IDEAT Design Awards 2022 : Emmanuelle Simon élue meilleure jeune décoratrice d’intérieur

Résolument tournée vers le travail des matières naturelles, l'architecte et designeuse n'en finit pas de nous séduire.

Emmanuelle Simon est selon nous le plus bel exemple de cette nouvelle vague d’architectes et de designers qui se tournent vers les matériaux naturels et y expriment leur sensibilité à l’art et à l’artisanat. Avec une impressionnante maturité. IDEAT lui décerne l’Award « Best young interior designer» 2022. 

Entre équilibre des volumes et jeux de matières

Buffet de la collection « Ary » en loupe de chêne, un matériau-paysage qui exprime à la fois rigueur et douceur.
Buffet de la collection « Ary » en loupe de chêne, un matériau-paysage qui exprime à la fois rigueur et douceur. DR

Les lieux et les objets qui portent sa signature affichent avec sérénité et assurance une élégance sophistiquée. « Ary », collection fabriquée en loupe de chêne et qui se décline en table basse, en banc, en enfilade et en bureau, est sans doute l’exemple le plus révélateur de son travail. Autoproduites, ses créations se développent autour d’une dualité : un dessin maîtrisé et une finition aléatoire, due au choix de matériaux naturels. Bois, plâtre chamotté, raku, « il faut accepter que la matière s’exprime, dit-elle. Mes objets deviennent dès lors des paysages, comme des tableaux ».

Diplômée de Camondo en 2012 (avec un double cursus en design et en architecture intérieure), Emmanuelle Simon fait un passage chez Jean-Marie Massaud puis Pierre Yovanovitch. En 2017, elle remporte le prix du public au festival d’architecture intérieure Design Parade Toulon avec sa Chambre sur l’eau (voir IDEAT #128) ; sa petite entreprise existe alors depuis déjà un an. Peu à peu, son style presque silencieux, où tout se joue dans l’équilibre des volumes et le travail des matières, séduit. « Du volume jusqu’au détail de l’objet, toutes les échelles m’intéressent. »

Une place de choix accordée au vintage

Comme designer, Emmanuelle Simon ose le mariage subtil de la précision du dessin appliquée à l’aspect aléatoire des matériaux, imprimant ainsi une patte contemporaine à ses créations. Son travail témoigne d’un goût prononcé pour l’artisanat : « J’aime faire intervenir des artisans, pousser la porte de leurs ateliers. J’aime aussi laisser apparents les détails de menuiserie, comme les assemblages, à queue droite pour le lit Samba ou papillon pour le canapé Nativ.»
Comme designer, Emmanuelle Simon ose le mariage subtil de la précision du dessin appliquée à l’aspect aléatoire des matériaux, imprimant ainsi une patte contemporaine à ses créations. Son travail témoigne d’un goût prononcé pour l’artisanat : « J’aime faire intervenir des artisans, pousser la porte de leurs ateliers. J’aime aussi laisser apparents les détails de menuiserie, comme les assemblages, à queue droite pour le lit Samba ou papillon pour le canapé Nativ.» Noel Manalili / Jérôme Galland

Aujourd’hui, huit personnes collaborent avec celle dont le processus créatif demeure immuable : « Mon carnet de croquis me suit partout. Les idées peuvent surgir à tout moment. Je dessine dans les transports, en attendant un plat au restaurant… » Deuxième étape, l’iPad comme outil de développement, puis la 3D pour construire des volumes, avec le logiciel Archicad.

En parallèle, elle se passionne pour l’artisanat et le vintage, parsème ses projets de meubles de Jean Touret et autres modernistes. Elle collabore avec des artistes comme le peintre Hermentaire ou la sculptrice Zoltan Zsako. Un atout décoratif accessible depuis que les commandes se multiplient et qu’elle est mandatée pour de grands programmes, comme un hôtel à Los Angeles, sur lequel elle phosphore depuis des mois. 

La dernière boulangerie Liberté (Paris VIIe) traduit la philosophie de l’architecte d’intérieur. On retrouve le bois, la pierre et le grès, notamment à travers des éléments émaillés selon la technique du raku au résultat aléatoire.
La dernière boulangerie Liberté (Paris VIIe) traduit la philosophie de l’architecte d’intérieur. On retrouve le bois, la pierre et le grès, notamment à travers des éléments émaillés selon la technique du raku au résultat aléatoire. Jérôme Galland