Exposition : Smithsonian, un musée dans l’ère du temps

Quoi de plus optimiste pour le plus ancien musée des États-Unis que de célébrer son 175e anniversaire en proposant une exposition prospective, spéculative même ?

À Washington, c’est exactement ce qu’a choisi de faire le Smithsonian avec « Futures ». «La meilleure façon de prédire le futur est de l’inventer. » La formule de l’informaticien américain Alan Kay fait partie d’une série de petites phrases qui s’affichent çà et là dans l’exposition, façon jeu de piste intellectuel. « Futures » – le « s » est ici naturellement signifiant – est un manifeste de durabilité, de multiplicité, d’inclusivité et de créativité au sein du Smithsonian.

Une exposition éco-responsable

Vue de l’exposition « Futures », au Smithsonian’s Arts and Industries Building,à Washington, scénographiée par l’architecte DavidRockwell.
Vue de l’exposition « Futures », au Smithsonian’s Arts and Industries Building,à Washington, scénographiée par l’architecte David
Rockwell. Ron Blunt

Une approche renforcée par la scénographie, signée David Rockwell. L’architecte new-yorkais, qui « [s’] intéresse actuellement beaucoup au rez-de-chaussée des villes (les commerces qui changeront d’usage avec l’essor de l’e-commerce et du télétravail, NDLR) », n’a en effet utilisé que des matériaux durables ou recyclés pour les quatre sections-îlots de « Futures », toutes abordées avec un maximum de flexibilité. Côté artefacts, à l’exception de la section « Futures Past », où s’exprime parfois une relecture critique des utopies, le cocktail optimisme et innovation, si américain il est vrai, est un fil conducteur majeur.

Une projection vers l’avenir

Doing Nothing With AI, d’Emanuel Gollob, une installation robotique à la chorégraphie basée sur l’apprentissage automatique.
Doing Nothing With AI, d’Emanuel Gollob, une installation robotique à la chorégraphie basée sur l’apprentissage automatique. Albert Ting

« Les enquêtes d’opinion nous ont appris que lorsque l’on demande aux gens ce qu’ils désirent pour le futur, ils parlent très peu d’objets et surtout de valeurs : écologie, égalité, enthousiasme », précise Rachel Goslins, directrice du bâtiment Arts+Industries. Les 150 pièces de l’exposition, souvent montrées pour la première fois, sont donc aussi bien des objets que des projets, des idées, des technologies et des expériences. Cela va de la navette Hyperloop, de Virgin, qui permettrait (permettra ?) de relier Washington DC à New York en trente minutes, à l’installation Coin-Operated Wetland, de l’artiste et ingénieure en environnement australienne Tega Brain (un Lavomatic avec système clos d’eau de rinçage filtrée venant alimenter des bacs de végétaux) en passant par Q, première voix non genrée pour assistants vocaux conçue par le collectif danois Equal AI. Sans oublier le moniteur pour bébé en Bakélite, aux formes organiques parfaites, dessiné en 1938-39 par Isamu Noguchi. Le futur a donc été, est et reste inspirant !

« Futures ». Au Smithsonian’s Arts and Industries Building, 900 Jefferson Drive SW, Washington, DC, jusqu’au 6 juillet. Aib.si.edu