construit »

Les architectes ont aussi effectué un gros travail d’upcycling et de « kilomètre zéro ». « Nous avons fabriqué des socles et des meubles à partir d’étagères démontées. Nous allons aussi réaliser une partie du mobilier de la galerie avec des restes du chantier », détaille l’architecte.

La Galleria Continua du Marais est donc conçue comme un work in progress, qui donnera dans les prochains mois l’impression de visiter un chantier… Une des pièces a même été transformée en bureau des architectes que l’on peut visiter. C’est ici que le duo travaille, les différents croquis du projet punaisés au mur de cette pièce qui incarnera la mémoire du lieu. « Nous avons déconstruit ce que le XXe siècle a construit », conclut Sebastien Martinez-Barat.

Des stars de l’art et une épicerie

« Ce projet est né de l’idée de créer un espace accueillant, un cadre convivial, flexible, inclusif, accessible à tout », racontent en chœur Mario Cristiani, Lorenzo Fiaschi et Maurizio Rigillo, les fondateurs du lieu qui en apportent la preuve en installant à l’entrée un espace épicerie où l’on trouve des spécialités des régions du monde où la galerie est installée (Italie, Cuba…). Cela ne semble pas gêner les nombreux visiteurs, qui déambulent avec aisance entre un marbre d’Ai Weiwei, une peinture d’Etel Adnan, un collage de JR, des bouteilles de vin toscan et un réfrigérateur rempli de fromages et charcuteries de Seine-et-Marne…

> Galleria Continua. 87, rue du Temple, 75003 Paris.
> Du mardi au samedi, de 10 heures à 18 heures. Réservation obligatoire. Tél. : 06 74 03 73 65 ou par mail.

Les vitrines de la galerie permettent de saisir un avant-goût de la visite.
Les vitrines de la galerie permettent de saisir un avant-goût de la visite. Courtesy: the artist and GALLERIA CONTINUA Photo by: Sara De Santis
Pour sa première exposition dans son antenne parisienne, la Galleria Continua se paye JR comme curateur. Il est aussi l’auteur de ce collage qui a pris possession de l’espace à l’étage.
Pour sa première exposition dans son antenne parisienne, la Galleria Continua se paye JR comme curateur. Il est aussi l’auteur de ce collage qui a pris possession de l’espace à l’étage. Courtesy: the artist and GALLERIA CONTINUA Photo by: Sara De Santis
Le « Messa a nudo – E » de Michelangelo Pistoletto (2020) accueille les visiteurs.
Le « Messa a nudo – E » de Michelangelo Pistoletto (2020) accueille les visiteurs. Courtesy: the artist and GALLERIA CONTINUA Photo by: Sara De Santis
Deux huiles sur toile d’Etel Adnan ont trouvé place dans les rayonnages de l’ancienne maroquinerie de gros. Elles sont entourées par un treillis de chape de béton, qui sert de fil rouge à l’accrochage.
Deux huiles sur toile d’Etel Adnan ont trouvé place dans les rayonnages de l’ancienne maroquinerie de gros. Elles sont entourées par un treillis de chape de béton, qui sert de fil rouge à l’accrochage. Courtesy: the artist and GALLERIA CONTINUA Photo by: Sara De Santis
Champignon Collection de Nuages de Leandro Erlich (2018), un des temps forts de la visite.
Champignon Collection de Nuages de Leandro Erlich (2018), un des temps forts de la visite. Courtesy: the artist and GALLERIA CONTINUA Photo by: Sara De Santis
Au détour d’un couloir, un collage de JR.
Au détour d’un couloir, un collage de JR. Courtesy: the artist and GALLERIA CONTINUA Photo by: Sara De Santis