La Stutter Light imaginée par le designer Calen Knauf

Le couteau suisse du design canadien livre une lampe aussi douce que minimaliste. La rédaction a voulu en savoir plus sur cet O.V.N.I inspirant.

Calen Knauf eut l’idée de concevoir la «Stutter Light» suite à sa participation à l’exposition «Aluminium Group : DesignTO» organisée par MSDS studio and Jamie Wolfond au sein de la galerie d’art contemporain canadienne, Erin Stump Projects, en janvier 2020.

Du graphisme au design

Ce jeune designer autodidacte aux multiples talents débarque tout droit de Vancouver. Pendant plusieurs années, Calen Knauf effectue des missions en tant que graphiste indépendant. Son envie d’explorer le design ne le quitte pas et pousse l’artiste à s’inscrire, en 2009, à l’Emily Carr University of Art and Design spécialisée en design industriel. «J’ai réalisé que j’étais plus intéressé par la forme du monde réel que par le monde en 2D que l’on découvre sur son téléphone ou son ordinateur» se souvient le designer.

Après avoir fondé un studio avec son ami photographe Conrad Brown, Calen se lance sous son propre nom il y a trois ans : «La plupart de mes projets sont actuellement réalisés pour des marques». Son talent, il le met aussi au service de la mode avec Stussy, un label de streetwear pour qui il conçoit des imprimés et des accessoires mais également des boutiques.

La «Stutter Light» de Calen Knauf.
La «Stutter Light» de Calen Knauf. Calen Knauf

Une illumination durant une exposition

L’histoire de la Stutter light commence lorsque la galerie Erin Stump Projects propose au designer de concevoir une pièce en aluminium. Calen Knauf décide ensuite de transformer cette sculpture en lampe : «J’ai travaillé autour de formes que je voulais dans la limite de ma capacité à les concevoir numériquement. Finalement, ce que je souhaitais, c’était de créer une lampe solide qui soit irrésistible au toucher. Lorsque vous la prenez en main, elle est lourde et ses courbes procurent une sensation agréable». 

Calen Knauf réfléchit à de nombreux modèles qu’il sculpte dans de la mousse mais faute de moyens et de pratique en CAO – un outil graphique qui permet la conception d’un modèle sur ordinateur -, le designer opte finalement pour une forme plus épurée. Dans sa conception, la lampe donne l’impression d’avoir été séparée en deux parties distinctes : «Je me suis peut-être inconsciemment inspiré de la lampe Biagio de Tobia Scarpa. Elle a été fabriquée en découpant deux lampes à partir d’un seul bloc de marbre, conservant ainsi une preuve qu’elle faisait autrefois partie de quelque chose de plus grand». La «Stutter Light» – littéralement «lampe bègue» en français – s’est également inspirée du nom de sa prédécesseure des années 60, Biagio, qui signifie «enfant bègue» en italien. Influencé par son passé, l’artiste puise son inspiration dans ses souvenirs. Il apprécie particulièrement les formes qui se fondent dans le décor.

La lampe a été sculptée dans un bloc d’aluminium grâce à une fraiseuse 5 axes.
La lampe a été sculptée dans un bloc d’aluminium grâce à une fraiseuse 5 axes. Calen Knauf

Tout en courbe

Le designer a choisi une forme incurvée pour la «Stutter Light» qui, selon lui, amène ceux qui la voient à la caresser comme un animal de compagnie en suivant ses courbes galbées. L’artiste l’a imaginé comme une sorte de poignée permettant à celui qui la possède de tourner la lumière au gré de ses envies. Outre son esprit Art Déco, la création de Calen Knauf séduit aussi par sa couleur, un rose cuivré imaginé par l’artiste lui-même : «Je l’ai appelé Heartmeat à l’origine, car elle me rappelait la couleur d’un coeur humain». Cet objet de décoration n’est pas genré pour autant : «Selon le contexte, elle peut être vue sous un jour masculin ou féminin».

À la frontière entre design et art, Calen Knauf crée sans se demander dans quelle catégorie ses œuvres entreront. «Certaines de mes pièces, par leurs formes, permettent une production de masse. D’autres entrent, au contraire, dans la catégorie générale de l’art. Elles sont généralement plus expérimentales dans leur concept et leur forme». Et d’ajouter : «Je dirais que c’est lorsqu’une pièce commence à sacrifier le confort, la facilité d’utilisation et la durabilité au nom de la forme et de la beauté, elle bascule alors dans le domaine de l’art. Tout cela étant dit, je dirais que cette lampe est encore peu fonctionnelle»

Victime de son succès, la «Stutter Light» n’est plus disponible à l’achat : «J’en ai tout de même gardé une, en partie parce qu’il y avait un défaut et que je devais la conserver dans ma collection» confie t-il, amusé. Plus récemment, Calen Knauf a produit un brûleur d’encens épuré à retrouver sur sa boutique en ligne.

> Découvrir l’atelier de Calen Knauf.

L’aileron à l’extrémité de la lampe permet de diriger la lampe dans une direction.
L’aileron à l’extrémité de la lampe permet de diriger la lampe dans une direction. Calen Knauf

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