Ce qu’il fallait retenir de la Design Week de Milan 2021

De passage à Milan à l'occasion de la Grand-Messe du design, mise en pause l'an dernier à cause de la pandémie, IDEAT vous livre ses coups de cœur et les passages obligés qui ont fait bouger la ville au rythme du design.

Larges sourires masqués, salutations du bout des phalanges, capacités réduites… La Design Week de Milan 2021 portait en elle des codes sans précédent. Parce que le Salone del Mobile, en périphérie de la ville, a drastiquement réduit son espace, une ferveur inédite animait les rues de la capitale lombarde.

Ce début de mois de septembre a donc finalement marqué l’apparition d’un nouveau cycle dans le microcosme du design et dans sa façon de s’exposer au monde. Si les showrooms ont ouvert leurs portes, fiers de leurs grandioses scénographies et de nouvelles pièces trop longtemps gardées sous couvert, les marques et collectifs créatifs ont également redoublé d’idées pour faire vibrer Milan, de ses plus beaux palazzos à ses espaces les plus atypiques. IDEAT a donc compilé pour vous les événements les plus marquants de la Design Week milanaise…


Dior : tout un symbole

Pour une fois, ce ne sont pas les mannequins mais bien des chaises qui prennent toute la lumière chez Dior.
Pour une fois, ce ne sont pas les mannequins mais bien des chaises qui prennent toute la lumière chez Dior. Alessandro Garofalo

Dior invite dix-sept artistes à réinterpréter l’un de ses emblèmes : la chaise médaillon. Un symbole style Louis XVI que Christian Dior avait choisi en son temps pour installer ses invités lors de ses défilés, gage d’un décor « sobre, simple, surtout si classique et parisien ». Une équipe internationale composée de Sam Baron, Nacho Carbonell, Pierre Charpin, Dimorestudio, Khaled El Mays, Martino Gamper, Constance Guisset, India Mahdavi, nendo, Joy de Rohan Chabot, Linde Freya Tangelder, Atang Tshikare, Seungjin Yang, Ma Yansong, Jinyeong Yeon, Tokujin Yoshioka et Pierre Yovanovitch s’est donc attelée à livrer, à sa façon, sa vision de cette chaise chère à Monsieur Dior, chacun y allant de sa réinterprétation plus ou moins fidèle à l’original. En résulte une exposition éclectique qui traduit bien l’univers de chaque designer. Un exercice aussi pointilleux que la création d’une robe haute-couture…

> Exposition The Medallion Chair. Palazzo Citterio, Via Brera, 12. Jusqu’au 10 septembre 2021.


Retour vers le futur à la Dimoregallery

Nico ou Debbie Harry auraient-elles pris place sur ces canapés ?
Nico ou Debbie Harry auraient-elles pris place sur ces canapés ? © Silvia Rivoltella

A l’occasion de la Design Week de Milan 2021, Dimorestudio a présenté dans son espace milanais deux expositions faisant dialoguer les différents temps du design. « Past » et « Future », chacun à sa façon, ancrent les icônes du design italien dans notre époque, les plaçant dans des décors contemporains ou les confrontant aux propres réalisations du Dimorestudio. Si « Past » convoque les grands noms du Rationalisme (Piero Portaluppi, Marcello Piacentini, Piero Bottoni…) digne d’un palazzo ancien, « Future » s’attarde sur le travail de Claudio Salocchi, terriblement actuel avec son approche fonctionnaliste et moderne de l’intérieur dans une atmosphère qui rappelle le flamboyant Studio 54. Une exposition ambivalente qui tente d’expliquer pourquoi des meubles presque centenaires pourraient répondre aux codes de la vie moderne.

> Past. Present. Future. Dimoregallery, via Solferino 10. 


Gufram gonflé à bloc

Gufram a vu les choses en grand pour la Design Week de Milan 2021 !
Gufram a vu les choses en grand pour la Design Week de Milan 2021 ! DR

La piazza San Fedele a accueilli une installation hors-norme. Gufram y a en effet installé une version vertigineuse et gonflable de son iconique Pratone, qui fête par ailleurs — et ce n’est pas une coïncidence — ses 50 ans cette année. « Pratone a été créé en 1971 pour renverser l’idée bourgeoise de s’asseoir dans le salon. Pour son 50e anniversaire, nous avons vu encore plus grand en nous insinuant dans l’un des plus beaux « salons » de Milan et en magnifiant l’expérience surréaliste de s’immerger dans une prairie dans un lieu inattendu » commente Charley Vezza, Global Creative Orchestrator de la marque. Sur une base carrée de 8 mètres, 34 tiges d’une hauteur de 5,30 mètres forment un labyrinthe où les visiteurs peuvent se promener. Incroyable… mais vrai.

> Installation Superpratone par Gufram. Piazza San Fedele. Jusqu’au 10 septembre.


Hermès nous donne matière à réflexion…

La cabane de luxe d’Hermès offre également un sublime jeu de perspective selon l’angle de vue.
La cabane de luxe d’Hermès offre également un sublime jeu de perspective selon l’angle de vue. DR

C’est devenu une habitude. A chaque Design Week, Hermès frappe fort en installant dans la salle de Jaï Alaï de la via Palermo un décor qui marque les esprits. « Matières à réflexion », le dernier en date, est sans doute de l’une de ses plus belles scénographies de la marque depuis celle faite de zelliges, ère pré-Covid. Cette année, c’est donc une poignée de maisonnettes de chaux qui s’aligne au pied des gradins du terrain de pelote, portant les couleurs et les motifs des nouvelles collection de la Maison. On déambule autour et dans ces habitats éphémères, peuplés des gammes de mobilier, de textile et d’art de la table d’Hermès, mis en scène dans un esprit presque minimaliste où la lumière est reine. A retenir : la maison occupée par les pièces du Studio Mumbai, un tapis et un fauteuil comme posés là, prenant la lumière sans aucun artifice.

> Matières à Réflexion par Hermès. La Pelota, via Palermo 10. Jusqu’au 10 septembre.


Alcova bouge les lignes

Comme lors de ses éditions précédentes, Alcova 2021 combine des figures établies de la scène créative internationale à une sélection de jeunes pousses émergentes pour présenter des produits, des matériaux innovants, des installations, des ateliers, des projets in situ, ou encore des expériences autour du thème de l’alimentation et de la socialisation. Discours écologique, politique et anthropologique, récits sur l’histoire du design ou expressions de nouveaux courants de pensée s’entremêlent dans les différents espaces de ce parc incroyable, laissé à l’abandon jusqu’alors. On retient le Milk Bar des élèves de la Geneva University of Art and Design (HEAD) façonné sous la direction d’India Mahdavi, la salle flashy de l’éditeur Trame et l’installation de Nilufar Gallery.

Une ancienne base militaire sert de théâtre à cette nouvelle exposition par Alcova.
Une ancienne base militaire sert de théâtre à cette nouvelle exposition par Alcova. Delfino Sisto Legnani
Trame tranche avec ses aplats de soleil.
Trame tranche avec ses aplats de soleil. Piercarlo Quecchia

> Alcova. Via Simone Saint Bon. Jusqu’au 12 septembre 2021.


L’exaltation des sens selon Kengo Kuma à la Design Week de Milan

Le contraste est saisissant entre l’avant-garde de la démarche de Kuma et l’histoire du bâtiment qui l’accueille lors de la Design Week de Milan 2021.
Le contraste est saisissant entre l’avant-garde de la démarche de Kuma et l’histoire du bâtiment qui l’accueille lors de la Design Week de Milan 2021. DR

OPPO s’est associé à l’architecte japonais Kengo Kuma pour créer Bamboo (竹) Ring :|| Weaving, une symphonie expérimentale toute en légèreté exposée dans la cour Cortile dei Bagni de l’Università degli Studi de Milan. Travaillant sur les « Creative Connections », thème de l’exposition collective qui se tient dans les autres parties de l’université, l’installation engage les sens ne faisant qu’un avec le paysage sonore produit par la violoniste Midori Komachi. Issue de l’application OPPO Relax, la composition sonore spatialisée est basée sur le cycle des saisons, de Reykjavik au Japon. Une technologie sonore pionnière est intégrée dans le cadre tissé de l’installation qui permet au son de se déplacer dans l’espace, de vibrer et de frapper la structure et de la transformer en un instrument de musique.

> Creative Connections. Università degli Studi di Milano Statale, via Festa del Perdono, 7. Jusqu’au 19 septembre 2021.


Duos de choc à Doppia Firma

A gauche : Sabine Marcelis et Stylnove. A droite : Dorothée Meilichzon et Morelato.
A gauche : Sabine Marcelis et Stylnove. A droite : Dorothée Meilichzon et Morelato. Luca Rotondo

La Michelangelo Foundation for Creativity and Craftsmanship présente la cinquième édition de Doppia Firma, un dialogue entre design et artisanat d’excellence en collaboration avec Living, le supplément art de vivre et design du Corriere della Sera. L’exposition met en scène une collection unique d’œuvres originales qui sont le fruit de l’échange créatif entre un designer ou un artiste et un artisan, une petite manufacture ou une entreprise artisanale. Philippe Malouin fait ainsi équipe avec Daniele Mingardo autour d’un projet sur le métal, Elena Salmistraro a choisi de travailler la mosaïque avec Carraro Chabarik alors sur Dorothée Meilichzon a imaginé une chaise inspirée des Hamptons avec le concours de l’entreprise Morelato.

> Doppia Firma. Palazzo Morando – Costume Moda Immagine. Cortile d’Onore, Via Sant’Andrea 6. Jusqu’au 12 septembre.