Expo : l’épopée de la modernité du MoMA à Paris

Pour célébrer la rentrée, le Jeu de paume expose les dernières acquisitions du Museum of Modern Art, à New York. Une sélection de 230 images provenant de la collection Thomas Walther qui retrace la formidable épopée de l’invention de la modernité en photographie.

En 2014, Quentin Bajac, alors conservateur au Museum of Modern Art (MoMA), à New York, avait dévoilé une partie des œuvres du collectionneur suisse Thomas Walther, généreux donateur d’environ 350 photographies au prestigieux musée américain. Depuis sa nomination au Jeu de paume, à Paris, Quentin Bajac a souhaité partager sa passion pour les avant-gardes par le biais des acquisitions 2017 du MoMA.

Cette formidable plongée dans le fonds Walther, retrace l’évolution de la scène artistique européenne et américaine de l’entre-deux-guerres. Un ensemble d’œuvres qui met en perspective des pratiques différentes entre les deux continents, les premiers privilégiant une démarche plus abstraite, là où le Nouveau Monde recherche une image nette et fidèle à la réalité, avec moult détails.

A gauche : Humainement impossible (autoportrait), 1932, de Herbert Bayer. A droite : Classe (Marjorie Gestring, championne olympique 1936 de plongeon de haut vol), 1935, de John Gutmann.
A gauche : Humainement impossible (autoportrait), 1932, de Herbert Bayer. A droite : Classe (Marjorie Gestring, championne olympique 1936 de plongeon de haut vol), 1935, de John Gutmann. Bonn & Scala Florence

Exposition d’une époque novatrice.

De « La liberté de la vie d’artiste » au « Renouveau de la photographie » en passant par « La découverte de la photographie », les six sections de l’exposition regorgent de trésors et d’inédits. Comment ne pas être fasciné par les expérimentations tous azimuts d’artistes comme Man Ray où l’aspect ludique rencontre un Paris surréaliste ? Avec le Bauhaus, représentant l’un des principaux volets de la collection Walther, c’est aussi une aventure artistique collective qui se dessine tout au long de l’accrochage.

De la peintre suisse Florence Henri à l’architecte néerlandaise Lotte Beese, nombre des artistes rassemblés ont fait partie de ce courant allemand. Tous ont pratiqué la photo, même en amateurs. Réunissant les genres et les approches, de l’architecture au mouvement, de l’autoportrait aux vues nocturnes, l’exposition redonne vie à la radicalité d’une époque novatrice et curieuse.

A gauche : Photographie en sous-sol. A droite : Metropolis (Ma ville natale), 1923,de Paul Citroen.
A gauche : Photographie en sous-sol. A droite : Metropolis (Ma ville natale), 1923,
de Paul Citroen. Artist Rights Society

A la hauteur de ce qu’annonçait le photographe et théoricien László Moholy-Nagy, il y a près d’un siècle : « L’analphabète du futur ne sera pas l’illettré, mais l’ignorant en matière de photographie. » On se réjouit de revoir la puissance créatrice des œuvres de son épouse, la discrète et non moins talentueuse Lucia Moholy.

> « Chefs-d’œuvre photographiques du MoMA – La collection Thomas Walther ». Au Jeu de paume, 1, place de la Concorde, 75001 Paris, du 14 septembre 2021 au 13 février 2022. Tél. : 01 47 03 12 50. Jeudepaume.org.