A Arles, l’Arlatan fait exploser la couleur !

Kaléidoscope géant, profusion chromatique, grand écart entre architecture Renaissance et design contemporain, le palais comtal se réinvente en hôtel postmoderne : L'Arlatan. Une œuvre d’art totale qui ne laisse jamais indifférent.

Difficile de parler d’Arles et d’art contemporain sans évoquer Maja Hoffmann, devenue, en moins d’une décennie, une figure tutélaire. À travers sa fondation Luma, archipel culturel où arts visuels et lifestyle cultivent le goût de l’avant-garde, la constellation s’est aussi enrichie de performances hôtelières.

Le Cloître, adossé à l’église Saint-Trophime ; La Chassagnette, table bucolique ; puis L’Arlatan, au terme de trois ans de travaux ; et, plus récemment, le légendaire Grand Hôtel Nord-Pinus. Lorsque la mécène helvète rachète l’hôtel L’Arlatan en 2014, celui-ci n’est ni plus ni moins qu’un hôtel de tourisme avec de beaux restes Renaissance sur fond de vestiges romains et gothiques. Un patrimoine convoité et surveillé par les architectes des Bâtiments de France.

Le palais comtal renaît par la couleur

Très vite, le projet trouve des échos dans l’œuvre totale que l’artiste américano-cubain Jorge Pardo a construite à Tecoh, dans le Yucatán. « J’aime brouiller les frontières entre l’art et la vie, l’esthétique et la fonction, en utilisant quantité de médiums différents afin que l’on ne puisse jamais dire où l’œuvre commence, où elle se termine ou ce qu’elle comprend précisément », résume le plasticien californien d’origine cubaine, basé au Mexique.

Dépoussiéré, l’ADN du palais comtal repose donc à nouveau sur la couleur, en mémoire de Jean d’Arlatan de Beaumont, anobli par le roi René (1409-1480) pour avoir libéré la plaine de la Crau d’une bestiole qui ravagea les chênes kermès, dont on tirait la cochenille, la base du vermillon provençal.

L’Arlatan, un kaléidoscope géant

La couleur que, grâce à la mosaïque, Jorge Pardo a replacée au cœur du dispositif architectural : dix-huit teintes, deux millions de tesselles, onze tailles différentes, soit 6 000 m2 de sols et de murs calepinés d’après un dessin numérique, en regard des plafonds en bois peint, de l’escalier à vis et des fenêtres à meneaux Renaissance.

S’ajoutent à ce kaléidoscope géant, une dentelle de métal découpée au laser, une cascade de lanternes multicolores, du mobilier sur mesure en bois tropical, des portes et panneaux peints en hommage à Van Gogh. Bref, une expérience camarguaise qui déboussole. 

> L’Arlatan. 20 Rue du Sauvage, 13200 Arles. Tél. : 04 65 88 20 20.

L’Arlatan, bien plus qu’un hôtel, un kaléidoscope.
L’Arlatan, bien plus qu’un hôtel, un kaléidoscope. Didier Delmas
Un joyaux de la Renaissance, sublimé par l’architecte américano-cubain Jorge Pardo.
Un joyaux de la Renaissance, sublimé par l’architecte américano-cubain Jorge Pardo. Didier Delmas
Collectionneuse de mobilier XXe siècle, Maja Hoffmann disperse quelques-uns de ses trésors dans les espaces de l’hôtel.
Collectionneuse de mobilier XXe siècle, Maja Hoffmann disperse quelques-uns de ses trésors dans les espaces de l’hôtel. Didier Delmas