Auto-édition : l’offensive des architectes d’intérieur

Ils ont fait leurs armes en mettant en scène les intérieurs. Rompus à l'exercice du dessin de mobilier, ils se sont dit un jour « pourquoi pas ? ». Ces cinq architectes d'intérieur ont récemment fait leurs premiers pas dans l'auto-édition.

La Paris Design Week, qui se tient tous les mois de septembre dans la capitale, marque chaque année le commencement d’un nouveau cycle. Cette édition 2021 a vu les architectes d’intérieur se tourner vers l’auto-édition, heureux de présenter les collections dessinées pour leurs clients au grand public.


Amuse Bouche, par Hauvette & Madani

La collection Amuse Bouche du duo Hauvette & Madani.
La collection Amuse Bouche du duo Hauvette & Madani. Salem Mostefaoui

Joli bond dans le temps avec le duo que forment Samantha Hauvette et Lucas Madani, architectes d’intérieur discrets qui montent, qui montent… Après avoir réalisé pendant une décennie des projets résidentiels et, plus récemment, un hôtel dont l’ouverture s’annonce prochaine, l’heure de la maturité a sonné avec Amuse Bouche, leur première collection de mobilier. Présentée à la Galerie Yves Gastou lors de la Paris Design Week 2021, le couple d’amis a fait sensation avec cette poignée de pièces inspirées des seventies chic, de l’époque où Yves Saint-Laurent fumait des heures durant cigarette sur cigarette avec ses amies Betty Catroux et Loulou de la Falaise affalé sur des canapés posés à même le sol. Chromée, lissée, généreuse, cette collection inaugurale annonce un bel avenir dans l’auto-édition pour Hauvette & Madani.

> hauvette-madani.com


Wave, par Uchronia

La collection Wave porte bien son nom.
La collection Wave porte bien son nom. Felix Dol Maillot

« Présenter ces pièces me permettra d’entrer dans une nouvelle ère. » C’est ainsi que Julien Sebban introduit sa première collection nommée Wave, en référence à ses courbes omniprésentes. Mis en scène chez l’artisan-orfèvre Lappara, cet ensemble de tables, chaises, étagères et petits objets de décoration ludique et joyeux a été dessiné pour des clients particuliers ou des restaurants — on retrouve notamment la lampe Moon du restaurant Forest. Les pièces de cette collection en auto-édition ont été façonnées main dans la main avec les artisans avec lesquels la tête pensant du collection Uchronia travaille depuis longtemps, dans une volonté de lier fermement savoir-faire et créativité et de repousser les limites du design actuel. Alors, pourquoi parler d’un nouveau cycle ? La réponse bientôt avec la nouvelle réalisation signée Uchronia…

> Uchronia.fr


Soir d’été dans mon jardin, par Chloé Nègre

Chloé Nègre a présenté lors de la Paris Design Week une collection bucolique en auto-édition.
Chloé Nègre a présenté lors de la Paris Design Week une collection bucolique en auto-édition. Hervé Goluza

Elle aussi a toujours conçu le mobilier de ses chantiers. Mais pour la première fois en 2021, Chloé Nègre a eu l’envie de créer sa propre gamme. Un pari fou incarner par Soir d’été dans mon jardin, une gamme rafraîchissante qui fait bourgeonner le salon. Rotin, couleurs pop seventies, formes plantureuses… Le salon du Studio Chloé Nègre ne connait pas la morosité. Certaines pièces, notamment les assises, se parent d’ailleurs des tissus Le Manach (Groupe Pierre Frey), aux couleurs pastels et motifs organiques, pour remettre une couche de bucolique à l’intérieur. Pour coller au jeu de l’auto-édition, cette collection a été produite en édition ultra limitée et de façon responsable (matériaux et partenaires français, portugais et espagnols). Bientôt le printemps ?

> Studio Chloé Nègre.


Marfa, par Sandra Benhamou

La collection Marfa par Sandra Benhamou.
La collection Marfa par Sandra Benhamou. DR

Elle n’en n’est pas à son coup d’essai. Après Ginger, un hommage à la flamboyante héroïne de Martin Scorsese, Sandra Benhamou reste dans le registre du tribute et poursuit sa traversée des Etats-Unis. Cette fois, cap au Texas dans la petite bourgade de Marfa, rendue célèbre par le plasticien minimaliste Donald Judd qui y implanta de nombreuses installations artistiques. Dans sa volonté de respecter les préceptes de cet artiste qu’elle admire, l’architecte d’intérieur parisienne a misé sur l’économie de la forme au service de détails soignés. Ainsi, les bois massifs (orme, pin, frêne, merisier) se plient à l’exercice de la table basse, du bar, de la console, du miroir, de l’applique et du fauteuil dans un style purement radical.

> SandraBenhamou.com 


Lucky Fish, par Laura Gonzalez

Laura Gonzalez exposait sa collection en auto-édition Lucky Fish à la Galerie Vauclair lors de la Paris Design Week 2021.
Laura Gonzalez exposait sa collection en auto-édition Lucky Fish à la Galerie Vauclair lors de la Paris Design Week 2021. Matthieu Salvaing

Laura Gonzalez confirme elle aussi son statut d’architecte d’intérieur-designer en collaborant le temps d’une mini collection désuète et kitchement ravissante avec la Galerie Vauclair. Spécialisée dans la céramique artistique et le mobilier en rotin de la seconde moitié du XIXe siècle, ce cocon vintage de la Rive gauche a inspiré l’architecte parisienne à retravailler les pièces fortes qu’elle auto-éditait déjà, les twistant de tissus chinés bariolés (paravent Lucky Fish, chaise Mawu, fauteuil Madras) ou créant des pièces inédites à partir d’objets trouvés par la galerie (la table Hypnotique, composée d’un piètement chiné et d’un plateau conçu sur-mesure en pierre de lave).

> LauraGonzalez.com