Musée Albert-Kahn : le miroir du monde

Le 2 avril 2022, à Boulogne-Billancourt, le musée Albert-Kahn rouvre. L’agence de l’architecte japonais Kengo Kuma l’a transformé en une suite de « plans-séquences ». Ce qui sied à un établissement consacré à l’image avec vue sur la nature alentour. Une bulle de quiétude dans la ville.

Le musée Albert-Kahn est prodigieux pour qui aime les collections d’autochromes qui donnent à voir le monde. Kahn était un banquier philanthrope qui croyait à l’éducation par l’image, d’où la profusion de ses fameuses Archives de la planète.

Pour abriter ces trésors, l’architecte japonais Kengo Kuma a construit un nouveau pavillon principal qui nous extirpe du bruit de la ville par une porte presque dérobée.

Une structure métallique audacieuse

L’enveloppe du bâtiment est revêtue de lames métalliques. De nuit, elles laissent passer la lumière façon lanterne. Dans le hall, le visiteur découvre à travers les baies le célèbre jardin japonais et la forêt vosgienne du musée.

L’œil enregistre ces premiers plans, quasi cinématographiques. Le plafond est strié de lames en chêne, en aluminium et même de tiges de bambou. Le regard traverse toujours quelque chose.

À l’étage, que l’on aille au restaurant, sur sa terrasse ou dans le pédagogique Salon des familles pour petits et grands, on aperçoit l’engawa derrière les vitres. Ce balcon-coursive typique de l’architecture japonaise court autour du bâtiment entre le musée et la nature environnante, comme un passage intermédiaire.

Maison du village japonais au musée Albert-Kahn (à gauche). / La « forêt vosgienne » autour du musée (à droite).
Maison du village japonais au musée Albert-Kahn (à gauche). / La « forêt vosgienne » autour du musée (à droite). Julia Brechler

Les lames de bois du plafond, celles en métal, placées derrière les vitres, font des jeux d’ombres, qui deviennent des jeux sonores quand la pluie tombe. Pour Kuma-san, la chose la plus délicate n’a pas été de dessiner les sièges de l’auditorium, mais « d’apporter toutes ces idées dans des espaces parfois étroits et de se procurer les matériaux nécessaires au projet ».

Quand Jordi Vinyals, architecte et chef de projet chez Kengo Kuma and Associates, nous révèle avec un léger air de regret que, pour des questions de coût, le bambou provient de Chine, on se dit qu’il n’y a qu’un architecte pour rêver d’un matériau de qualité supérieure qui viendrait du Japon. C’est ce qu’on appelle un projet ambitieux. Au public de découvrir la musique de ses volumes subtils, semés sur quatre hectares.

Musée départemental Albert-Kahn. 2-14, rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt. Tél. : 01 55 19 28 00. Albert-kahn.hauts-de-seine.fr