Design : Huit assises qui chantent les louanges du recyclage

IDEAT vous présente huit designers qui se sont tournés vers le recyclage pour proposer des assises plus durables et respectueuse de la planète.

1/ Couch-19 de Tobia Zambotti

Le designer italien basé en Islande s’attaque au problème épineux des masques jetables. Indispensables pour lutter contre le Covid-19, ils sont aussi une aberration écologique. Pensé pour un usage unique, cet outil médical ne peut être recyclé à travers un circuit traditionnel. Quand il ne finit pas abandonné dans la nature, il termine son existence « incinéré en émettant des fumées toxiques qui contribuent au réchauffement planétaire », explique le designer. Une préoccupation qu’il a souhaité matérialiser avec le pouf Couch-19. Formé de larges sacs de PVC transparents, il est rembourré avec des masques collectés dans les communes de Pergine Valsugana et Trento en Italie, puis désinfectés à l’ozone. La forme irrégulière du sofa Couch-19 et le bleu polaire des masques évoquent un iceberg, l’une des icônes les plus tristement célèbres du réchauffement climatique.
> Plus d’informations sur le site de Tobia Zambotti.

Tobia Zambotti sur son canapé Couch-19.
Tobia Zambotti sur son canapé Couch-19. DR
Le canapé aux faux airs d’iceberg permet de recycler des masques en Italie.
Le canapé aux faux airs d’iceberg permet de recycler des masques en Italie. DR

2/ Stack and Stack de Haneul Kim

Tout aussi inquiet du nombre astronomique de masques à usage unique jetés dans la nature, le Sud-Coréen s’est demandé ce qu’il pouvait faire en tant que designer. Constatant qu’exposés à l’air chaud, les fameux masques fondaient pour créer, une fois secs, un plastique dur et résistant, il s’est lancé dans la conception de tabourets. Sans ajout d’encre, les meubles créés par l’étudiant sortent du moule avec un aspect marbré, qui dépend uniquement des couleurs des fameux masques. 1 500 sont nécessaires à la fabrication d’un seul tabouret.

Chacun des tabourets de Haneul Kim permet le recyclage de 1500 masques « jetables ».
Chacun des tabourets de Haneul Kim permet le recyclage de 1500 masques « jetables ». DR
Le rendu est aléatoire car dépendant des masques utilisés.
Le rendu est aléatoire car dépendant des masques utilisés. DR

3/ Sustainable Ten par Argot Studio

Basée à Pantin, Eimear Ryan, la designer irlandaise d’Argot Studio, a profité du premier confinement pour approfondir un projet de recherche. « L’objectif était de découvrir des matériaux intéressants et innovants hautement durables que nous pourrions trouver et utiliser pour réaliser nos créations. Nous avons choisi dix chaises dessinées par le studio et nous nous sommes mis au travail pour découvrir et appliquer ces étranges et merveilleux matériaux », explique-t-elle. Parmi les matières utilisées : des déchets issus de la production de porcelaine, du rotin, des écailles de poissons, des champignons ou encore des vêtements mis au rebut, qui une fois comprimés, peuvent être utilisés dans le cadre de la fabrication de meubles. Mention spéciale à l’assise faite de verre recyclé, dont la texture évoque à la fois l’eau et la glace.

Dix chaises du Studio Argot qui explorent autant de matériaux propres.
Dix chaises du Studio Argot qui explorent autant de matériaux propres. DR
Chaise Tasman en verre recyclé.
Chaise Tasman en verre recyclé. Argot Studio

4/ Balenciaga Sofa de Harry Nuriev

Même sonnette d’alarme chez l’architecte et artiste Harry Nuriev du studio Crosby Studios. A l’occasion d’une collaboration avec Balenciaga, le créateur plaide pour la responsabilité environnementale en donnant une seconde vie à des vêtements griffés. Endommagés ou invendables, chutes provenant de stocks obsolètes de la prestigieuse maison de mode, les voici réincarnés dans un canapé à capitons, habillé d’un vinyle transparent, lui aussi initialement mis au rebut.

Canapé de Harry Nuriev, rembourré avec des vêtements Balenciaga issu du recyclage.
Canapé de Harry Nuriev, rembourré avec des vêtements Balenciaga issu du recyclage. DR

5/ LC2 et LC3 Grand Confort Durable de Le Corbusier, Jeanneret et Perriand

Véritable icônes du design du XXe siècle, les LC2 et LC3 se sont offert une cure de jouvence en s’habillant de nouvelles matières plus respectueuses de l’environnement. Leur éditeur, la maison italienne Cassina, a choisi une fibre recyclée produite par Plastic Bank, un projet canadien qui lutte contre la pollution des mers et la pauvreté dans les communautés côtières des océans. Leur objectif ? Transformer les déchets en ressource. Ceux prélevés dans les mers renaissent sous forme de Social Plastic®. 130 bouteilles en plastique récupérées sont utilisées pour créer la fibre en plastique recyclé utilisée pour le rembourrage d’un LC3.

Apparemment, rien ne change pour les fauteuils LC2 et LC3…
Apparemment, rien ne change pour les fauteuils LC2 et LC3… Cassina
En réalité, le rembourrage est fait à partir d’un matériau issu du recyclage de bouteilles en plastique.
En réalité, le rembourrage est fait à partir d’un matériau issu du recyclage de bouteilles en plastique. DR

6/ Mother of pearl de Plasticiet

Donner ses lettres de noblesse au plastique recyclé, c’est la mission que s’est donnée la start-up néerlandaise Plasticiet. Un essai transformé avec sa collection « Mother of Pearl », qu’elle décline à travers une chaise, un tabouret et une étagère, tout en reflets, suggérant ceux de la nacre. La série est fabriquée à partir de dalles de polycarbonate recyclé, aux tonalités argentées et aux motifs organiques, rappelant le matériau naturel qui a donné son nom à la collection. Pour créer le dessin marbré ou nacré, la matière est fondue, puis pétrie lorsqu’elle est encore chaude. Cette technique de fabrication est très similaire à celle… du sucre pour les bonbons ! Au cours de ce processus, la substance est étirée et pliée de nombreuses fois. Les minuscules bulles d’air capturées dans le plastique translucide reflètent alors la lumière, ce qui lui donne une lueur irisée. Chaque dalle est moulée individuellement avant d’être reliée à une autre. Quant au design des meubles, il a été inspiré par des artefacts en pierre des hommes du Néolithique.

Chaise réalisée en polycarbonate issu du recyclage.
Chaise réalisée en polycarbonate issu du recyclage. DR
Un matériau qui se décline aussi en étagère.
Un matériau qui se décline aussi en étagère. DR

7/ Evolve Chair de Tom Robinson

Le Britannique Tom Robinson s’est lui aussi plié à l’exercice en se penchant sur le recyclage des déchets électroniques. En 2019, 54 millions de tonnes de déchets informatiques ont été produites, soit le plus gros flux de croissance de déchets dans le monde. Un chiffre qui devrait atteindre les 73 millions d’ici 2030, rapporte le designer. Celui-ci s’est décidé à faire de tout ce plastique noir, une matière qui s’approcherait visuellement du bois ou de la pierre, et donc bien plus désirable dans nos intérieurs. Son Evolve Chair, conçue dans la matière en question, adopte une forme géométrique minimaliste avec des coins arrondis, qui semblent être un clin d’œil à celle des ordinateurs portables et claviers.

La chaise Evolve de Tom Robinson évoque les formes du matériel informatique dont elle est issue.
La chaise Evolve de Tom Robinson évoque les formes du matériel informatique dont elle est issue. DR

8/ N02 « Recycle » de Nendo 

Même combat pour le designer prodige Nendo qui s’associe avec Fritz Hansen, autour d’une chaise conçue à 100 % en plastique recyclé. Recyclable par la suite, cette matière provient de déchets ménagers obtenus à partir de plastiques collectés, traités et recyclés en Europe centrale, afin de réduire les transports. Côté couleur, la coque en plastique, inspirée par le pli d’une feuille de papier posée sur le bureau du designer, s’aventure dans sept coloris chauds et terreux « que l’on retrouve dans la nature scandinave ».

Oki Sato (Nendo) aux côtés de sa N02 « Recycle », issue du recyclage du plastique (Fritz Hansen).
Oki Sato (Nendo) aux côtés de sa N02 « Recycle », issue du recyclage du plastique (Fritz Hansen). DR
Restaurant équipé de la N02 « Recycle ».
Restaurant équipé de la N02 « Recycle ». DR