IDEAT Design Awards 2022 : génération Lomm éditions

Cet éditeur tire son nom des initiales mêlées d’Odile Mir, 95 ans, sculptrice, et de Léonie Alma Mason, architecte d’intérieur, sa petite-fille. La seconde réédite la première et met en lumière un parcours dans le design.

En 2017, Odile Mir parle à sa petite-fille de son envie d’éditer, en série limitée, le fauteuil David, qu’elle a conçu autrefois. En travaillant sur le projet, la jeune femme découvre, stupéfaite, dans les archives de sa grand-mère sculptrice, une quarantaine de pièces dessinées entre 1966 et 1974, révélant une designer. IDEAT décerne à Lomm éditions l’Award « Best design reissue» 2022. 

De la sculpture au design

A gauche, l’artiste Odile Mir, 95 ans, et sa petite-fille, l’architecte d’intérieur Léonie Alma Mason. Leur histoire singulière, qui mêle découverte d’une œuvre et transmission d’un fonds de design, a abouti à la création d’une maison familiale : Lomm Éditions. A droite, quelques-unes des pièces remises en lumière à cette occasion : les fauteuil et repose-pieds Filo et le lampadaire Duo.
A gauche, l’artiste Odile Mir, 95 ans, et sa petite-fille, l’architecte d’intérieur Léonie Alma Mason. Leur histoire singulière, qui mêle découverte d’une œuvre et transmission d’un fonds de design, a abouti à la création d’une maison familiale : Lomm Éditions. A droite, quelques-unes des pièces remises en lumière à cette occasion : les fauteuil et repose-pieds Filo et le lampadaire Duo. Claire Israel

Pendant trois ans, Léonie planche sur une monographie, chine des pièces chez les antiquaires ou lors d’enchères, récupérant un fonds. Odile Mir modelait beaucoup le métal, de grandes feuilles d’acier soudées, recouvertes de plâtre ou de cuivre.

En 1966, elle réalise Phare, une paire de lampes sculpturales pour son propre usage, ensuite exposées à la fameuse galerie Lacloche. Maïmé Arnodin et Denise Fayolle, fondatrices de l’agence Mafia, les voient. La première lui recommande Delmas, fabricant de luminaires dans le Sud-Ouest, dont le directeur met à sa disposition un atelier pour une semaine, le temps pour elle de forger deux lampes.

Une œuvre méconnue

Odile Mir et l’éditeur vont ainsi collaborer sept ans. On retrouve dans ses créations des éléments standards, telles les doubles sphères de la lampe Duo. Elle en tirera trois variations, avant de créer les fauteuils David et Filo.

Dévoilés chez Delmas, ces derniers sont repérés par des acheteurs de Prisunic, qui réagissent : « – Alors maintenant, vous faites du mobilier ? – Ah, non, c’est la modéliste qui s’amuse. » Une réplique qui ne fait toujours pas rire la créatrice.

Les Galeries Lafayette montrent les deux sièges à côté du fauteuil Triangle. Après l’incendie de l’usine Delmas, Odile Mir ne s’intéresse plus qu’à la sculpture.

En 1998, la première Biennale de Saint-Étienne présente le fauteuil David lors d’une exposition sur Prisunic. En 2008, le VIA en consacre une à Odile Mir. « Ses créations sont là aussi pour rappeler qu’il y avait peu de femmes designers dans les années 60 », note sa petite-fille. Et que leurs pièces une fois remises en lumière peuvent révéler une modernité à l’actualité brûlante.

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