Couvent Saint-François : second souffle corse

Après le couvent de Bonifacio et la citadelle d’Ajaccio, l’architecte Amelia Tavella vient de livrer dans le sud de la Corse un nouveau lieu chargé d’histoire, le couvent Saint-François, à l’écart du petit village de montagne de Sainte-Lucie-de-Tallano.

Le bâtiment de l’ancien couvent Saint-François affiche une nouvelle jeunesse grâce au talent de l’architecte Amelia Tavella, sans nier son passé ni renoncer à la modernité, mais en mariant la pierre et le cuivre ajourée. Un pôle culturel implanté dans une nature montagneuse baignée d’air pur et de lumière transparente.

Un passé modernisé

La réhabilitation du couvent Saint-François mélange à la fois des matières nobles et industrielles.
La réhabilitation du couvent Saint-François mélange à la fois des matières nobles et industrielles. Thibaut Dini

Pour atteindre Sainte-Lucie-de-Tallano, il faut s’enfoncer dans le sud de l’île, car c’est au bout d’une route sinueuse que l’on arrive enfin dans le territoire montagneux de l’Alta Rocca. Un trajet à l’image du chantier qu’a dû mener Amelia Tavella pour réhabiliter le couvent Saint-François : long et semé d’embûches… Cet édifice construit en 1492, classé monument historique, partiellement en ruine et rongé par la végétation, était à l’abandon depuis de nombreuses années. Château défensif puis couvent, en surplomb du village de Sainte-Lucie-de-Tallano, cette construction en granite était en train de s’effondrer lorsque l’architecte Amelia Tavella a été appelée par la collectivité territoriale de Corse pour en faire un lieu culturel. « J’ai conservé et restauré la partie existante en construisant une charpente et en rejointoyant la façade avec l’aide d’Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques. Mais pour l’extension que j’ai imaginée sur l’emprise de la partie du bâtiment qui avait complètement disparu, j’ai voulu prendre le contre-pied de l’existant. Je me suis donc inscrite dans la volumétrie, mais en proposant un langage très différent », détaille l’architecte.

A gauche : Portrait d’Amelia Tavella. A droite : Intérieur du couvent Saint-François.
A gauche : Portrait d’Amelia Tavella. A droite : Intérieur du couvent Saint-François. Marianne Tessier ; Thibaut Dini

Une réhabilitation de taille

Pour éviter le pastiche et entremêler l’histoire à l’époque actuelle, Amelia Tavella a imaginé une résille en cuivre, une finition dont elle est familière. « Je souhaitais employer un matériau noble, mais pas minéral, pour provoquer un vrai dialogue avec la façade existante. » L’architecte s’est donc appuyée sur ce métal qui joue avec le soleil et dont elle apprécie la patine : « Il me semblait que l’usage du cuivre et du granite pouvait composer un mariage arrangé heureux… » Elle a alors modulé le travail de perforation en fonction des vues et des ouvertures du nouveau bâtiment, mais aussi de l’orientation des façades… Ainsi, de l’extérieur, demeurent invisibles les fenêtres de ce pôle culturel qui accueille une médiathèque, un espace d’exposition, une salle de concert et des ateliers. À l’intérieur, Amelia Tavella a créé un escalier en granite massif qui rappelle le cloître mitoyen, « toujours dans l’idée de révéler l’existant », conclut-elle.

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En Corse, l’architecte Amelia Tavella mêle avec talent réhabilitation et création.
En Corse, l’architecte Amelia Tavella mêle avec talent réhabilitation et création. Thibaut Dini