Ouverture de l’hôtel Le Bois des Chambres dans le Val de Loire

Voilà quinze ans que l’architecte Patrick Bouchain a quitté son agence. Cela ne l’empêche pas de s’autoriser quelques projets qui lui tiennent à cœur, comme Le Bois des Chambres, un nouvel hôtel du Loir-et-Cher, propriété du château de Chaumont-sur-Loire.

Acquis en 2008 par la Région Centre-Val de Loire, le château de Chaumont-sur-Loire n’a depuis cessé de se développer sous l’impulsion de Chantal Colleu-Dumond, fondatrice notamment de son Festival international des jardins en 1992. Trente ans plus tard, avec une fréquentation en perpétuelle augmentation dans une région assez pauvre en accueil hôtelier, le constat s’est imposé, l’hôtel Le Bois des Chambres est né. 

Une architecture raisonnée

Un style inspiré de la Renaissance, en adéquation avec les châteaux de la région, tranche avec la structure du restaurant Le Grand Chaume.
Un style inspiré de la Renaissance, en adéquation avec les châteaux de la région, tranche avec la structure du restaurant Le Grand Chaume. Eric Sander

À cette magnifique propriété déjà pourvue de restaurants, il convenait d’adjoindre un lieu d’hébergement. « Mais il fallait un hôtel qui nous ressemble », explique Chantal Colleu-Dumond, connue pour son perfectionnisme. Pour cela, la directrice du domaine a fait appel aux architectes Patrick Bouchain et Loïc Julienne. « Sur ce projet je ne fais qu’accompagner l’équipe », prévient Patrick Bouchain, nommé directeur artistique auprès de son ancien associé. Également promoteur d’une architecture « raisonnée », il a longtemps œuvré dans la transformation des friches, pour le réemploi des matériaux, la construction en bois et la participation active des futurs usagers.

Pour découvrir Le Bois des Chambres, il faut prendre la route qui fait face au domaine. Au bout de quelques centaines de mètres, sur la droite, apparaît cet ensemble de bâtiments, restaurés ou contemporains, qui abritent 39 suites, comme cette ancienne ferme, un « modèle » du XIXe siècle, « qui se trouvait dans un état désastreux, précise Loïc Julienne. Nous avons conservé l’étable et la grange que nous avons réhabilitées pour y installer les espaces d’accueil ». Le geste architectural, c’est d’avoir imaginé un ensemble contemporain pour les chambres, qui représente le double des bâtisses originelles, comme si leur ombre portée avait été traduite en bâtiments.

Une intuition que Patrick Bouchain a matérialisée en adoptant l’esthétique des constructions agricoles actuelles. « Lorsque nous avons étudié le permis de construire, celui-ci rappelait le caractère agricole de l’existant. Nous avons alors décidé d’en jouer », explique-t-il. Une audace payante grâce aux façades en Fibrociment ondulé, rythmées par des bandes en pin Douglas lasurées en noir et blanc, qui cachent des murs à ossature bois remplis de paille compressée (autre matière typiquement agricole…) offrant un excellent confort thermique et permettant d’éviter la climatisation des bâtiments. 

Renouer avec la nature

À deux pas de l’hôtel, le restaurant gastronomique de 50 couverts Le Grand Chaume donne sur un plan d’eau.
À deux pas de l’hôtel, le restaurant gastronomique de 50 couverts Le Grand Chaume donne sur un plan d’eau. Eric Sander

Comme toujours avec Patrick Bouchain, la fantaisie s’invite dans le projet et se traduit par une petite annexe bâtie dans le jardin privatif de certaines chambres. De petites cabanes faites de pin et de verre où jouer les Robinsons pour une nuit, noyées dans les jardins extraordinaires imaginés par l’architecte paysagiste Bernard Chapuis. « Nous avons sélectionné des plantes horticoles persistantes pour préserver l’intimité des chambres au jardin. Les occupants doivent pouvoir se sentir chez eux. Dans cet environnement végétal économe en eau, nous avons introduit des saules et autres arbres indigènes. Dans la cour, par exemple, une vingtaine de tilleuls ont été plantés », dit-il.

Tout le projet est ainsi imprégné de la philosophie in situ et in natura chère à Patrick Bouchain et matérialisée dans le restaurant Le Grand Chaume, dont le gigantesque toit arbore la physionomie d’un bulbe… en chaume. « Nous avons imaginé ici une structure métallique équipée de grandes baies vitrées ouvertes sur la nature et plus particulièrement sur les noisetiers, cornouillers, frênes et saules en contrebas desquels l’étang offre un paisible point de vue. Nous avons coiffé le toit de chaume, un savoir-faire ancestral qui se perdait et que des jeunes retravaillent aujourd’hui, relançant ainsi une filière endormie », détaille Patrick Bouchain.

Chacun à sa manière exprime une volonté de créer une ambiance de conte de fées… Alcôves, chambres perchées ou chambres au jardin…
Chacun à sa manière exprime une volonté de créer une ambiance de conte de fées… Alcôves, chambres perchées ou chambres au jardin… Eric Sander

Un environnement brut qui tranche avec l’intérieur du restaurant, résolument raffiné. L’armature du toit laissée apparente a été transformée en un ciel bleu nuit, transpercée de petites flèches blanches sous lesquelles prennent place les hôtes du Grand Chaume. Une ambiance de conte de fées inspirée du Moyen Âge et de la Renaissance, qui se prolonge dans la décoration du restaurant, orné de motifs peints en bleu, blanc et doré, qui rappellent les enluminures. Le lieu s’inscrit en plein dans l’histoire de cette région riche en châteaux.

Le Bois des Chambres. Hôtel-restaurant du domaine de Chaumont-sur-Loire, 41150 Chaumont-sur-Loire. Chambres à partir de 190 euros. Domaine-chaumont.fr