A Paris, ces six lieux mythiques font peau neuve

Elles font partie de l'histoire de Paris. Après quelques mois passés à s'interroger sur leur futur, ces cinq adresses de légende présentent leur nouveau visage...

Tout le monde connait leur nom mais pas forcément leur nouvelle mouture. A Paris, ces six lieux mythiques ont profité de la pandémie pour revoir leur copie.


Taillevent : nouveau chef, nouvelle déco… nouvel esprit !

Fier d’une histoire qui remonte à 1946, le Taillevent entame cette année un renouveau. Lieu mythique parmi les lieux mythiques à Paris, c’est un nouveau chef (Giuliano Sperandio), une nouvelle cheffe pâtissière (Emilie Couturier) et un tout nouveau décor (signé Yann Montfort) qui ravivent le panache de cette belle adresse. Un tout nouvel esprit, donc, pour un restaurant dont la partition demeure sur un registre classique, avec juste ce qu’il faut de modernité pour reconquérir le cœur des Parisiens.

Taillevent : dix lettres qui incarnent tout le prestige qu’exerce la haute gastronomie depuis des décennies.
Taillevent : dix lettres qui incarnent tout le prestige qu’exerce la haute gastronomie depuis des décennies. Julie Limont

C’est donc une équipe élevée au prestige et à la créativité du Clarence qui prend la relève du chef Jocelyn Herland. Giuliano Sperandio et Emilie Couturier proposent ainsi une carte lisible et exécutée au scalpel, sans pour autant s’éloigner de la convivialité signature du Taillevent. Côté déco, Yann Montfort a choisi d’apporter à l’adresse un soupçon de chaleur, en décantant notamment les nuances de beige, tendant vers le brun. Des paravents en marqueterie de paille cloisonnent les quelques tables rondes de la première salle, un must pour diner en toute intimité. Au sol, c’est une moquette solaire qui adoucit les pas. 

> Le Taillevent. 15 Rue Lamennais, 75008 Paris.


Café de la Paix : nouveau concept, nouvelle déco

Il tient son nom de l’artère la plus onéreuse de Paris et voisine avec l’un des plus beaux édifices de la capitale. Tout le monde en a entendu parler mais qui y a déjà mis les pieds ? C’est de ce constat que sont parties les équipes du Café de la Paix, désireuses de faire de l’adresse considérée comme très touristique un lieu de rendez-vous qui siérait aussi aux Parisiens. Pour ce faire, la première étape logique fut donc de revamper les lieux. Exit le carmin d’opéra et son imaginaire rococo, l’édifice, bâti au XIXème siècle par Charles Rohaut de Fleury passe au vert.

Le Café de la Paix se pare désormais d’un habit clair et organique.
Le Café de la Paix se pare désormais d’un habit clair et organique. Jérôme Galland

Sous la houlette de l’architecte Pierre-Yves Rochon (un grand habitué des rénovations maisons de prestige telles que les Four Seasons ou encore le Shangri-La Paris), le Café de la Paix, bien que conservant son atmosphère ultra chic, passe le cap du XXIème siècle. Son colorama n’y est pas étranger et réinvente l’aura d’un lieu historique tout en se fondant à la perfection avec les détails classés (plafond, colonnes) qui font la légende de l’adresse. Ce nouveau visage marque aussi pour le Café de la Paix l’inauguration de deux espaces de restauration distincts : le café, en service continu du midi au soir basé sur une carte de brasserie et le restaurant où le chef Laurent André imagine un menu raffiné de saison, digne de l’un des lieux les plus mythiques de Paris.

> Café de la Paix. 5, Place de l’Opéra, 75009 Paris.


Drouant : nouveau chef, nouvelle carte, nouveau brunch

L’institution de la place Gaillon se réinvente ! La maison bien aimée des prix littéraires, érigée en 1880, s’était déjà octroyé un petit lifting juste avant le premier confinement signé à quatre mains par le décorateur italien Fabrizio Casiraghi et le directeur artistique parisien Franck Durand. Parce qu’elle a eu peu d’occasions de l’exhiber – le Goncourt 2020 s’étant même tenu via Zoom -, le renouveau de cette adresse parmi les plus mythiques à Paris conserve le goût de l’inédit. A l’image de son tout nouveau brunch…

L’un des lieux les plus mythiques de Paris revoit sa copie.
L’un des lieux les plus mythiques de Paris revoit sa copie. Matthieu Salvaing

Le décor imaginé dans les années 1920 par Jacques-Emile Ruhlmann s’est donc vu revampé par le duo à l’œil pointu qui s’est attaché à lui rendre hommage plutôt qu’à le moderniser à tout prix. La carte porte, elle aussi, haut les couleurs d’un restaurant iconique tout en le faisant entrer dans son époque. C’est donc un brunch qui régalera les gourmands le week-end :une première pour Drouant et son tout nouveau chef, Thibault Nizard. Fraîchement débarqué du Taillevent (deux étoiles) et du restaurant de Guy Savoy à La Monnaie de Paris (trois étoiles), le chef a également remanié la carte régulière du restaurant, à mi-chemin entre cuisine bourgeoise et esprit bistrot parisien (pâté en croûte réalisé dans les règles de l’art, tarte fine au caviar, célèbre madeleine géante…).

> Drouant. 16-18 Place Gaillon, 75002 Paris. 


San Regis : nouvelle déco, nouvelle direction

Le Triangle d’Or opère lui aussi sa mue. Après l’éclosion d’adresses intimistes, certains des lieux les plus mythiques de la place de Paris se réinventent à leur tour. C’est le cas de l’hôtel San Regis qui, 35 ans après son rachat par Elie Georges, tombe dans le giron de ses deux filles Sarah et Zeina. Une passation familiale qui vaut à l’hôtel un lifting bien mérité… et bien maitrisé.

Le fer forgé des rampes d’escalier côtoie alors la mosaïque, les bas-reliefs et le bronze d’une impressionnante lanterne sur-mesure, Art déco, dessinée par l’architecte d’intérieure et signée Delisle, un bronzier et ferronnier d’art à l’habileté perpétuée depuis le 19e siècle.
Le fer forgé des rampes d’escalier côtoie alors la mosaïque, les bas-reliefs et le bronze d’une impressionnante lanterne sur-mesure, Art déco, dessinée par l’architecte d’intérieure et signée Delisle, un bronzier et ferronnier d’art à l’habileté perpétuée depuis le 19e siècle. Romain Ricard

Ainsi, cette nouvelle page s’ouvre, après de longs mois de travaux orchestrés par l’architecte Aude Gros-Rosanvallon, formée chez Pierre-Yves Rochon. En résulte une atmosphère absolument parisienne, empreinte d’histoire et d’élégance. Une partition qui met l’accent sur les jeux de matières, de textures et de lumière, au mitant du savoir-faire artisanal français et classique. Bien sûr, le San Régis n’oublie pas l’aspect environnemental, puisque des travaux de rénovation énergétiques ont été également entrepris, améliorant le confort des hôtes.

> Hôtel San Regis. 12 Rue Jean Goujon, 75008 Paris.


L’Auberge Nicolas Flamel : nouveau décor, nouveau chef

Classée monument historique, la plus ancienne maison de Paris — elle a été fondée en 1407 — s’enrichit d’un nouveau décor habillé de bois clair, mais aussi et surtout d’un nouveau chef Grégory Garimbay. Le chef étoilé franco-libanais Alan Geaam, propriétaire de L’Auberge Nicolas Flamel, a ainsi décidé de donner toute sa confiance à ce talent émergent de la scène culinaire française qui y prouve chaque jour l’étendue de son talent gastronomique, les meilleurs produits du terroir à l’appui.

Le nouveau décor strict de l’Auberge Nicolas Flamel nuance l’histoire des lieux.
Le nouveau décor strict de l’Auberge Nicolas Flamel nuance l’histoire des lieux. Stéphane Riss

Les lieux ont été entièrement repensés par le studio d’architecture Honneur Society piloté par Antoine Bouillot. Gagnant en lumière et en épure, l’auberge se pare de bois clair, de luminaires graphiques et d’un bar en grès cérame. Reparti sur deux niveaux, garnis de sept tables chacun, le décor mise sur des lignes pures, pour contrebalancer avec le passé historique de l’Auberge.

> Auberge Nicolas Flamel. 51 Rue de Montmorency, 75003 Paris.


Crazy Horse : nouvelle direction artistique, nouveau décor, nouveaux shows

A l’occasion de ses soixante-dix ans, le Crazy Horse fait peau neuve. L’un des lieux les plus mythiques de Paris, qui a écrit son histoire secrète en souterrain aux côtés de figures de légende et de performeuses aux noms désormais connus de tous, a troqué ses apparats rococo contre un décor contemporain et résolument féministe. Avec à la baguette Andrée Deissenberg, Directrice Générale Création & Marques du lieu et l’architecte Benoît Dupuy, le « Crazy » entre dans le XXIème siècle.

« Cette rénovation n’est pas un aboutissement mais une étape majeure dans l’histoire du Crazy Horse. » explique Philippe Lhomme, Président du Crazy Horse.
« Cette rénovation n’est pas un aboutissement mais une étape majeure dans l’histoire du Crazy Horse. » explique Philippe Lhomme, Président du Crazy Horse. H et K

Cette orientation artistique se remarque dans le moindre détail : plus de rondeur dans les lignes du mobilier, dans les alcôves, dans les détails architecturaux. Plus de douceur dans la peinture murale rose tendre. Plus d’esprit également dans les courbes des mini banquettes en forme de bouche, inspirées par la fameuse silhouette du canapé Bocca de Salvador Dali. La devanture, a elle aussi gagné en épure et en lumière grâce à quatre grandes double-portes étendues. Une bouche en néon, emblème du cabaret, redessinée par Benoît Dupuis, incite à entrer.

> Crazy Horse, 12 Av. George V, 75008 Paris.