Le renouveau culturel et architectural de Nice

Française depuis un siècle et demi seulement, Nice est riche d’une pluralité culturelle héritée non seulement de l’Italie, mais aussi d’un contexte géographique qui la place littéralement entre mer et montagne. Avec un aéroport desservant des destinations aux quatre coins du monde, la ville bénéficie d’une aura internationale que l’on a tendance à sous-évaluer depuis la France. Et si la capitale des Alpes maritimes était en train de sortir de sa zone de confort pour faire valoir tous les atouts culturels dont elle dispose ?

Une ville dans l’air du temps

Enfin, si la ville affiche la deuxième capacité hôtelière de France, elle ne s’est pas affranchie d’un état des lieux qui l’incite aujourd’hui à reconsidérer son paysage en ce domaine. « À l’horizon 2024, plusieurs groupes, comme Maison Albar, Anantara, Mama Shelter… vont s’implanter en ville avec une offre résolument dans l’air du temps, tant du point de vue du design que de celui des services proposés », souligne-t-on à l’office de tourisme. Et, d’une certaine manière, emboîter le pas à l’Hôtel Amour, dont l’esprit bohème chic connaît un franc succès.

Le projet, qui prendra forme au sein du couvent de la Visitation, risque lui aussi d’attirer l’attention par son approche, plutôt décalée pour un 5-étoiles. « Nous allons enfin pouvoir rénover l’édifice selon les méthodes originelles de construction afin de fournir aux clients une expérience de séjour avant tout basée sur leur rapport au lieu. L’adresse remplira le cahier des charges d’un établissement haut de gamme et, en même temps, sera ouverte à quiconque souhaite venir boire un café ou se promener dans les incroyables jardins, jusqu’à présent cachés des regards », explique l’architecte Louis-Antoine Grégo, chargé de mener à bien le chantier, pour une inauguration prévue en 2023.

Des lieux de diffusion artistique

Le calendrier est sensiblement le même pour la fin de la transformation des anciens abattoirs, dans le nord-est de la ville, qu’une friche culturelle baptisée Le 109 occupe déjà. « Ce lieu de production et de diffusion artistique va prendre une nouvelle ampleur dès lors que la déchetterie voisine sera remplacée par un programme d’habitations », explique l’artiste Cédric Teisseire, à la tête de La Station, lieu d’art qui fut l’un des premiers à investir Le 109, en 2009. Dans le même temps, à l’ouest de la ville, c’est un chantier autrement plus vaste qui est en train de prendre forme et d’en redessiner la géographie.

Celui de l’Écovallée qui, depuis l’aéroport, va se déployer dans la plaine du Var, avec pour mot d’ordre de faire rimer écologie avec économies. « Cette zone de 10 000 hectares est le dernier territoire où il est possible d’intervenir dans le paysage niçois sans tout bousculer. Ici, tout va être mis en œuvre pour ne pas dissocier habitat, lieux de travail, éducation, loisirs et culture, afin d’accueillir les 30 000 nouveaux habitants ainsi que les 50000 emplois envisagés. Le tout évidemment en répondant à des ambitions de développement durable », souligne Sarah Bellier, directrice générale de l’EPA Nice Écovallée.

Nice, une ville nouvelle

S’il s’agit d’un projet qui va encore s’amplifier durant plus de dix ans, les premiers aménagements sont d’ores et déjà palpables à travers des réalisations urbanistiques et architecturales dans les quartiers du Grand Arénas et des Myriades, signées François Leclercq, Marc Barani, Architecture Studio… Et surtout, cette « ville nouvelle » est déjà parfaitement reliée au cœur historique de Nice par les lignes de tramway qui desservent aussi l’aéroport : « Imaginez, à moyen terme, ce quartier comme un pôle d’échanges multimodal où se croiseront l’autoroute, le tramway, une gare TGV et l’aéroport. »

Depuis la colline du château, vue plongeante sur le cours Saleya, les Terrasses vieilles (1731) et les Terrasses neuves (1839) de la cité du Parc, rebaptisée récemment cours Jacques-Chirac.
Depuis la colline du château, vue plongeante sur le cours Saleya, les Terrasses vieilles (1731) et les Terrasses neuves (1839) de la cité du Parc, rebaptisée récemment cours Jacques-Chirac. Photos Florent Borgna et Eliana Sini

Entre mer et plages

Et, bien sûr, à deux pas de la mer et des plages, comme à quelques dizaines de kilomètres des sentiers de montagne, voire des pistes de ski en hiver. Alors, à ceux qui pensaient encore que Nice était la destination idéale pour passer de vieux jours heureux… oui. Au détail près qu’il faut retirer l’adjectif « vieux ». Ce nouvel esprit de villégiature se combinerait plutôt avec une activité professionnelle qui sait pleinement tirer parti de la qualité du cadre de vie offert. Ce que Nice s’efforce de mettre en œuvre pour séduire les actifs, aussi sensibles à l’idée de s’épanouir derrière un écran que dans une salle d’exposition ou de spectacle, à moins que ce ne soit sur la selle d’un vélo ou tout simplement sur un drap de bain.

> En TGV, depuis Paris, gare de Lyon, il faut compter un peu moins de 6 h pour rallier Nice. Aller simple à partir  de 19 € (Oui.sncf).
Les plus pressés prendront l’avion, 1 h 30 de vol, avec Air France (Airfrance.fr) ou EasyJet (Easyjet.com). Nombreuses rotations au départ de Paris–Orly et de Paris–Charles  de Gaulle. Aller simple à partir de 35 €.

> À lire, La Promesse de l’aube, évidemment, de Romain Gary, où le double Prix Goncourt revient sur son enfance niçoise.

Le Vieux-Nice et son urbanisme hérité du royaume de Piémont-Sardaigne.
Le Vieux-Nice et son urbanisme hérité du royaume de Piémont-Sardaigne. Florent Borgna et Eliana Sini