Paris : 5 restos un peu fous qui ont ouvert avant le déconfinement

« Elle ouvre un restau au meilleur timing possible » titrait l'un d'eux avant son inauguration. À quelques semaines - voire mois - d'un déconfinement providentiel, une poignée de courageux restaurateurs ont fait le pari de débuter l'aventure sur la base du take-away. Si les décors sont prometteurs, ce sont en premier lieu leurs gourmandises encartonnée qui nous ont séduit.

En donnant un coup de fouet à la scène gastronomique parisienne en ce début d’année 2021, ces 5 restaurants ont pris des risques. Entre bravoure et folie, ils se sont lancés dans l’aventure sans pouvoir accueillir de clients dans leur salle. Pourtant, à grands renforts d’ingéniosité en cuisine, ils ont déjà séduit les Parisiens, qui squattent leurs trottoirs en attendant leur commande plutôt que leur place à table. En attendant bien sûr le retour à la normale avec le déconfinement…


Gomi : le grand saut dans la Méditerranée

Clémence Gommy devant son restaurant.
Clémence Gommy devant son restaurant. GeraldineMartens

C’est la première à nous avoir étonné. Alors que les agapes de Noël disparaissaient tout juste de nos mémoires – et de nos organismes –, Clémence Gommy, elle, fignolait les derniers détails de son menu et de sa déco. La pandémie ne faisait bien sûr pas partie de ses plans mais elle n’a pas stoppé son ambition d’offrir à Paris sa vision du lifestyle méditerranéen.

La salle est à tomber : l’architecte Pablo Goury y a multiplié les clins d’œil au Sud avec des murs et banquettes maçonnées recouvertes de chaux blanche, un sol en ciment blanc vernis incrusté de marbre rose, des niches ornées de poteries, un plafond en cannage… En levant la tête, les plus avertis reconnaîtront le fameux grand chapeau de paille Jacquemus détourné en abat-jour ! L’assiette est tout aussi satisfaite avec des plats ultra-frais qui invitent au voyage.

> Gomi. 3, rue de Mulhouse, 75002 Paris. 


Pantobaguette : ambiance électrique

Ne vous y fiez pas, chez Pantobaguette, tout ne se déguste pas avec des… baguettes !
Ne vous y fiez pas, chez Pantobaguette, tout ne se déguste pas avec des… baguettes ! Thomas Jaspers

Le collectif Animal Records & Kitchen pose ses platines pour une nouvelle fiesta qui va réveiller ses voisins du XVIIIe. Avec comme performeur en chef le cuistot Antonin Girard (EP7, Lolo…), la bande a orchestré un show retentissant pour le lancement de son offre à emporter. Bouchées pointues et affichage sauvage dans les rues de Paris ont donc lancé le concept Pantobaguette en février 2021.

Le succès fut largement partagé sur les réseaux sociaux… et largement mérité. Si l’on a lorgné sur la salle du restaurant, ambiance feutrée avec cabine de DJ, les saveurs que contenaient nos boîtes take-away : une taloa (sorte de tortilla basque), des poireaux-vinaigrettes brûlés et un burger au pulled-pork. Des plats qui invitent la fête sur nos papilles.

> Pantobaguette. 16, rue Eugène-Sue, 75018 Paris.


Shosh : Jérusalem dans la poche

Un sandwich signé Shosh, avant/après.
Un sandwich signé Shosh, avant/après. Ilyafoodstory

Assaf Granit, Dan Yosha, Uri Navon et Tomer Lanzman avaient déjà remué Paris avec leur taverne Shabour, récemment étoilée. Alors que le restaurant reste muet depuis le confinement, les trois compères ont surpris les foodies de la capitale en rouvrant leurs portes du jour au lendemain.

Toujours avec le son au max, la cuisine s’agite autour de son chef à cadence effrénée pour suivre la multitude de commandes générées par l’annonce. Le cap reste sur Jérusalem, mais c’est une grand-mère (appelons-la Shoshana, ou Shosh’) qui a inspiré la courte mais savoureuse carte de ce spin-off. En réduisant son menu à seulement deux sandwiches (Havita le végétarien et Sofrito au poulet), Shosh s’offre le luxe de travailler un produit de grande qualité, monté entre deux tranches de pain, une création maison entre pain de mie et la challah, sans dévoiler la mouture de sa future épicerie. Celle-ci poussera dans le quartier nous promet-on, au quatrième trimestre 2021.

> Shosh. 19, rue Saint-Sauveur, 75002 Paris (jusqu’à la réouverture de Shabour) et en partenariat exclusif avec Deliveroo.


Ya Bayté : une ode au Liban

Un conseil : n’attendez pas le déconfinement pour succomber aux saveurs de Ya Bayté.
Un conseil : n’attendez pas le déconfinement pour succomber aux saveurs de Ya Bayté. Food2Vous

Imad et Carole Kanaan remettent le couvert avec Ya Bayté, interprétation street-food des codes qui ont fait le succès de leur précédent opus, Hébé : les saveurs du Liban, une décoration par leurs compatriotes de Kann Design et un accueil chaleureux à toute épreuve, même de la pluie !

La cuisine, elle, est désormais régie par le chef Karim Haidar, à l’origine de belles réussites telles que Liza. Si l’on boude les couverts pour se faire plaisir du bout des doigts, street-food oblige, le raffinement se décline chez Ya Bayté dans sa décoration, sobre mais efficace, créée sur-mesure jusqu’à son mobilier. Une terrasse complète ce beau conte de déconfinement. On s’y voit donc bientôt…

> Ya Bayté. 1, rue des Grands-Degrés, 75005 Paris.


Kiosk : l’éco-responsabilité pure et dure

Que du bon et du bio dans l’écrin de Kiosk.
Que du bon et du bio dans l’écrin de Kiosk. DR

« Elle ouvre un restau au meilleur timing possible ». C’est la pointe d’humour qui tapissait la vitrine de Kiosk avant son ouverture. Depuis, la file d’attente ne désemplit pas. Dans un petit local aux abords des Grands Boulevards, c’est une cuisine résolument tournée vers le futur que proposent Elisa, jeune entrepreneuse en reconversion, et sa cheffe Claire.

Si l’assiette n’a rien de moléculaire, c’est la démarche qui vise loin. Zéro-déchet, petits producteurs, bio, recyclage… Aucune des cases de l’éco-responsabilité n’a été laissée vierge par le duo. De la salle, minimaliste et minérale, aux fourneaux, Kiosk se prévaut d’une éthique impeccable sans laisser de côté le goût et le beau. Chapeau !

> Kiosk. 18, rue Saint-Fiacre, 75002 Paris.