À Bruxelles, une superbe maison de ville écoresponsable

Construire de manière durable et circulaire sans faire de concession sur l’esthétique, c’est possible. Hanne Eckelmans et Nicolas Coeckelberghs, tous les deux architectes, le prouvent.

À partir de matériaux naturels et écologiques, mais aussi de récupération, ils ont entièrement rénové leur habitation datant de 1910, située à Molenbeek, dans la banlieue de Bruxelles. Visite d’une maison de ville écoresponsable.

Conscience écologique

À gauche, les propriétaires Hanne Eckelmans et Nicolas Coeckelberghs / À droite, un tabouret fabriqué à partir de matériaux extraits lors des travaux.
À gauche, les propriétaires Hanne Eckelmans et Nicolas Coeckelberghs / À droite, un tabouret fabriqué à partir de matériaux extraits lors des travaux. ©!TIM VAN DE VELDE

Quand on se lance dans un chantier et que l’on sait que 38 % des émissions annuelles mondiales de CO2 proviennent du secteur de la construction et du bâtiment, c’est un peu culpabilisant ! Comment vivre confortablement dans un cadre esthétique sans laisser une lourde empreinte carbone ? « En privilégiant le circulaire », répond Nicolas Coeckelberghs. Avec sa compagne, Hanne Eckelmans, ils ont rénové une bâtisse dans la banlieue de Bruxelles, en mettant l’accent sur l’écologie et la durabilité.

« Nous avons opté pour les matériaux les plus verts possible, affirme Nicolas, mais aussi récupéré des radiateurs, des linteaux ou des portes dans l’ancienne maison de la grand-mère de Hanne, et acheté du mobilier d’occasion. Sans faire aucune concession sur nos goûts. » Même leur chat avait précédemment un autre propriétaire ! « Nous l’avons trouvé chez Rotor, à Bruxelles, dit Hanne, un magasin de matériaux de construction de deuxième main. Nous l’avons appelé Tino, de travertino, parce qu’il se réfugiait entre les pierres de travertin. C’est un peu notre bébé. Il a vécu chaque étape de la rénovation. » Pour ce projet, Hanne et Nicolas, tous deux diplômés de l’école d’art Sint-Lukas, à Bruxelles, ont bénéficié du soutien financier de BeCircular, une initiative régionale bruxelloise visant à inciter les économies circulaires.

L’utilisation de matériaux responsables

Dans la cuisine, l’îlot central est fabriqué en pisé, spécialité de BC Materials, l’entreprise de Nicolas.
Dans la cuisine, l’îlot central est fabriqué en pisé, spécialité de BC Materials, l’entreprise de Nicolas. ©!TIM VAN DE VELDE

En effet, ils ont choisi d’isoler leur maison de ville écoresponsable avec de la paille, un rebut agricole provenant d’une ferme des environs. Ils l’ont ensuite enduite d’argile, matériau réutilisable à l’infini qui régule l’humidité des pièces en créant une atmosphère agréable. En été, cette couche épaisse d’argile permet de faire baisser la température. 

Ce procédé est particulièrement écologique, la terre étant issue de chantiers situés à Bruxelles. Il a été élaboré par la société BC Materials, cofondée par Nicolas, qui fabrique aussi du pisé, un mélange de cailloux et de terre provenant de chantiers, densément comprimé et donc solide, que l’on retrouve dans l’îlot central de la cuisine. Les architectes ont aussi utilisé des blocs de chanvre et du liège comme isolants. Pour la couche de finition des meubles de la cuisine, ils ont choisi un plâtre à base de chaux. Tous ces produits se caractérisent par un taux d’émission de CO2 faible voire nul. 

Outre la durabilité des matériaux, la flexibilité est aussi essentielle dans le processus de création des propriétaires. Une tâche dévolue à Hanne, également architecte d’intérieur. « Comme Hanne a un meilleur sens de l’esthétique que moi, c’est elle qui a réalisé les plans… », avoue Nicolas. Elle souhaitait « un concept clair et surtout pas une architecture complexe. Le but était que la maison soit facilement adaptable plus tard. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons laissé les poutres apparentes. Construire pour soi-même, mais aussi pour les prochains occupants : c’est aussi ça l’économie circulaire. »

Avec sa baignoire encastrée, la salle de bains ouvrant sur la terrasse prend des allures de spa.
Avec sa baignoire encastrée, la salle de bains ouvrant sur la terrasse prend des allures de spa. ©!TIM VAN DE VELDE

L’architecte est par ailleurs d’avis que l’on bâtit également pour les passants : « Seule une poignée de gens entre chez vous, c’est surtout l’extérieur qui est visible. Voilà pourquoi j’ai apporté un soin particulier à la façade. Elle devait s’intégrer harmonieusement dans la rue, sans pour autant être une reproduction des maisons mitoyennes. J’ai ainsi ajouté aux ornements originaux une maçonnerie composée de briques blanches. » Le bâtiment d’origine est désormais surmonté de deux étages. La distribution des pièces est inverse à celle d’une maison classique. Les espaces à vivre sont dans les étages supérieurs et la chambre du couple ainsi qu’un studio au niveau inférieur. « En fait, la répartition est inspirée de notre ancien appartement situé au troisième étage. La vie en hauteur offre plus de luminosité et d’intimité. » La parfaite démonstration qu’on peut joindre l’utile à l’agréable pour vivre bien… et green.

> Maison de ville écoresponsable par le studio Hé ! de l’architecte Hanne Eckelmans et BC Materials de Nicolas Coeckelberghs.