A Nantes, le FRAC dévoile une nouvelle extension signée CLAAS Architectes

Le fonds régional d'art contemporain Pays de la Loire vient de s'implanter dans un des fameux hangars de l'île de Nantes. À la manette, CLAAS Architectes, studio qu'IDEAT a rencontré.

Le FRAC Pays de la Loire vient de prendre possession d’un nouveau bâtiment situé quai des Antilles, à Nantes. Ce lieu entièrement dédié à l’art contemporain a pour ambition de donner de la visibilité à des artistes émergents autant qu’à des créateurs renommés. Sa directrice, Laurence Gateau, souligne d’ailleurs sa volonté de régulièrement attribuer des cartes blanches à des artistes et commissaires indépendants.

Un bâtiment immaculé posé sur l’île de Nantes

Tout a commencé par un concours lancé par la région Pays de la Loire, que remporte Michel Bazantay avec son cabinet CLAAS. « C’est lui qui a le mieux répondu aux besoins du cahier des charges », plaide Laurence Gateau. De cet ancien hangar à banane, vestige du commerce triangulaire, l’architecte a récupéré les alvéoles pour concevoir un lieu qui, par sa blancheur immaculée, se distingue des autres bâtiments des quais de Loire. La charte graphique a été confiée à Mathias Schweizer et la conception du mobilier au collectif Fichtre.


Vous avez d’emblée exprimé votre volonté de neutralité chromatique pour ce bâtiment…
Michel Bazantay
: Oui, L’origine du lieu, c’est une alvéole, une trame avec des poteaux de part et d’autres. On aperçoit toujours les poutres centrale et latérale d’origine en béton. L’idée était de ne pas cultiver l’esprit industriel, avec le béton brut apparent. Malgré tout, il y a toute la partie technique qui est visible sur l’architecture, avec les sondes, trames et capteurs. Il était donc essentiel de dissimuler toutes les parties techniques, de tout cacher dans dans les plafonds et cloisons.

Avec son blanc omniprésent, cette architecture est-elle conçue pour pouvoir s’adapter aux besoins d’une exposition ?
L’idée était que le lieu soit prêt à accueillir toutes les formes d’expression artistique : des expositions, mais aussi des performances, des petits concerts… La demande du FRAC était de pouvoir l’ouvrir à tous les médiums.

Vue de l’infrastructure donnant sur la Loire et plan de couple du Frac, avec à l’étage les bureaux.
Vue de l’infrastructure donnant sur la Loire et plan de couple du Frac, avec à l’étage les bureaux. Air studio / studio-class

Comment avez-vous appréhendé sa superficie ?
Le lieu n’est pas si grand, 300 m2 au sol environ. Sur un bâtiment très grand, on peut développer une écriture bavarde et brute, mais c’est impossible sur une galerie plus petite. Il fallait absolument créer un contraste fort avec élégance et épure. Ce nouveau lieu veut se démarquer par la singularité de son architecture.

Une architecture à la fois fonctionnelle et technique

Cette singularité de l’architecture passe par des petits détails …
Oui, il y a ceux en parties basses, très peu visibles, qui permettent de dissimuler tous les câbles. De la même façon, j’ai dessiné des trames parallèles à la Loire, qui viennent graphiquement accompagner le plafond et lui éviter un côté complètement lisse.

La lumière au service du FRAC

Comment s’articule le sytème d’éclairage ?
Il y a tout d’abord l’éclairage naturel. Tous les lanterneaux au plafond ont été conservés et rénovés. Un dispositif permet aussi d’occulter entièrement la salle grâce à des volets roulants. L’été,  le soleil au zénith peut être un facteur dérangeant pour certaines œuvres et on voulait faire preuve de flexibilité pour proposer une atmosphère différente en fonction de l’accrochage.

Le plafond du FRAC comprend les rails de spot, la climatisation/ventilation et les rames pour l’éclairage.
Le plafond du FRAC comprend les rails de spot, la climatisation/ventilation et les rames pour l’éclairage. Alyson Fortes Semedo

Quelle est la composition de ce sol gris clair ?
À l’origine, il y avait des dalles de béton. Une résine industrielle a été coulé par dessus. Celle-ci a cette particularité de pouvoir supporter de lourdes charges. C’était nécessaire car certaines œuvres nécessitent un sol résistant. L’une des demandes du FRAC était aussi  que l’on puisse utiliser des nacelles pour la mise en place des œuvres. Un parquet n’était donc pas envisageable…

Un mobilier en écho à son architecture

Le mobilier blanc communique étroitement avec le lieu…
Oui, nous le devons aux designers de Fichtre qui l’ont conçu dans la continuité de l’architecture : simple, sobre et lumineux, au service des œuvres et des artistes.

Ce lieu est tout en ouvertures…
Nous avons fait le choix de retirer la paroi intermédiaire qui permettait d’avoir un sas. Cette grande baie vitrée n’a pas été remplacée mais nous l’avons fixée pour des raisons thermiques et de sécurité des œuvres. À l’arrière, nous avons remplacé les menuiseries pour pouvoir faire entrer les œuvres tout en respectant l’ensemble architectural. C’est un bâtiment patrimoine, l’Architecte des Bâtiments de France a donc un droit de regard sur les transformations…

> FRAC Nantes, 21 quai des Antilles 44000 Nantes, Tel : 02 28 01 50 00. Du mercredi au vendredi, de 13h à 18h, et le week-end de 13h à 19h. fracdespaysdelaloire.com

Le mobilier est conçu par le collectif de designers Fischtre. Pour le FRAC, ils ont conçu cette large table prévu pour les visiteurs ou groupes pédagogiques ainsi que les tabourets et étagères.
Le mobilier est conçu par le collectif de designers Fischtre. Pour le FRAC, ils ont conçu cette large table prévu pour les visiteurs ou groupes pédagogiques ainsi que les tabourets et étagères. Alyson Fortes Semedo
Vue de l’exposition « La Ruta Natural – Rinus Van de Velde » avec une sélection d’œuvres de Kati Heck.
Vue de l’exposition « La Ruta Natural – Rinus Van de Velde » avec une sélection d’œuvres de Kati Heck. Alyson Fortes Semedo
La neutralité du bâtiment permet de mettre en valeur le travail des artistes exposés.
La neutralité du bâtiment permet de mettre en valeur le travail des artistes exposés. Alyson Fortes Semedo