Home : Molly Molloy, l’esprit artistique à Milan

Après ses études au Central Saint Martins College of Arts and Design dans les années 90, Molly Molloy a fait ses premiers pas chez Bella Freud et Betty Jackson, avant de s’installer à Milan pour devenir chez Marni le génie de la mode féminine.

En 2018, Molly Molloy fonde Colville avec Lucinda Chambers (l’ancienne directrice de la mode du Vogue anglais), un label qui s’impose par ses créations décalées. En même temps, ce papillon multitâche a joué de sa magie sur les imprimés, assiettes et accessoires de La DoubleJ. Son appartement milanais reflète parfaitement sa gaieté et son anticonformisme.

Portrait de Molly Molloy (à gauche). / Dans la salle à manger, la table en marbre conçue par Molly Molloy est entourée de chaises en cuir vintage et de chaises (à droite).
Portrait de Molly Molloy (à gauche). / Dans la salle à manger, la table en marbre conçue par Molly Molloy est entourée de chaises en cuir vintage et de chaises (à droite). Helenio Barbetta

Quand Molly Molloy débarque de Londres pour intégrer la société Marni, à Milan, elle pensait rester dans la capitale lombarde un an tout au plus. Une année est passée, puis une autre… et finalement cela fait quinze ans qu’elle ne semble pas disposée à quitter la ville qui l’a adoptée ! Anglaise d’origine, diplômée du prestigieux Central Saint Martins College of Art and Design, Molly est une professionnelle de la mode, qu’elle considère comme une discipline qui exige vision, talent et engagement.

Les silhouettes, les tissus, les couleurs, les textures ainsi que les combinaisons représentent les thèmes centraux de son travail, le tout agrémenté d’une solide passion pour le design et l’art, comme en témoignent les nombreux livres sur ces sujets exposés dans sa bibliothèque. Avec la légendaire Lucinda Chambers, à la rédaction du Vogue anglais pendant trente-cinq ans, Molly a lancé en 2018 la marque Colville, qui a acquis une grande notoriété.

Il faut savoir que Colville est le nom de la rue londonienne où vivait le peintre David Hockney, une anecdote qui révèle combien l’art est une source d’inspiration pour le duo. Molly exerce aussi ses talents au sein de la marque La DoubleJ en tant que directrice du design.

Un tournant dans sa carrière

La cuisine a été réalisée sur mesure (à gauche). / Sur l’étagère de la cuisine, la créatrice a rassemblé ses trouvailles (à droite).
La cuisine a été réalisée sur mesure (à gauche). / Sur l’étagère de la cuisine, la créatrice a rassemblé ses trouvailles (à droite). Helenio Barbetta

La créatrice a commencé par étudier la peinture. Sa rencontre avec un professeur l’a aidée à tracer les contours de sa future carrière. « Il nous a enseigné à dessiner le corps et lorsque j’hésitais entre la peinture ou la mode, son avis a été déterminant », confie-t-elle. S’ensuivent trois années d’études au Central Saint Martins, puis un stage dans l’atelier de mode de Bella Freud, la fille du peintre Lucian Freud et arrière-petite-fille de Sigmund, et enfin sept années aux côtés de Betty Jackson, célèbre styliste anglaise. « Je la considère comme un véritable professeur, dit Molly. Elle m’a tout appris, du design au produit fini. »

Puis Molly atterrit à Milan, où elle devient directrice du design de Marni, une marque qui dégageait une énergie positive contagieuse. « Je n’ai que de bons souvenirs de cette période, confie-t-elle. Au début, j’arpentais la ville tout le temps, surtout pour découvrir ses recoins. L’avantage de Milan, c’est qu’on peut s’y déplacer rapidement à vélo, car elle est petite comparée à Londres. Impossible de ne pas y être gagnée par la passion du design. Même dans le domaine de la mode, j’ai rencontré un nombre incroyable de personnes qui m’ont communiqué leur amour pour l’architecture et la décoration intérieure. »

Son appartement de 90 m2, qui donne sur le quartier où se dressent des immeubles du début des années 1900, a fait l’objet d’une rénovation qui l’a rendu plus fonctionnel, sans altérer son âme originelle. Molly a conçu elle-même beaucoup de ses meubles, comme le lit de sa chambre et le bureau, tandis que d’autres sont vintage, telle la paire de canapés en velours des années 80, signés Luigi Caccia Dominioni, chinés sur Internet.

Des productions artisanales

Dans la chambre à coucher, la structure du lit a été conçue par Molly Molloy (à gauche). / Dans le salon, photographie de Matthias Karlsson et Paul Wetherell pour le magazine Parterre de rois (à droite).
Dans la chambre à coucher, la structure du lit a été conçue par Molly Molloy (à gauche). / Dans le salon, photographie de Matthias Karlsson et Paul Wetherell pour le magazine Parterre de rois (à droite). Helenio Barbetta

Quant aux objets et œuvres d’art éparpillés ici et là, ils sont le fruit de rencontres de personnalités qui se situent à mi-chemin entre la mode, le design et l’artisanat. « Colville se nourrit du même esprit », explique Molly. L’enseigne ne se limite pas aux vêtements : elle vise à devenir un monde ouvert à la découverte de productions artisanales qui, souvent, sont marginalisées. Ainsi, les sacs déjà iconiques de la marque sont confectionnés par des Colombiennes, tandis que Colville Home, la nouvelle ligne, propose des tapis uniques réa­lisés en Inde et en Turquie et des couvertures aux couleurs vibrantes, fabriquées en Italie.

Peindre fait toujours partie de la vie de Molly : dans le bureau qui est aussi la chambre d’amis, un portrait inachevé est posé sur un chevalet. Il devra patienter, car le travail ne laisse pas beaucoup de temps libre à cette talentueuse touche-à-touche.

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