Entièrement rénové, le musée de Cluny dévoile un nouveau parcours scénographique à travers mille ans d’histoire, qui mène à la plus célèbre star médiévale au monde, la tapisserie de La Dame à la licorne.
Chantier titanesque et extension contemporaine
Dix ans de réflexion, puis un chantier titanesque de vingt mois pour un coût de 23 millions d’euros ont redonné vie au musée de Cluny, à Paris. Au cœur du Quartier latin, il figure un livre d’histoire grandeur nature aux imbrications architecturales captivantes : les thermes gallo-romains du Ier siècle (6 000 m²), visibles depuis les boulevards adjacents, l’hôtel particulier médiéval de l’abbé Jacques d’Amboise, parfaitement conservé (datant de 1485), étendu au bâtiment Boeswillwald au XIXe siècle, et le délicieux jardin de moine bientôt ressuscité.
À ces strates s’agrège l’extension contemporaine qui retourne le site vers la pimpante rue du Sommerard. Avec son motif de guipure en clin d’œil à la demeure médiévale, ce pavillon de l’architecte Bernard Desmoulin ouvre sur le nouvel accueil avec librairie et boutique et a permis la refonte du parcours de visite. Aussi la muséographie a-t-elle été repensée en 21 salles présentant 1 600 pièces majeures dont le retable de la Pentecôte, de Stavelot (Belgique), ou La Rose d’or, une pièce d’orfèvrerie datant de 1330. Ateliers, concerts, installations et expositions temporaires annuelles renouvellent également l’offre culturelle.
Conduit par Paul Barnoud, architecte en chef des Monuments historiques, et par l’architecte Bernard Desmoulin, associé sur ce projet au Studio Adrien Gardère, le chantier s’est attelé à désencrasser et soigner le site qui a retrouvé sa polychromie et son lustre. Les thermes romains – dont le frigidarium, d’une grandeur renversante – ainsi que la chapelle gothique ont été finement restaurés. « La scénographie est un théâtre », affirme Adrien Gardère. Celle-ci repositionne les œuvres de façon thématique et chronologique, sublimée d’un mobilier en matériau composite, le Viroc : doux au toucher, ce nouveau béton couleur ardoise s’efface devant les ors des reliquaires et les teintes flamboyantes des œuvres.
Aéré, le musée de Cluny retrace clairement mille ans d’histoire où se mêlent or, émail, ivoire, tentures, bas-reliefs de Notre-Dame ou de la Sainte-Chapelle. À ses baies retrouvées, à sa cour lumineuse ornée de sculptures, le musée ajoute le Café des amis où s’offrir un instant de pur bonheur médiéval.
