L’Amazonie de Sebastião Salgado s’invite à Paris pour deux expositions

Pendant six ans, Sebastião Salgado a sillonné les profondeurs de la jungle, tel un explorateur. Lors de ce périple, le photographe a capturé la quiétude du paysage amazonien et des communautés qui l’habitent. Ces images, d’un noir et blanc extrêmement pur, restituent à merveille l’opulence de la Nature. Retour sur ses clichés poignants, témoins de la richesse des communautés indigènes, qui s'exposeront successivement à la Galerie Polka et à la Philharmonie de Paris.

Ancien économiste, Sebastião Salgado voit sa vie basculer lorsqu’il décide, en 1973, d’abandonner son métier et de partir à la découverte du monde. Héritant de l’essor du photojournalisme, il devient rapidement une légende de la photographie humaniste et sociale.

Salgado a toujours éprouvé un amour intime pour notre planète. Sa curiosité fougueuse et son besoin vital de transmission l’ont mené à parcourir des vallées quasi-inaccessibles, immaculées. Des vues vertigineuses, entre ciel et terre, qui rendent compte de l’accablante beauté de l’Amazonie.

Amazônia, la nouvelle exposition de Sebastião Salgado

Le photographe brésilien s’enfonce dans l’abîme de ce somptueux labyrinthe végétal et part à la rencontre des tribus amazoniennes assez reculées. Témoignant d’un immense respect pour les cultures menacées d’extinction, ce projet s’érige comme une supplication, comme un appel à arrêter urgemment la déforestation massive et la surexploitation des ressources.

Intérieur de la hutte principale du village Maronal. Territoire Indigène de la vallée de Javari. Etat d’Amazonas, Brésil, 1998 © Sebastiao Salgado
Intérieur de la hutte principale du village Maronal. Territoire Indigène de la vallée de Javari. Etat d’Amazonas, Brésil, 1998 © Sebastiao Salgado sebastiao-salgado

Dans un désir de retour à la Nature, Salgado a vécu parmi une dizaine de tribus, surpris lui-même de sa rapide adaptation. Son intervention reste très discrète. L’infatigable voyageur a réussi à approcher plus d’une dizaine de tribus indigènes, pour finalement les prendre comme modèles : les Ashaninka, les Zuruahā, les Korubo, les Kamayura… afin de documenter leur quotidien et l’authenticité de leurs liens.

Un message puissant

Des portraits déchirants, le regard cloué à l’objectif, des scènes de chasse, de pêche, des moments de partage, de danses… Tels sont les rites que Salgado a suivis tout le long de cette aventure. Les maquillages soigneusement exécutés et les coiffures agrémentées de plumes sont éblouissants. On imagine leur couleur. Mais l’austérité des teintes noires, blanches et grises siéent parfaitement à la puissance du message.

Indiennes Zuruahã, État d’Amazonas, Brésil, 2017
Indiennes Zuruahã, État d’Amazonas, Brésil, 2017 sebastiao-salgado

Là où le territoire n’a pas encore été altéré par la surcroissance prônée par le gouvernement, Salgado revendique l’impérative cessation de toute activité pouvant nuire à ces peuples. « Amazônia » traduit aussi la fragilité et la destruction hâtive de cette immense région paradisiaque.

Archipel fluvial de Mariuá, Rio Negro, État d’Amazonas, Brésil, 2019 © Sebastiao Salgado
Archipel fluvial de Mariuá, Rio Negro, État d’Amazonas, Brésil, 2019 © Sebastiao Salgado sebastiao-salgado

> Amazônia, La Dernière Frontière. Par Sebastião Salgado. À découvrir jusqu’au 11 septembre 2021 à la Galerie Polka. Cour de Venise, 12 Rue Saint-Gilles 75003 Paris.
> Amazônia, avec une création musicale de Jean-Michel Jarre, jusqu’au 31 octobre à la Philharmonie de Paris. 221 Avenue Jean Jaurès, 75019 Paris