Mobilier national : trésors vivants

Dans le cadre de la campagne d’acquisition 2021 du Mobilier national viennent d’entrer 53 pièces, réalisées par 31 designers. Elles sont signées de créateurs émergents ayant répondu à un appel d’offres de l’institution, soucieuse de soutenir les nouveaux talents.

En 2020, au début de la crise sanitaire, les têtes chercheuses du Mobilier national se sont vues privées de leurs principales sources d’investigation : galeries, salons, foires… Or, pour décorer les palais de la République, l’institution se doit d’actualiser ses collections, reflet de la quintessence du style français.

La caverne du mobilier design

L’ancien Garde-Meuble de la Couronne, créé en 1604, enrichit ainsi un ensemble unique de 130 000 meubles, tapisseries, luminaires et objets d’art de toutes les époques. En 2020, pour la première fois, la campagne d’acquisition s’est faite via un appel à candidatures. « Cette solution, dictée par les circonstances, s’est révélée vertueuse, explique Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national. Nous avons ciblé de jeunes designers, privés de clientèle, et nous avons découvert des signatures que nous n’aurions pas repérées auparavant. » Le 31 décembre 2020, Emmanuel Macron présentait ses vœux à la nation devant une table basse de Pierre Renart, issu de l’école Boulle. En 2021, la deuxième campagne apporte une moisson reflétant l’époque et ses préoccupations pour un monde vertueux.

Le lampadaire Émergence II, de Diane de Kergal (à gauche). / Lampe Doll, de Clémentine Chambon, en dentelle Solstiss (à droite).
Le lampadaire Émergence II, de Diane de Kergal (à gauche). / Lampe Doll, de Clémentine Chambon, en dentelle Solstiss (à droite). Ludovic Maisant / Christel Sasso

Une réédition limitée

Chaque modèle ne sera édité qu’à huit exemplaires. « Acquérir des pièces en petites séries est aussi une nouveauté, car mises à part les créations de nos ateliers, nous achetons plutôt du mobilier d’édition à des professionnels confirmés », ajoute Hervé Lemoine. Le jury a sélectionné Émergence II, un arbre lumineux de Diane de Kergal, dont la membrane translucide des abat-jour a été tissée par des vers à soie directement sur le moule de l’artiste. De même, il a retenu Doll, une lampe constituée d’une « feuille » de dentelle de Calais-Caudry, découpée et retournée, de Clémentine Chambon, et L’Écoucheur, une banquette en étoupe de lin, signée Pauline Esparon. D’autres créations sont façonnées dans des matières plus traditionnelles, avec un goût pour l’artisanat qui caractérise bien la « main » française. « La particularité de cette année est la grande diversité de matériaux et de techniques employés, qui dénote un retour vers les métiers d’art », observe le directeur. 

> Pour l’appel à candidatures 2022, la date limite de dépôt des dossiers est le 1er mai 2022. Mobiliernational.culture.gouv.fr