Musique & Design : Les trois meubles essentiels de Cléa Vincent

Pour fêter l’été, IDEAT invite la fine fleur de la musique actuelle à quitter son univers sonore le temps d’une entrevue. Le programme ? Évoquer son rapport au design et à la décoration d’intérieur à travers une short-list de trois pièces finement sélectionnées. Cette semaine, c’est Cléa Vincent et sa pop française sucrée qui nous a listé ses trois essentiels.

« La déco ? C’est venu un peu sur le tard » avoue Cléa Vincent. « J’ai grandi dans une ambiance un peu japonisante. Ma mère a vécu pendant assez longtemps au Japon, où elle a développé cet esprit très, très minimaliste. Je n’ai donc pas vraiment grandi dans l’accumulation d’objets ou de meubles etc, mais au contraire dans une ambiance très épurée. Et c’est assez tard, quand j’ai pu vivre de façon indépendante, quand j’ai pu payer mon loyer que j’ai vraiment pu commencer à m’intéresser à la façon de meubler mon appartement. J’ai toujours été sensible aux objets de voyage, aux souvenirs, mais cela n’était jamais vraiment accès sur le design. »

Et c’est via la musique que son goût pour l’objet est enfin né. « C’est venu avec les instruments, surtout dans les pianos électriques qui sont apparus dans les années 1950, époque où il y avait vraiment une recherche de design. Je m’en suis acheté un très beau, et j’ai par la suite eu envie de l’associer avec ce qui l’entourait, tout en conservant un esprit minimaliste. En effet, pour écrire des chansons, j’ai besoin de me sentir un peu à nue. J’ai besoin de pouvoir plonger mon regard au loin, sans ressentir trop de charge émotionnelle ou d’objets. »

1) Un “Wurlitzer 200A” par Paul Fuller

« C’est d’ailleurs la famille Wurlitzer qui a commercialisé les premiers jukeboxes. Ils ont fait appel à des inventeurs et à des designers, qui ont entre autres donné naissance à ce piano électrique, le premier piano transportable ! On peut facilement le plier et voyager avec. Il est apparu aux Etats-Unis dans les années 1950. Déjà le design était super beau avec des pieds en bois vachement bien dessinés. Le mien c’est le modèle 200A qui date des années 1970, il est noir, gris, très seventies dans les dessin. Je suis allée le chercher dans le Gers en voiture, c’était une seconde main. Initialement, il a été acheté au Piano Center de La Garenne-Colombes en 1979. C’est amusant, car c’est là où j’ai grandi, et c’est dans cette boutique où j’ai acheté mon tout premier piano. C’est comme une espèce de fil de la vie un peu marrant ! Il fonctionne avec des lames en métal qui vibrent et des petits haut-parleurs intégrés. Pour les gens à l’époque, ça devait être dingue de pouvoir se promener avec son instrument. C’était très utilisé pour les concerts, car plus pratique que les gros pianos à transporter. Je sais que Ray Charles et Supertramp ont beaucoup joué dessus. Je trouve qu’il a une histoire très intéressante, un son magnifique et une âme. Je compose toutes mes chansons dessus. Je suis très sensible à sa beauté, à son son tout doux, c’est ça aussi qui m’attire et qui me donne envie de jouer dessus. Ils ne sont plus fabriqués depuis 1983 et restent des instruments un peu capricieux car compliqués à réparer, comme une voiture de collection ! »

Un Wurlitzer similaire à celui de Cléa Vincent.
Un Wurlitzer similaire à celui de Cléa Vincent. DR

2) Le secrétaire “Gaston” de chez Hartô

« Ce petit secrétaire est exactement aux bonnes mesures de mon installation, entre mon Wurlitzer, mon clavier midi et mon ordinateur. J’ai toujours vécu dans de l’ancien, dans des immeubles avec cheminées, moulures, haut de plafond, au final des appartements qui se suffisent un peu à eux-mêmes. Il y a peu, j’ai déménagé dans un appartement plus moderne, dans un immeuble des années 1970s, qui est franchement pas très beau. C’est à ce moment là, que j’ai véritablement commencé à m’intéresser au design et aux meubles, parce qu’il a fallu donner de l’âme à cet endroit. Il a une très belle vue sur Montmartre, il est plein de lumière, ce n’est en aucun cas glauque, mais il est bas de plafond et très cubique, il a donc fallu faire un petit effort d’ameublement. Et c’est à cette occasion que j’ai acheté le secrétaire parce que je voulais amener un peu de douceur et de rondeur dans ce cube froid. J’ai aussi mis pas mal de couleur sur le murs, avec un système de sousbassement coloré, qui donne un peu de chaleur. »

Le modèle Gaston (Hartô).
Le modèle Gaston (Hartô). Harto

3 ) La montre “Lady Mansart” de March LA.B.

« Elle est venue remplacer une montre que je ne quittais jamais, que m’avait transmise ma maman, une “Tank” de Cartier, et que j’ai malheureusement perdue. J’en ai longtemps eu le cœur brisé. Le directeur de March LA.B m’a contactée parce qu’il aimait ma musique, et m’a offert ce modèle aux allures rétro futuristes qui est venu remplacer cette montre perdue. C’était un vrai réconfort et en plus une super rencontre avec Alain Marhic qui a une magnifique personnalité. Je ne suis pas particulièrement sensible aux marques de luxe, je n’aime pas forcément ce qui est ostentatoire. Et c’est ce que j’aime dans la marque March LA.B, cela reste accessible, tout en restant un très beau cadeau à faire. Elles sont fabriquées en France, et pour l’avoir au poignet tous les jours, c’est vraiment un objet de qualité. Je ne la quitte jamais. »

Le modèle Mansart chez March LA.B, la montre de Cléa Vincent.
Le modèle Mansart chez March LA.B, la montre de Cléa Vincent. DR

Cléa Vincent a quasiment fini d’enregistrer un cinq titres “Tropi-cléa 3”, qui sera disponible en janvier prochain. Elle poursuit actuellement l’écriture sur son Wurlitzer de son troisième album.

Elle organise le 28 août prochain à la Caserne dans le 10e arrondissement à Paris la soirée “Sooo Pop” avec Rover, Ehla, Barbara Pravi et Silly Boy Blue.