Pour Guerlain, l’exposition de Charlotte Abramow célèbre les apicultrices

La photographe belge présente « Piquées », une série photographique consacrée au travail des apicultrices.

En 2021, la maison Guerlain a initié « Women for Bees » en partenariat avec l’UNESCO et l’Observatoire Français d’Apidologie. L’objectif ? Former une cinquantaine d’apicultrices d’ici 2025. Afin de sensibiliser à la protection des abeilles dont le travail est essentiel à la planète, l’adresse des Champs-Élysées accueille «Piquées», une exposition de Charlotte Abramow à découvrir jusqu’au 22 juillet.

Charlotte Abramow, photographe engagée

En 2021, la photographe a réalisé une série mettant en avant sept femmes en train d’apprendre le métier d’apicultrice.
En 2021, la photographe a réalisé une série mettant en avant sept femmes en train d’apprendre le métier d’apicultrice. Charlotte Abramow

Sa rencontre avec le photographe Paolo Roversi aux Rencontres d’Arles en 2010 opère, pour Charlotte Abramow, comme une révélation : elle deviendra photographe. Trois ans plus tard, elle débarque à Paris afin d’étudier son art à l’École des Gobelins et se frotte au Prix Picto de la jeune photographie de mode, qu’elle remporte en 2014. S’ensuivent, dès l’obtention de son diplôme, de grands projets qui révèle son talent au monde. Parmi eux, ses réalisations de clips pour l’artiste Angèle ou encore l’édition d’un ouvrage photographique parlant de la maladie de son père Maurice, Tristesse et rigolade. Elle se souvient : «En 2021, j’ai pu présenter mes premières expositions personnelles à Arles, à la Fisheye Gallery, et à New York, à la Richard Taittinger Gallery».

Une ode à la nature et à la sororité

La même année, la maison Guerlain s’attache à mettre en avant les femmes photographes à l’occasion de l’exposition collective Femmes en regard. La photographe belge y présente l’un de ses clichés et son style fait mouche : en 2022, c’est donc tout naturellement que les parfumeurs se tournent vers Charlotte Abramow pour son projet sur les apicultrices du programme « Women for Bees».

Sur les conseils de Benoît Baume, fondateur du magazine Fisheye, elle intitule son exposition Piquées : « Je l’ai trouvée immédiatement très juste car il réunissait à lui seul plein de significations que j’avais voulu montrer à travers mon exposition. » Ce nom fait référence aux piqûres d’abeilles, certes, mais aussi aux broderies dorées – réalisées par les Ateliers Baqué Molinié – présentes sur quelques-uns de ses clichés et à la passion pour l’apiculture de ces sept femmes – Aggelina, Charlotte, Dorothée, Léopoldine, Lorène, Maël et Oriane. Selon la photographe, leur démarche peut « résonner auprès d’autres personnes et faire germer une graine d’un changement de vie, au service de la nature. »

L’apicultrice Lorène Mouchet travaille sur un projet de ruches sur les toits du Palais de Tokyo.
L’apicultrice Lorène Mouchet travaille sur un projet de ruches sur les toits du Palais de Tokyo. Charlotte Abramow

«Ce qui était intéressant dans le cadre du projet, c’est ce parallèle que je voyais en temps réel entre ces femmes en combinaisons d’apicultrice, et le groupe des abeilles fourmillant dans les ruches, toutes au travail sous la chaleur harassante.» raconte Charlotte Abramow. Ce lien se dessine notamment à travers les fils de couture apposés sur onze photographies, dont les portraits des apicultrices. Les broderies «d’abeilles factices» rappellent également à quel point leur existence est menacée.

Carte blanche

«C’était important pour moi que l’exposition ne soit pas juste une jolie exposition mais qu’elle puisse apporter des informations simples et concrètes à portée de main» ajoute Charlotte Abramow.
«C’était important pour moi que l’exposition ne soit pas juste une jolie exposition mais qu’elle puisse apporter des informations simples et concrètes à portée de main» ajoute Charlotte Abramow. Charlotte Abramow

Charlotte Abramow s’est accordée la liberté de laisser parler l’instant pour ses prises de vues. «Je voulais capturer des moments spontanés, des actions liées à l’apiculture, prendre le temps de regarder ces femmes. Je voulais aussi qu’elles nous regardent, droit dans l’objectif, déterminées».

Pour plus de flexibilité, elle a tantôt utilisé son appareil argentique, tantôt son appareil numérique : «Le noir et blanc appuie les contrastes, ce qui est aussi une façon mettre en valeur les broderies dorées et d’apporter quelque chose hors du temps voire de plus inquiétant. Notamment lorsque les visages des apicultrices disparaissent sous les voiles noirs des combinaisons.» Un travail sensible dans lequel transparaît une sororité puissante et inspirante.

Cette expérience fût un réel travail d’exploration pour Charlotte Abramow. De ce fait, l’artiste a conçu, au sein de la salle d’exposition et avec l’aide de Fabien Kouachi, directeur des opérations de sensibilisation à l’OFA, un espace pédagogique. A partir de dessins et de photos, les visiteurs appréhendent le monde des abeilles et leur rôle dans l’éco-système. Une évidence pour l’artiste : «Il est très important que l’on soit toutes et tous sensibilisés au sujet car c’est une question sociétale, collective, qui nécessite que les humains se mobilisent et s’investissent.»

> L’exposition de Charlotte Abramow «Piquées» est à retrouver jusqu’au 22 juillet 2022, à la Maison Guerlain, 68 avenue des Champs-Elysées, dans le 8e arrondissement de Paris.